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Déjeunant récemment avec un grand patron du CAC 40, Martin Bouygues ne tarissait pas de critiques à l’égard de l’ancienne équipe dirigeante de TF1, incarnée par Patrick  Le Lay et Etienne Mougeotte. L’industriel, qui s’interrogeait, à voix haute, sur l’avenir du paysage télé, en général, et sur celui de TF1, en particulier, estimait que l’ancien tandem dirigeant de La Une avait échoué, en ne donnant pas, notamment, à cette chaîne une véritable dimension internationale.

Et de lister les erreurs de cap et les rendez-vous manqués. Regrettant que l’entreprise TF1 ait été trop longtemps sanctuarisée, Bouygues semblait considérer, selon mon interlocuteur, invité à la table de l’entrepreneur, que faute de nouveaux leviers de croissance, la chaîne, que préside aujourd’hui Nonce Paolini, était condamnée à s’inventer un nouveau modèle économique.

C’est ainsi que tirant les conclusions des changements intervenus à la tête de TF1, Martin Bouygues devrait remplacer, au sein de son Conseil d’administration, le 30 avril prochain, Patrick Le Lay par Nonce Paoloni.   

Mais Martin Bouygues semble avoir, en vérité, plusieurs fers au feu. L’avenir et le développement de TF1 dépendront beaucoup, en effet, de celui de France Télévisions et de la nouvelle configuration du paysage audiovisuel qui en découlera.

En effet, le projet de réforme de la télévision publique, tel qu’il est débattu au sein de la commission Copé et travaillé à l’Elysée, est suivi de près par Martin Bouygues, qui plaide, comme on le sait, pour un reformatage de la ligne éditoriale de France 2 et de  France 3 et pour une bannissement de la pub sur ces deux chaînes.

Ce schéma, qui reviendrait à enfermer les chaînes publiques dans une sorte de carcan culturel, laisserait le terrain libre à TF1et à M6, dont les recettes publicitaires pourraient alors augmenter et de manière significative.

Martin Bouygues fait ainsi figure, en coulisses, de véritable ministre-bis, voire de véritable ministre de la communication de ce pays.

C’est lui, déjà, qui avait plaidé la cause d’Alain de Pouzilhac auprès de Nicolas Sarkozy, l’invitant à nommer l’ancien PDG d’Havas à la tête de France Monde. Et la détestation que  voue à ce dernier Vincent Bolloré – autre intime du chef de l’Etat- n’a pas pesé.

C’est toujours Martin Bouygues qui a milité et appuyé pour que l’on rogne les ailes publicitaires de France Télévisions et que l’on aille de l’avant dans cette réforme qui est destinée à rééquilibrer l’ensemble du paysage télé.

Et c’est enfin et encore Martin Bouygues qui pèsera, bien naturellement, et de tout son poids, au moment du choix du successeur de Patrick de Carolis à la tête des chaînes publiques. Car du profil de ce dernier dépendra l’avenir de ce groupe. Et par ricochet, de celui de TF1, (et de M6), dont l’équilibre s’est fragilisé sous la poussée de la TNT, notamment.