L’affaire mérite d’être racontée par le menu et en dit long sur la manière, surréaliste, avec laquelle Nicolas Sarkozy et certains conseillers élyséens traitent aujourd’hui France Télévisions.
On le sait maintenant et s’en devient presque banal: le chef de l’Etat, qui a de la télévision une idée assez précise, a développé une fâcheuse tendance: il considère, à l’instar de ses prédécesseurs, que les dirigeants de France 2 et de France 3, régulièrement admonestés, sont ses obligés. Et qu’une grille des programmes n’est pas forcément affaire de professionnels. Qu’elle peut se faire sur un coin de table, à l’Elysée.
Appliquée à l’avenir des émissions littéraires de France Télévisions, cette vieille coutume républicaine, (Mitterrand, avec Laure Adler à la manœuvre, pratiqua de même), donne ainsi lieu, depuis quelques mois, en coulisses, à un spectacle rarement vu et qui frise le scandale.
Editeur de talent et bon vendeur de livres, Bernard Fixot avait tenu à alerter, au lendemain de l’élection présidentielle, son ami Nicolas Sarkozy, ( dont il avait édité l’un des ouvrages, Témoignage), sur l’urgence qu’il y avait, à ses yeux, à réinventer Bernard Pivot. Bref, à rebâtir une émission littéraire, populaire et de qualité, et ce de manière à relancer l’industrie du livre, en France. Beau dessein, noble cause…

Interpellé, Nicolas Sarkozy, que le sujet semblait intéressé, chargea donc l’un de ses conseillers, un certain Dominique Antoine, de bûcher sur la question, le tout en liaison avec le PDG de France Télévisions, Patrick de Carolis. C’est ainsi qu’a défilé à l’Elysée, durant des semaines, tout ce que Paris compte d’éditeurs, de producteurs, d’animateurs et d’écrivains, chacun y allant de ses conseils et préconisations.Comment tout ce petit monde a t-il pu accepter de se rendre à ces convocations? C’est insultant pour l’idée que l’on se fait de l’indépendance éditoriale d’une chaîne comme France 2, foulée au pied par une poignée d’ambitieux et de courtisans.
Transformé en annexe de France Télévisions, le Château accueille ainsi tout le gratin. Notes et projets découleront de cette longue consultation. Informé régulièrement, le PDG de France Télévisions s’est-il ou non directement inspiré des travaux de cet éminent, mais encombrant, collaborateur, dont j’imagine qu’il se serait fort bien passé, pour arrêter ses choix ? Nul ne peut l’affirmer. Mais, pardonnez mon insolence : je suis tenté de penser, et je ne sais pas pourquoi, que certains de ces messages ont été bien reçu au siège de France Télés…


En tous les cas, la volonté élyséenne de booster le livre sur les chaînes de service publique a été entendu. On va en bouffer du bouquin et de la culture, croyez-moi! Pas moins de trois projets verront le jour à la rentrée, après que l’on ait passé à la trappe le rendez-vous de Guillaume Durand, Esprits Libres, qui rassemblait pourtant chaque semaine 800 000 personnes: pacotille. L’un piloté par Daniel Picouly,(photo) l’autre par le talentueux journaliste de France Inter, Nicolas de Morand, et le troisième par le non moins pétillant, Christophe Hondelatte. Trois émissions, aux profils différents, où le livre aura toute sa place ! Merci qui ?
Mais, allez, encore un petit effort ! Il reste à l’Elysée, l’avant soirée de France 2, les primes time de cette même chaîne, la politique documentaire de France 3 Bourgogne et l’habillage de France 3 Franche-Comté. Il va falloir embaucher…
Alain Peyrefiitte, le ministre de l’information du Général de Gaulle avait imaginé, en son temps, installer ses propres appartements au sein même de la Maison Ronde, siège de Radio-France, autrefois ORTF. Proposition qu’écarta prudemment de Gaulle. Suggestion : à défaut d’un petit studio à France Télévisions, ne pourrait-on pas réserver un bureau pour l’un des collaborateurs du chef de l’Etat ? En vérité,tout cela ne fait pas rire.
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mai 23, 2008
C’est Nicolas Demorand, pas de Morand.
Bonne continuation,
mai 23, 2008
Cher Renaud Revel,
Pitié pour vos lecteurs : j’apprécie la lecture de votre blog, mais j’avoue que le nombre de fautes d’orthographe me rebute (plusieurs dans les billets des derniers jours). N’y a t-il pas un SR de la rédaction de l’Express qui puisse relire ?
mai 23, 2008
Vous tombez des nues ? L’interventionnisme de l’Elysée n’est pas l’exclusivité d’un Président, les Dominique Ambiel ou Bonnemain ne restaient pas les mains dans les poches non plus…Et si cette fois-ci, cela devient tellement insoutenable, pourquoi De Carolis et Duhamel ne partent-ils pas sur un coup d’éclat? Qu’ont ils à gagner à se faire marcher dessus quotidiennement, à avaler des couleuvres à chaque minute? Il faut croire que ça ne doit pas être aussi insupportable que ça…
mai 23, 2008
Vous pourriez au moins relire les articles et corriger les fautes d’orthographe et de grammaire…
mai 23, 2008
PAS TRES FIER DE FRANCE 2
J’ai été journaliste à France 2 pendant 15 ans, de 1984 à 2001, ancien correspondant de la chaîne à Berlin et à de nombreuses reprises, envoyé spécial à Jérusalem. Je connais bien le fonctionnement du bureau de France 2 en Israël: il est orchestré de mains de maître par Charles Enderlin. Seulement voilà… Il y a parfois des ratés, des « déficiences dans le fonctionnement du système », comme l’écrit le Petit Robert !!!
La polémique dure depuis 8 ans sur un Palestinien de 12 ans, Mohammed al-Doura, protégé par son père, qui a perdu la vie lors d’un échange de tirs entre l’armée israélienne et des activistes palestiniens. Les images de l’enfant ont fait plusieurs fois le tour du monde avec cette controverse terrible sur l’origine des tirs ayant provoqué sa mort.
On ne saura sans doute jamais la vérité sur cette affaire. Mais il y eu un fait nouveau cette semaine : « Charles Enderlin a perdu mercredi en appel son procès en diffamation contre un internaute qui affirmait que le reportage avait été truqué » selon les propres termes de la dépêche de l’AFP.
Directeur d’une société se présentant comme une agence de notation des médias, Philippe Karsenty a « exercé de bonne foi son droit de libre critique » et « n’a pas dépassé les limites de la liberté d’expression », a estimé dans son arrêt la cour d’appel de Paris, qui a décidé de relaxer le prévenu, sans se prononcer explicitement sur le contenu du reportage.
Karsenty/Enderlin : c’est un peu David contre Goliath. France 2 a joué un jeu dangereux et est en passe de perdre cette bataille juridique.
Le caméraman palestinien de France 2, Talal, tournait sans son journaliste, ce 30 septembre 2000 et tout le monde sait bien, qu’à Gaza, on « joue » avec les photographes et les journalistes depuis des années. Pallywood est passé par là. Talal s’est peut-être « fait avoir », Enderlin aussi !!! Mais il suffit parfois de reconnaître ses erreurs ou ses failles dans le « fonctionnement de son système ». C’est tout ce que l’on pouvait demander à la direction de France 2, qui dans le JT de ce 21 mai a jugé bon de consacrer une brève de 14 secondes à l’arrêt la cour d’appel de Paris. J’avais un peu honte de « ma chaîne », ce soir là.
Olivier Lerner
mai 29, 2008
Bon non non, ni de Morand ni Demorand mais Nicolas Demorandini