ImmediaS

Il est assez sidérant de lire dans la presse, depuis quelques jours, les commentaires consécutifs à l’annonce par Nicolas Sarkozy de la suppression de la pub sur les chaînes publiques. A lire les journaux, on a le sentiment que dans cette affaire, Nicolas Sarkozy aurait pris cette décision motivé, le front barré, par de seuls arguments culturels et économiques. Que ce grand chambardement n’aurait été décrété qu’au terme d’une réflexion macro-économique longuement mûrie, sous-tendue par quelques notes d’experts patentés.

C’est oublié un peu vite que l’ancien patron de l’UMP est avant tout un homme de mécanos politiques qui depuis la privatisation de TF1 en 1987, dont il fut l’un des artisans, avec Edouard Balladur, a toujours regardé  le secteur des médias avec une focale particulière. Dans cette affaire, il va de soi que les arguments avancés par Sarkozy relèvent du numéro de pipeau. Deux seules choses ont pesé dans sa démarche. Conforter TF1 d’abord. Cette chaîne, qui est entrée dans un cycle récessif, a perdu de sa valeur, depuis deux ans. Et les années qui viennent vont voire irrévocablement La Une s’affaiblir, perdre des parts de marchés et du chiffre d’affaires. Ce ballon d’oxygène publicitaire offert par Sarkozy à Martin Bouygues, l’un des affidés du chef de l’Etat, et son ami, est ainsi un joli cadeau offert. En témoigne le cours de bourse de TF1 qui s’est requinqué. Si demain, Bouygues décidait de revendre son jouet, il va de soi que cette annonce lui redonne de la valeur.   

L’autre raison est d’ordre personnelle. Pour faire court, Sarkozy est décidé à faire table rase sur l’équipe en place à France Télévisions. Le chef de l’Etat, qui ne porte pas dans son cœur Patrick de Carolis, accusé, entre autres, d’avoir fricoté avec la chiraquie, a en cela épousé les réflexes de ses prédécesseurs: à nouvelle majorité, nouvelle télévision. On tente donc de pousser vers la sortie des hommes que l’on a pas voulu, à coups d’oukases et au fil de réformes sorties du chapeau. Les précédents meurtriers sont nombreux: Jean Drucker, Philippe Guilhaume, Jean-Pierre Elkabbach…Une situation tragi-comique qui a vu Carolis découvrir su son écran de télé, comme un téléspectateur lambda, l’annonce du chef de l’Etat, sans qu’un  seul coup de fil l’en ait averti, au préalable. Délicate attention. Imaginez que le patron de Renault apprenne par écran de télé interposé, de la même manière, la suppression de l’essence pour les voitures et son remplacement par l’éthanol. Il y a de quoi jeter l’éponge.