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Je rencontre de plus en plus gens qui lâchent, « je ne suis pas pour Sarkozy, mais », « je reste de gauche, tout ne me plait pas chez lui, mais ». Moi aussi, j’ai fait partie des « non mais », jusqu’à ce dernier weekend .

 

Pourquoi, me suis-je interrogé, ne pas avoir le courage d’aimer quand on aime et de ne pas apprécier quand on n’aime pas ? L’élément déclencheur a été le dénouement des Etats Généraux de la Presse et l’annonce faite par Sarkozy, lors de ses vœux à la presse, d’un plan d’aide supplémentaire de 600 millions d’euros. Je passe sur un tas d’autres mesures positives qui aident à décoincer la situation.

 

Salut l’artiste Les puristes qui, comme Edwy Plenel, avaient dénoncé la main mise du chef de l’Etat sur ces Etats Généraux en sont pour leurs soupçons. Le plan est sans aucune incidence politique, autre, en non dit, que la liquidation du Livre CGT. Une partie de cet argent financera les mises à la retraite et formations. Car c’est bien la condition de réussite implicite de deux des objectifs du plan, baisser les coûts d’impression de 30 % et fertiliser le réseau de distribution.

 

Face à un parterre de journalistes, Nicolas Sarkozy a savouré l’instant quand il a insisté sur « la légitimité de l’engagement de l’Etat dans le processus» « C’est même son devoir, aussi bien au nom des 100.000 salariés du secteur qu’au nom de sa responsabilité politique qui est de veiller à l’existence d’une presse indépendante, libre et pluraliste ». 

 

Narquois le directeur du « Figaro » a rappelé dans son éditorial qu’un « scepticisme bien français « avait accueilli il y a trois mois l’initiative. Sur la défensive, le directeur de « Libération » a voulu rassurer ses lecteurs. « Si l’Etat améliore les conditions pratiques des journaux, où est le mal ? ».

Où est le mal ? Où est le bien ? Franchement,  me suis-je alors dit,  je préfère le Nicolas Sarkozy qui en appelle aux fondamentaux de notre République à celui qui soliloque sur la spiritualité, ou les gènes de la criminalité. Le problème, c’est que c’est le même ? Est-ce vraiment un problème ?  Dans ce pays incroyablement gelé par son administration, bloqué par ses bureaucraties et ses joutes idéologiques, croulant sous les lois et les réglementations, tant mieux si le président de la République use de son pouvoir pour faire bouger les lignes. Ne nous y trompons pas : au royaume de la France, de De Gaulle à Sarkozy, il est, il a toujours été le seul à pouvoir le faire. Quand le chef de l’Etat force les banquiers à renoncer à leur bonus, on pourra objecter qu’il usurpe ses droits, mais le résultat est là : les banquiers ont craqué.

 

Lisant ce qui précède, une amie raille : « voilà que toi aussi, tu deviens sarkoziste? » Me suis-je mal fait comprendre? Est-il si difficile que ça d’avoir, en politique, sa pensée à soi. ce « petit démon intérieur » qui habitait Socrate et fut un des motifs de sa condamnation à mort (par un tribunal démocratique),  pour non respect des dieux de la cité?