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Le grand chantier de l’audiovisuel extérieur prend une tournure grand-guignol. Annoncée à grands roulements de tambours par Nicolas Sarkozy, cette réforme _ qui devrait voire la fusion de TV5, de France 24 et de RFI_ a, en effet, du plomb dans l’aile. Pour deux raisons. La première tient aux réactions, en chaîne, des actionnaires francophones (belges, suisses et canadiens), de TV5, qui ruent dans les brancards, on l’a vu. Attachés à l’identité de cette chaîne, ces derniers ne cessent de demander, en vain, depuis des semaines à l’Elysée le rapport qui a été réalisé sur cette question par une poignée de hauts fonctionnaires et sous la houlette du « sarko-boy » , Georges-Marc Bénamou». Circulez, il n’y a rien à voire, top secret, leur a t-on répondu, en les envoyant gentiment paître.

Inutile de dire que nos amis belges, suisses et canadiens, qui sont avec la France les principaux bailleurs de fonds de TV5,  en ont lourd sous la casquette. La réponse de l’Elysée est d’autant plus stupide et cavalière que c’est le Canada  qui accueillera, l’an prochain, à Montréal, le sommet de la francophonie, auquel Nicolas Sarkozy doit assister. Cette manifestation cornaquée, en France, par le Quai d’Orsay, a pour vocation de cimenter, depuis des années, les relations entre les différentes nations de la communautée francophone. Le premier ministre canadien a déjà fait savoir à Matignon qu’il comptait bien mettre les pieds dans le plat, à cette occasion. Ca promet. Embarrassé par ces couacs à répétition, le cabinet de Bernard Kouchner s’emploie, du coup, depuis quelques jours, à calmer le jeu, face à des partenaires hostiles au mécano audiovisuel élyséen. Mais il n’est pas du tout  certain que ce travail de cautérisation se révèle efficace, compte tenu de l’agacement généralisé.  

L’autre obstacle de taille à cette réforme, réside dans les statut des personnels de ces trois entreprises. Un vrai maquis. D’un coté, RFI, une société de service publique régie par des conventions collectives spécifiques. De l’autre, une chaîne de télévision de droit privé, France 24, où les journalistes et les techniciens bénéficient de rémunérations bien supérieures à celles en vigueur à Radio France International. S’ajoute à cela, le statut, très à part, des personnels de TV5. Harmoniser tout cela, du coup,  relève tout bonnement du casse-tête. L’un des dirigeants de TV5 m’expliquait, ainsi, que si l’Elysée persistait dans sa volonté de créer, en France, un pôle audiovisuel tourné vers l’extérieur et dont TV5, France 24 et RFI seraient le socle, il faudrait des mois et beaucoup d’argent pour y parvenir. Réunir ces trois sociétés en une supposerait, en effet, par exemple, la création d’un siège unique. Selon les premiers calculs, cette seule initiative, indispensable à la mise en œuvre du projet, coûterait, au bas mot, 100 millions d’euros.
 Au moment où l’Etat, dont les caisses sont vides, peine à trouver un schéma de financement pour France Télévisions, bientôt privé de pub, on se demande où l’Elysée ira trouver les quelques centaines de millions d’euros nécessaires à son projet de chaîne mondiale.