Il est au supplice et il sourit. Plus précisément, il affecte de sourire. Patrick de Carolis joue la Joconde. Pas de protestation. Et un silence de plomb, qui tranche avec les éclats de voix du monarque qui, de son bureau à l’Elysée, se multiplie, depuis quelques semaines, en coups de gueules et admonestations.
Il en faut du sang froid pour diriger aujourd’hui France Télévisions ! Patrick de Carolis et Patrice Duhamel, son colistier, seront-ils un jour béatifiés par la profession pour avoir enduré, sans la moindre plainte publique et avec l’humilité du pénitent, les ruades d’un chef de l’état décidé à leur briser les reins ?
Peu préparé à l’exercice manageriale et encore moins aux mille et une pressions et humiliations qui accompagnent en général le poste, (le kit complet), Patrick de Carolis découvre, jour après jour, ce que nombre de ses prédécesseurs ont vécu à sa place, par le passé: une délégitimation rampante de sa fonction. N’avoir que les outrages sans la puissance, les blessures d’amour-propre, sans le plaisir de diriger à sa guise, être gommé à ce point: inimaginable dans n’importe quelle autre entreprise publique de cette taille…
Après des mois d’observation et d’escarmouches, Nicolas Sarkozy semble avoir décidé de porter le fer. Et comme à chaque fois, dans ce type de scénario, c’est en jouant sur le tiroir-caisse que le sniper de l’Elysée espère atteindre son but. Promise par Jean-François Copé, approuvée par François Fillon et Christine Albanel, la rallonge budgétaire de 150 millions d’euros qu’attendent Carolis et Duhamel, comme on espère le laitier, est pour l’heure retenue par un Nicolas Sarkozy qui semble vouloir laisser de moins en moins d’air et de lumière au PDG de France Télévisions.

Autrefois, du temps de François Mitterrand ou sous l’ère Chirac, ce sont les conseillers de ces princes qui se chargeaient, tels les sicaires, des basses besognes. Autre temps, autre style, aujourd’hui c’est le chef de meute qui conduit l’hallali. Duplicité ou soutien objectif au PDG acculé? Les syndicats, autre ritournelle bien connue en pareille occasion, rentrent peu à peu dans la danse. On a beau être chef d’entreprise, on n’en est pas moins homme politique, quand il s’agit de France Télévisions: Patrick de Carolis, qui n’est pas né de la dernière pluie, est bien forcé d’interpréter tous ces signaux.
En attendant, le sablier se dévide: plus que quelques jours, avant que ne tombent les premières conclusions d’une Commission Copé que s’empressera d’amender un Nicolas Sarkozy décidé à poser quelques chausse-trappes sur le chemin, déjà pavé d’embûches, des dirigeants de France Télés. Plus que quelques mois, avant que le bulldozer du projet de loi sur l’audiovisuel ne vienne secouer cette entreprise, contrainte à une révolution culturelle et industrielle sans précédent.
Et avec ou sans Carolis ? C’est la question. Le pouvoir est un exercice quotidien d’élévation au dessus des offenses et des vexations, mais jusqu’où est-on prêt à aller pour tenir? Que faut-il accepter d’endurer sans y laisser son âme et la foi ? Et quel feu sacré peut animer encore Carolis, dont la fin de mandat vire au calvaire.
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mai 15, 2008
Monsieur Revel, ce blog, que vous remplissez consciencieusement chaque jour est une mine d’infos. Mais de grâce, pourriez-vous vous relire de temps en temps? Trois fois « ils » pour désigner Patrick de Carolis? La conjugaison du verbe sourire? C’est bien parce que je sais que vos papiers sont très bien informés mais ça donne envie de zapper au bout de 3 lignes! Et si je puis me permettre une autre remarque, pourquoi détestez-vous systématiquement les oeuvres de fictions salués par les critiques (dont vous ne faites pas partie je pense) et/ou par le public? Vous aviez attaqué Bienvenue chez les Ch’tis de façon extraordinaire, et là, vous avez dénigré « Engrenages ». Est-ce tant la mode de descendre ce que d’autres apprécient? Dommage…
mai 17, 2008
N’exagérez-pas. Patrick de Carolis n’est pas au goulag. C’est combien, à propos, son salaire ? Sûr que cela doit l’aider à supporter les affres de sa fonction…
mai 18, 2008
Et les humiliations que Carolis, qui n’est pas tant un journaliste qu’un homme politique, – pire : un homme d’appareil de l’UMP – a fait subir jour après jours à tous ceux qui l’ont assis sur son fauteuil ? A tous ceux sans lesquels il ne serait RIEN ??? Un peu de décence, s’il vous plaît.
novembre 24, 2008
on remarquera que pour un journaliste spécialisé dans les médias, votre préférence va nettement à la presse papier. L’article est écrit avec une police d’une taille exagérément grande et grasse comme si la presse papier était plus importante que les autres. Or votre objectivité ne devrait pas en souffrir. me trompe-je ?
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