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Les nominations intervenues au CSA laissent pour le moins perplexe et en disent long sur l’idée dont Nicolas Sarkozy et Gérard Larcher, le président du Sénat, se font de l’institution, qu’ils semblent confondre avec le Conseil Économique et Social, cette voie de garage où pantouflent quelques protégés, des anciens affidés du pouvoir  et des proches à qui l’on voudrait faire plaisir, en offrant un maroquin.

En nommant la pétillante journaliste de France 2, Françoise Laborde, et sa consœur de LCI, Christine Kelly, une proche de François Fillon sans véritable fait d’arme dans ce métier, les deux hommes rompent avec une tradition qui voulait que l’on installe avant tout au CSA, comme hier à la CNCL ou à la Haute Autorité, des personnalités aux profils requis: juristes, producteurs de télévision, spécialistes des médias, ingénieurs des télécoms, voire parfois quelques très rares journalistes, à l’instar de Rachid Arhab…Seul le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer,aura respecté la tradition, (et l’institution), en désignant Emmanuel Gabla, un spécialiste rompu aux questions relevant de la société de l’information et des télécoms.

Il était ainsi assez insolite d’entendre Françoise Laborde dire ce matin, sur Europe 1, son étonnement et sa fierté, avant de s’interroger sur ce qu’elle aurait à faire au sein du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, si ce n’est «assister à des réunions plénières».Voilà qui nous fait une belle jambe.

Si ces deux journalistes n’ont naturellement pas démérité dans les fonctions qu’elles occupaient à France 2 ou LCI, les enjeux et les questions qui agitent la profession et les entreprises de presse, (écrites et audiovisuelles), nécessitaient, peut-être, que l’on désigne au CSA quelques «pointures». La très bonne intervention de Nicolas Sarkozy, clôturant jeudi les États généraux de la presse, où le chef de l’État a parfaitement ressituer les enjeux, pouvait en tous les cas le faire supposer. Cela n’a pas été le cas.

Toujours à propos du CSA, j’ai été agacé par les déclarations, sur France 5, samedi, dans Médias le Mag de l’un de ses membres, Sylvie Genevoix, a propos de l’équilibre du temps de parole à la radio et à la télévision, un sujet maintes fois abordé sous ma plume.

Il était choquant et désolant d’entendre le membre d’un collège, indépendant, se réfugier de la sorte, et sans l’ombre d’une nuance, derrière les "principes républicains" et le Conseil d’État, pour justifier, au fil d’un propos amidonné, une règle, inique, qui donne à l’UMP et au président de la République plus de 70% du temps de parole, à la radio, comme à la télévision.

Sylvie Genevoix, face à laquelle le journaliste et patron du site Médiapart, Edwy Plénel, se disait scandalisé, nous expliqua qu’au dessus de la mêlée, et à l’instar de ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, président de la République en exercice, ne pouvait être considéré comme un membre de la majorité parlementaire. Et qu’à ce titre, le temps de parole du chef de l’État devait être sanctuarisé.

Au moment où Genevoy tenait ces propos, Nicolas Sarkozy, s’exprimait à la tribune de l’UMP devant un parterre d’élus de son parti, à la tête duquel il couronnait Xavier Bertrand. Edwy Plénel aurait pu rappeler à son contradicteur, qu’au nom de ce fameux principe Républicain, François Mitterrand, comme Jacques Chirac, s’interdirent de mélanger de la sorte ce qui relève de la fonction du chef de l’Etat, à l’Élysée, et le rôle d’un chef de parti. Nicolas Sarkozy se distingue en cela de ses deux prédécesseurs:  en  habitué des tréteaux de campagne, on l’a donc vu au Conseil national de l’UMP. Et c’est à l’Élysée qu’il convoque régulièrement les parlementaires de sa majorité. Peut-on dès lors estimer que la parole du chef de l’Etat est une parole à part? C’est le fond du débat.