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M6 célébrera, le 9 mars, et en grandes pompes, son vingtième anniversaire. Manquera à l’appel lors d’une soirée, qui devrait voir se bousculer le Tout-Paris, un homme d’exception, en la personne de Jean Drucker. L’ancien PDG de M6, mort il y a cinq ans maintenant, d’une crise cardiaque, appartenait à la race des seigneurs. Brillant, discret, cultivé, courtois et fidèle en amitié, cet homme mérite aujourd’hui que l’on salue, un instant, sa mémoire, tant il aura, de son vivant, tranché avec ses congénères. En effet, Jean Drucker était l’inverse du milieu qu’il fréquentait: un patron animé par un sens de l’éthique poussé à l’extrême, un dirigeant au sourire carré et franc, à mille lieux du « faux-derchisme », dont l’audiovisuel nous gratifie. Je me souviens de ma dernière rencontre avec lui. C’était un soir d’été dans son bureau à M6. Il me disait combien l’hystérie collective qui habitait le Paf, de manière convulsive, le fatiguait. Je me souviens du récit halluciné qu’il m’avait fait de l’une de ses dernières conversions, forcément  volcanique, avec le PDG de TF1, Patrick Le Lay. Lequel, éructant, à propos d’un babiole, menaçait de venir tout casser à M6. Une fois de plus. S’ensuivit chez Jean Drucker, à la suite de son récit, un long silence, une mimique désabusée et un profond soupir. A l’évidence, cet homme qui s’était trompé de planète, aurait mérité bien mieux que ce petit paysage télé étriqué.