Il serait grand temps que nous bannissions de notre lexique le mot « service public », ce brevet d’honorabilité télévisuelle, cette terminologie fourre-tout, qui autorise toutes les âneries, cette breloque en pacotille, pour tout dire, que l’on épingle aux animateurs de télévision, comme un œillet à la boutonnière…
Il aura suffit que l’ancienne gloire populiste de TF1, Patrick Sabatier, ressorte de sa boite et s’installe sur France 2 pour que l’on décrète que cet animateur, étrillé en son temps pour sa gouaille et son coté « beauf », se transforme soudainement en un parangon du service public. Comme s’il suffisait de franchir les sas de décontamination de France Télévisions pour se refaire une carte de visite et une notoriété flambante neuve.
C’est ainsi qu’au nom de je ne sais quels arguments fumeux, on nous assène, depuis des lustres, que Jean-Luc Delarue, qui n’a pas son pareil pour nous dénicher, au nom d’une quête de l’intime, les sujets les plus glauques, pour traquer comme peu les déviances de nos contemporains, est l’exemple même d’une bonne télévision de « service public ».
Tout comme on nous explique, aujourd’hui, que Julien Courbet, autre vendeur de cravates du petit écran, sent bon, lui aussi, la savonnette. Et qu’à ce titre, il mérite, désormais, de disposer d’un rond de serviette à la table de Patrick de Carolis.
Qualité ici, vulgarité là : la télévision fonctionne de manière binaire. A TF1 le caniveau, à France 2, le pinacle. Mais quid des documentaires et de certains magazines d’info de Canal+, comme L’effet papillon ? Où classer Zone Interdite, Capital, 66 minutes, ces autres magazines de M6 ? Outre leurs présentations en plateau, moins compassionnelles et plus enlevées, en quoi diffèrent-ils vraiment d’un magazine « de service public », comme Envoyé spécial ? La bonne télévision n’a pas d‘étiquette.

Quand l’ancien PDG d’Antenne 2, chaîne publique, Hervé Bourges, décida, en 1988, de confier à un jeune garçon inconnu, Thierry Ardisson, une émission pour noctambules, « Lunettes noires pour nuits blanches », tout le monde salua alors l’audace. Au nom de l’originalité retrouvée, on sacra celui, dont France 2, vingt ans plus tard, ne voudrait pas. Au nom des mêmes arguments.
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mai 27, 2008
C’est drôle mais je ne trouve pas la définition de « bonne télévision » sur le dico … Ou bien, alors, il y a 60 millions de définition et la votre ne vaut pas mieux que la mienne ou celle de mon voisin qui travaille à Rungis la nuit et rame pour faire vivre sa famille avec 3 enfants …
mai 27, 2008
Petite erreur dans votre article: Hervé Bourges a été président des deux chaînes du service public de 1990 à 1993…