J’ai lu dans le JDD que chaque ministre avait son gourou, coach et « spin doctor ». Et le jeudi à 7H30, Brice Hortefeux, Eric Woerth, Luc Chatel, Nadine Morano, Xavier Bertrand et Frédéric Lefebvre se retrouvent à l’Elysées pour « une leçon de com » administrée par une figure historique de la pub française, Jean-Michel Goudard. Lequel martèle doctement sa formule magique, en fait un grand et pompeux classique du marketing politique anglo-saxon: « you are the message ». J’admets volontiers que ces leçons de boutiquier sont utiles (pour la forme, pour le où, quand et à qui il est opportun de parler). Il n’empêche que dire à un homme politique qu’il est LE message, c’est du toc. Au finish, ce n’est pas sa parole qui pèse sur la balance de l’opinion, mais ce qu’il fait et ne fait pas. La communication n’est jamais, en soi, le facteur premier de la popularité. La preuve en est que les cotes des hommes politiques contestés semblent assez indifférentes à leurs prestations publiques, si bien coachées soient-elles. Quand une politique est chahutée, ce n’est pas que son porte parole n’a pas su se faire entendre, c’est que beaucoup de gens n’y trouvent pas leur intérêt. Une société n’est pas une salle de spectacle. Elle s’articule sur des intérêts et des valeurs partagées, mais aussi sur des réalités sociales et des convictions personnelles ou communautaires conflictuelles, et donc sur des rapports de force antagoniques. L’actionnaire qui veut maximaliser son taux de profit, son « retour sur investissement », et l’ouvrier licencié ne sont évidemment pas logés à la même enseigne, ils n’ont pas les mêmes urgences.
Hélas, à droite comme à gauche, il est devenu un lieu commun de mettre sur le compte d’une faute de communication toute résistance des autres à une loi, une mesure, une attitude, des propos, un programme, une candidature.
Il fut un temps où Jacques Séguéla et Jean-Michel Goudard, associés dans l’agence RSCG, conseillaient l’un Mitterrand, l’autre Chirac. Tous deux se réclamaient de la philosophie maison : le produit est une star, indépendamment de sa qualité intrinsèque. Séguéla, aujourd’hui rivé à Sarkozy, claironnait que le premier grand publicitaire avait été Jésus Christ. Eh bien non ! Le Christ n’était ni un produit, ni le message. Si 43 % des catholiques souhaitent le départ de Benoit XVI (sondage JDD), c’est qu’ils se sont faits une autre idée de la vie et des messages de Jésus. Et si la cote de Barack Obama a fléchi, c’est qu’il est maintenant jugé sur pièce (les bonus d’AIG). Nos ministres peuvent se payer les meilleures leçons de communication, ça ne les rendra pas plus populaires. La politique se fait à l’offre, certes personnalisée, pas à la demande. A trop écouter Goudard et Séguéla, Sarkozy va vraiment croire qu’il est LE Message, et se prendre au rôle du demi dieu rédempteur, entouré de ses disciples. PG
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mars 25, 2009
« A trop écouter Goudard et Séguéla, Sarkozy va vraiment croire qu’il est LE Message, et se prendre au rôle du demi dieu rédempteur, entouré de ses disciples. »
Ah, pourquoi ? N’est-ce pas déjà le cas ?
Ce président est un condensé de comm, doublé d’un taux d’égo ne faiblissant jamais en dessous de 99%. Bref, un personnage ambitieux, navigant au gré des flagorneries et sondages divers, et gouvernant de la même manière. Avec un dédain certain pour les « pauvres ». Et il croit que la com’ va le sortir de ce mauvais pas ?
Enfin, un mot à nouveau sur Frédéric Lefebvre, dont la seule qualité, s’il savait en user, serait de la fermer. Lui, c’est une éponge à bêtises, doublée d’une brosse à reluire. Face à lui, le néant, d’où il n’aurait jamais du sortir.
Triste période…
mars 25, 2009
« Enfin, un mot à nouveau sur Frédéric Lefebvre, dont la seule qualité, s’il savait en user, serait de la fermer. Lui, c’est une éponge à bêtises, doublée d’une brosse à reluire. Face à lui, le néant, d’où il n’aurait jamais du sortir. »
La fidèlité, le franc parlé, la conviction ou la droiture ne font pas partie de vos valeurs visiblement..
La « brosse à reluire » vous fait peur parcequ’il ne partage pas vos gouts de la langue de bois, de l’hypocrisie ou encore du pitoyable discours stérile post 68tard sur la société(me demandez pas lequel, vous savez tres bien de quoi je parle), BREF! …plus « Spontex » à clichés que votre commentaire, y à pas!
mars 25, 2009
« Si 43 % des catholiques souhaitent le départ de Benoit XVI (sondage JDD), (…) »
Il n’y a pas grand chose à retenir de ces nouveaux billets, mais ça, c’est formidable. Quand vous aurez compris Revel, que le Pape, même s’il est à la tête du Vatican, est un représentant religieux, et non pas un homme politique, vous aurez vraiment fait du chemin. Et une fois de plus, on en est pas encore là.
Surtout que ce résultat de sondage, tel qu’il est présenté, fait vraiment chiffre fourre-tout.
Sérieusement, ça vous ferait du bien à vos analyses que vous fassiez un minimum d’effort pour essayer de faire la part des choses, au lieu de régurgiter systématiquement l’information de la même manière que vos collègues. Dans les grands médias d’une manière générale, ça commence à être pénible.
mars 25, 2009
Ok je vais pas faire le gars naif qui refuse d’ouvrir les yeux mais je trouve que la ficelle est un peu grosse.
Je m’explique : oui ils ont sans doute un coach pour s’améliorer niveau expression et en retenant 2-3 slogans ça fait partie de leur job quelque part mais le fait de dire » vous etes le message » ça me parait énorme, le jdd a un peu ( beaucoup ) exagéré sur le coup.
Bien sur, la politique ne doit pas se résumer à la com, sinon on a l’impression de voir des robots et donc cela n’aurait plus aucun interet, les gens iront les envoyer balader.