Historien, romancier et figure chaleureuse de la vie intellectuelle, Max Gallo était dans les studios de France Inter, ce matin où il était venu parler des rapports qu’entretiennent la télévision et l’Histoire. Je n’avais pas revu ce colosse aux mains d’ogre depuis vingt-deux ans. Depuis l’hivers 1987, exactement, date à laquelle il dirigeait, d’une poigne costaude, le Matin de Paris, un quotidien de gauche fondé par Claude Perdriel et dont le dépôt de bilan fut prononcé à l’été 1988.
Se remémorant cette période épique et triste, puisque 60 journalistes furent mis au chômage après cette aventure, Gallo comparait, il y a quelques heures, le destin du Matin de Paris, hier, à celui de Libération, aujourd’hui, avec un même et triste pressentiment de mort programmée. Ce en quoi, hélas, je ne lui donnais pas entièrement tord : faiblesse des ventes, conflits internes, disparition de la pub, mauvaise qualité du papier…ce quotidien semble mal embarqué. Mais on lui souhaite, bien sûre, de tenir bon malgré les difficultés et les embardées…
En regardant Max Gallo s’avancer vers le studio, une scène cruelle m’est revenue à l’esprit : car cet homme m’a un jour réduit en miettes, j’ai eu ce privilège….L’épisode s’est déroulé lors d’une traditionnelle conférence de rédaction. Présidant, comme chaque matin, cette réunion, à laquelle participaient différents chefs de services du journal, Max Gallo s’était soudainement tourné vers moi et m’avait incendié dans un silence de plomb, l’œil noir et le teint blême : sa colère fut jupitérienne.
Etait posée devant lui, en effet, l’édition du Matin du jour. Un exemplaire en page télé duquel se trouvait une longue interview, signée de ma main, du journaliste Jean-Marie Cavada, dont les opinions de droite n’étaient pas un secret, à l’époque. Entretien qui me valut un savon inouï. Volcanique, Max Gallo, dont les coups de sang sont aussi impressionnants que mémorables, m’administra de sa voix de stentor une avoinnée dont je me souviens encore aujourd’hui: j’avais osé donner la parole au diable, offrir une tribune à celui dont VGE, puis Chirac, s’étaient entichés.
Et il n’était question autour de la table et dans la bouche de l’historien, à propos de cette « interview immonde », que de « forfaiture », de « scandale », de « malhonnêteté intellectuelle», de déshonneur pour la professsion » et j’en passe…
Il fallut, ce jour là, toute la diplomatie d’un jeune homme qui à ses côtés et au sein de la rédaction jouait, alors, discrètement, un rôle précieux de tampon, pour ramener Max Gallo à la raison. Ce garçon, toujours d’un calme olympien et d’une grande et profonde gentillesse, avait pour nom…François Hollande!! Max Gallo l’avait embauché comme conseiller. Et je lui dois de ne pas avoir été viré, ce jour-là.
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février 23, 2009
C’est bizarre, moi, je vous aurais plutôt admonesté pour votre orthographe…
février 23, 2009
Max Gallo, tant de rigueur pour devenir sarkoziste, c’est pitoyable.
février 23, 2009
l’orthographe, Renaud, l’orthographe!
février 24, 2009
Si Max Gallo s’était davantage attaché à la forme de votre article… Ah ben non, il y avait à l’époque les secrétaires de rédaction pour corriger vos fautes récurrentes… Je vous lis tous les jours mais ces fautes rendent la lecture de plus en plus pénible…