On prend des leçons chaque jour… Vendredi dernier, je prenais un café, en fin de matinée, avec Georges-Marc Bénamou, lequel encore en poste à l’Elysée au début du week-end m’expliquait toute la difficulté qu’il avait à naviguer au sein de cette grande maison.
Epuisé par les guerres internes qui agitent l’Elysée, « fatigué », me disait-il, par la courtisanerie qui règne au Château et par la manière dont Nicolas Sarkozy gère, au jour le jour, ses conseillers – cajolant les uns, admonestant les autres, au gré de ses humeurs – las, enfin, de passer des nuits entières à monter des opérations complexes, à organiser des dîners et des déjeuners avec la terre entière, des festivités que Nicolas Sarkozy annulait, selon son humeur, là aussi, à la toute dernière minute…
Bénamou m’indiquait donc, ce vendredi, qu’il en avait soupé de cette vie de sherpa, où chacun est « corvéable à merci ». Et d’ajouter:« Je me donne encore une année et ensuite, je passe à autre chose », me lâchait-il sur le trottoir, avant que nous nous quittions…
Un an… Une dépêche de l’AFP nous annonce, ce lundi, que notre homme plie bagages et qu’il vient d’être officiellement nommé à la tête de la Villa Médicis, à Rome ! Qu’après dix huit mois passés à l’Elysée, Georges-Marc Bénamou fait son paquetage pour s’installer dans l’un des lieux les plus prestigieux et les plus courus d’Europe. Un « véritable fromage », disais-je, benoîtement, à Bénamou, lors de notre dernière rencontre, alors que ce dernier dissertait, à haute voix, sur les inconvénients qu’il y aurait à diriger cette prestigieuse Villa Médicis, un bagne dont il disait alors ne pas vouloir pour tout l’or du monde: «Une administration lourde, des équipes difficiles à gérer, une vie si loin de Paris, si loin des miens, un exil doré, certes, mais un exil… Jamais je n’irai m’enterrer là-bas ».
Est-ce le week-end qui lui a porté conseil ? Le positionnement de l’anticyclone des Açores, qui fait qu’aujourd’hui la météo est moins capricieuse au delà, qu’en deçà, des Alpes ? Ou est-ce que ce sont les derniers résultats des municipales, et sa vague rose, qui ont accéléré le remaniement qui touche l’Elysée ? Rien de tout cela. Car il va sans dire que cette nomination romaine ne s’est pas faite sur un coin de table et à la va-vite, ce week-end : voilà des semaines qu’elle se négociait, en vérité, et discrètement, entre l’Elysée et le Quai d’Orsay.
Villa Médicis
Il n’empêche, voilà un bien joli cadeau. On reconnaîtra, au passage, à Nicolas Sarkozy, des qualités de fidélité et de générosité. Car en l’espace de quelques jours, le chef de l’Etat aura offert de belles compensations à ces conseillers qu’il répudie sans ménagement. Le carbonisé David Martinon se voit proposer un poste de consul de France, à Los Angeles ou à New York: c’est un peu « à la carte ».
Quant au très controversé Bénamou, dont Claude Guéant, Henri Guaino, Christine Albanel, Bernard Kouchner et combien d’autres, à l’Elysée et dans le sérail, ne voulaient plus entendre parler, le voilà parachuté dans l’un de ces palais dont la République a le secret. Bingo !
Autre vue de la « Villa »
Je conserverai de Bénamou un souvenir mitigé. Séduisant, virevoltant, imprévisible, l’homme est avant tout un habile manœuvrier. Je me souviens de l’une de nos premières rencontres. Elle date de l’élection de Nicolas Sarkozy. Je ne sais pas pourquoi mais la conversation était tombée à un moment sur la relation qu’entretient Sarkozy avec les femmes. Et Bénamou, de manière un peu légère et inconséquente, s’était mis à me raconter une anecdote édifiante. Un jour, durant la campagne présidentielle, il était allé rencontré l’ancien patron de l’UMP à son QG pour lui annoncer qu’il était tombé fou amoureux d’une jeune comédienne (Elsa Zylberstein), avec laquelle il espérait faire sa vie. Et Sarkozy lui aurait répliqué ce jour là, me rapporta Bénamou: « Mais tu es dingue mon pauvre garçon, dans quelques jours, elles seront toutes à nous ! »
L’anecdote, qui ne manque pas de sel, ne s’invente pas. Quant à Bénamou, nul doute que la nationalité italienne de la nouvelle épouse du chef de l’Etat – que ce dernier appelle «Carlita », en privé -a dû peser dans sa décision, la Villa Médicis faisant un joli pied à terre romain pour le couple présidentiel. Le nouveau locataire des lieux leur doit au moins cela…
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mars 17, 2008
alors il est toujours amoureux le benamou d’elsa?
vous devez connaître les hommes politiques – ils aiment posséder!
oui sarkozy est reconnaissant dans son (in)fidèlité dans le lachage – mais votre anecdote illustre la reconnaissance « fromage »
martinon, benamou ont des dossiers…. eux-aussi!
mars 18, 2008
je trouve assez désolant cette manie (assez française, sans doute) de congédier ses collaborateurs en les remerciant de ce genre de cadeaux (un consulat par ci, une Villa par là…) – quand d’autres, disons plus méritants, les auraient mérités davantage…A croire que la méritocratie n’est pas une valeur contemporaine (malgré le discours sur l’égalité des chances, tout ça…).
Peduzzi, que je sache, faisait du bon boulot à la Villa Médicis…il devrait, par souci pour sa carrière, trouver un boulot à l’Elysée, s’en faire virer dans dix mois, pour retrouver un emploi sympathique…
mars 21, 2008
quelle enflure ce benamou !!!!
c’est pas possible d’etre aussi dissimulateur !
avril 9, 2008
I disagree with you. Indeed, I’m not giving a ringing disagreement, but just sayin’ what I think. I have my opinion, you have yours.