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Arnaud Lagardère ne laissera pas tomber Le Monde. L’industriel, dont le groupe est actionnaire du quotidien, (à parité avec l’espagnol Prisa), est décidé à souscrire à la prochaine augmentation de capital, considérant, me dit-on, qu’il n‘a pas investi, des années durant, dans ce titre pour l’abandonner aujourd’hui en rase campagne. Il en va de même pour les espagnols du groupe Prisa : fidèles à leur démarche, ces vieux partenaires du Monde, que Jean-Marie Colombani et Alain Minc avaient convaincu d’investir, vont remettre également au pot. Ces deux actionnaires historiques sont d’autant plus décidés à poursuivre l’aventure qu’endetté et fragilisé, ce journal pourrait bien tomber, définitivement, entre leurs mains, comme un fruit mure.

Et il n’est pas sûre que dans cette affaire la société des journalistes du Monde ait bien joué. Farouchement attachée à ses prérogatives, celle-ci n’a eu de cesse, depuis quelques années, de jouer aux apprentis sorciers, dressant les herses, démolissant tous ceux, journalistes ou actionnaires, qui représentaient un  danger à ses yeux. Décidée à conserver la haute main sur un titre, dont elle est un actionnaire influent, certes, mais symbolique, au sens purement financier du terme,  la SDR du Monde se retrouve aujourd’hui dos au mur. A la merci, non seulement d’une crise, qui verrait la nomination d’un administrateur judiciaire et à la mise à l’encan du titre. Mais d‘une prise de contrôle définitive par ceux là même qu’elle combat, depuis des années. Un schéma qui apparaît, aujourd’hui, pratiquement inéluctable.