Triste chute…La mise en examen de l’ancien PDG de Canal+, Pierre Lescure, l’icône de toute une génération de professionels de l’audiovisuel, pour « faux et usage de faux », a quelque chose de pathétique. Mis en examen dans l’affaire des 60 millions de « parachutes dorés » accordées à une poignée de cadres et d’anciens barons de la chaîne cryptée, Pierre Lescure nous replonge dans une époque où l’argent coulait à flot. Et où les anciennes figures tutélaires de « Canal » s’étaient appropriées cette entreprise et ses tiroirs-caisses.
Révélée par le site Médiapart cette affaire risque de s’étendre, puisque la plupart des cadres auxquels Pierre Lescure avait accordé des primes de départs rondelettes, (entre deux et quatre millions d’euros, selon les cas), au terme d’une modification hasardeuse de leurs contrats, devraient être mis à leur tour en examen pour « recel de faux ». Ces 60 millions d’euros envolés donnent, au passage, une idée du train de vie que fut celui de Canal+, jusqu’au milieu des années 90. Jamais chaîne de télévision, dans toute l’histoire du Paf, n’a vécu de la sorte.
Je me souviens, ainsi, avoir été un jour invité à New York par le service de presse de Canal+, sur le tournage d’une fiction achetée par la chaîne. Nous étions une dizaine de confrères à avoir fait le voyage en « Business class », avant d’être hébergé trois jours durant dans un palace sur la 5eAvenue.
Or le patron des programmes de l’époque Alain de Greef , qui était notre hôte, séjournait, quant à lui, dans une suite située au dernier étage de cet établissement, un appartement loué à l’année par Canal+. Nous étions rentrés à Paris par le même vol, mais De Greef avait préféré rentrer, pour sa part, en Concorde, afin de regagner la France plus rapidement : une réunion l’attendait.
Je me souviens également avoir été invité au Festival de Cannes, le temps d’un week-end. Logé à l’Hôtel Martinez, l’un des palaces de la Croisette, je croisais de dans les couloirs de ce palace nombre de confrères, aux anges.
Je pourrai ainsi multiplier les exemples à l’infini, (fêtes somptueuses, projections privées, voyages de presse aux petits oignons, déjeuner de gala avec Pierre Lescure, dans la salle à manger de Canal+, autour de quelques grands crus…) Tout cela participait d’une époque où Canal+ était un écrin doré, dominant le paysage télé de la tête et les épaules.
Mais ce qui m’étonne dans cette affaire, c’est que Pierre Lescure ait pris de tels risques, en s’autorisant, avec une infinie, légèreté, des jeux d’écriture qui l’amènent aujourd’hui devant des juges. Car il ne pouvait pas ignorer qu’au moment d’accorder ces parachutes dorés à ceux qui figuraient alors dams son premier cercle, le groupe qu’il dirigeait connaissait de sérieuses difficultés et qu’une crise sociale et financière menaçait l’entreprise.
Mais la sanction est d’autant plus rude pour celui qu’on surnommait « Pierrot les bretelles » qu’il n’a aucunement bénéficié un seul instant de l’un de ces fameux parachutes. Pas un euro n’est allé dans sa poche. Pire, son éviction de Canal+ donna lieu à une violente bataille judiciaire, dont il n’est pas sorti gagnant: Lescure, lui, contrairement à ceux qu’il aura choyé, n’aura jamais fait fortune.
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juin 20, 2008
Et triste attitude que celle des journalistes qui ont profité des largesses de C+ et qui aujourd’hui montrent du doigt leurs anciens amis…
juin 20, 2008
Là, Monsieur Revel pour la première fois depuis que je consulte votre blog, je ne vous trouve pas très élégant. Aux temps ou vous profitiez des largesses de canal plus vous n’avez rien dit, rien dénoncé, rien dévoilà. Alors pourquoi le faire maintenant ? pourquoi ce déballage tardif? est ce la technique journaliste habituelle « je tire sur l’ambulance ».
vraiment je suis choqué. et à travers cette article, j’en apprends plus sur vous que sur monsieur lescure.
oui, je suis profondément déçu
juin 20, 2008
Personne n’ignorait (sauf à ne jamais prendre les Guignols au sérieux ou à ne jamais lire la presse) le train de vie de Canal +.
Ce gadget monté alors que je me trouvais à 7 000 kilomètres de Paris faisait jaser jusqu’aux Antilles et les confrères me racontaient, dès la fin des années 80, des anecdotes on ne peut plus croustillantes.
En arrivant en France hexagonale, j’en appris d’autres par un certain Gilles Kahelin, que peut-être RR connaît (qu’il connaît au moins de nom, en tout cas).
Que l’on aime ou pas la prose de Renaud Revel est une chose. Qu’il ait « profité » du système en est une autre.
Comme confrère, et n’ayant mis les pieds à Canal que comme invité (témoin dans une émission), je constate une chose : il décrit une ambiance d’une certaine époque et semble pour le moins regretter qu’une personne s’en soit pris plein la tronche (pour ma part, dans ma rubrique « Faits divers », j’en cite deux).
juin 21, 2008
Rappellons que Pierre Lescure est présumé innocent …
juin 21, 2008
En gros, mon Revel, t’es un pourri, c’est ça la morale de l’histoire?
juin 21, 2008
Il ne s’est peut être enrichi mais il est l’auteur d’un fameux plan social, non ? Cet argent aurait pu permettre d’indemniser mieux les virés.
juin 21, 2008
Et ben mon cher Renaud… Moi aussi j’aime vous lire mais là, vous manquez clairement d’élégance avec votre déballage à 2 balles… C’est étonnant quand même cette faiblesse de profiter du système par moment puis de balancer et critiquer par la suite à travers un blog ou un livre… Dommage… Michel