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 « Y a-t-il un pilote dans l’avions ? ». Sous le choc des krachs de toutes natures, on pouvait douter que quiconque, à part Obama, était capable de tenir des commandes sans foncer dans le mur .Alors quand un Airbus A320 de l’US Airways, suite à une collision avec des oiseaux de mauvais augures, plutôt que de s’écraser sur le sol new yorkais déjà bien éprouvé par l’aviation civile, a amerri sur l’Hudson, et les 155 passagers sont indemnes, ils ont eu les pieds un peu trempés, un même cri de ravissement s’élève dans les airs. Le pilote est un « Héros », entonnent les journaux télévisés.

La référence cinématographique étant prégnante depuis que la vie n’est plus un roman mais un film, les présentateurs ont parlé de « miracle sur l’Hudson ». Deux images ont illustré le sujet, parfaitement métaphoriques. D’une part le grand avion flottant sur les eaux, les passagers debout sur les ailes de l’espoir, attendant les secours. Et la photo du Héros, le commandant Che, pardon, le commandant Chesley Sullenberger. L’image montre un homme en uniforme, pas jeune du tout, 57 ans et quarante ans d’état de service, apprend-on, petite moustache grise. Excellent casting : il ressemble à l’image qu’on a du pilote de ligne senior. Son allure bonhomme serait rassurante si on n’avait pas pris l’habitude que des bonhommes sympathiques peuvent être des crapules. Je pense à Bernard Madoff, pilote de lignes de fonds financiers.

Chesley Sullenberger, lui, est un bon, et le voilà héroïsé. Pourtant, il n’a pas risqué sa vie pour la collectivité. Il a juste fait son boulot, résumé ainsi dans « Libé » : « l’amerrissage d’un Airbus A320 en plein cœur de New York, jeudi, doit tout aux réflexes et à la présence d’esprit du pilote. Mais aussi à la chance. » Justement, là réside l’exception héroïque. Voilà enfin un mec qui ne foire pas, compétent, responsable, décisionnaire. Ce n’est pas un guide suprême, et heureusement. C’est juste le genre de personne à sang froid dont on a besoin aujourd’hui. Il faut comprendre la dimension allégorique de l’événement. Le supersonique est devenu, depuis les films catastrophe, une métaphore de notre société. Les passagers, c’est nous, couple de retraités en voyage tendre, truand en fuite, PDG insupportable, politicien qui ne pense qu’à son image, enfants espiègles, amoureux. Et nous tous, bons et vilains, nous sentons soulagés de cet amerrissage en douceur sur les eaux glacées de la vie. Comme dit Arthur dans le jeu « A prendre ou à laisser », « et si la chance était avec nous ? ». Franchement, par des temps où le ciel nous tombe sur la tête, et avec tout ce qui nous tombe du ciel, qui ne se dit pas qu’il aurait bien besoin et de pilotes compétents, et d’un petit coup de pouce de la chance ?.