Noracom a demandé à l’institut CSA d’interroger les Français sur la représentation de la diversité sur les chaînes généralistes de télévision française. Ils étaient d’abord interrogés de façon globale sur leur perception de la représentation de la diversité dans l’audiovisuel. Puis, quatre extraits d’émission mettant en scène la diversité de la population de façon différente leur étaient ensuite présentés et soumis à leur jugement.
Les principaux enseignements du sondage
Une majorité des Français interrogés (54%) estime que les chaînes de télévision
généralistes françaises montrent la population dans sa diversité.
Pourtant 53% estiment que la lutte contre les préjugés et les discriminations est une
question prioritaire. Cette lutte passe-t-elle par les chaînes généralistes ? 44% répondent qu’il est
prioritaire que les chaînes généralistes participent à cette lutte.
Un relatif consensus se fait sur la faible représentation du handicap et des
populations issues de quartiers défavorisés sur les chaînes de télévision généralistes
françaises, le consensus est encore plus marqué sur l’image jugée peu flatteuse de
ces catégories véhiculées par les chaînes de télévision aujourd’hui. En revanche, la
représentation de la diversité culturelle, à travers notamment « les personnes issues
de l’immigration » fait davantage débat ; certains considérant que sa visibilité est
maintenant installée. Quand à la représentation des « jeunes » sur ces chaînes, une
majorité relative (47%) estime qu’ils sont, quantitativement, suffisamment représentés (ni
trop, ni pas assez), mais qu’ils ne sont pas assez présentés de façon assez positive (55%).
Par ailleurs, soumis à des extraits de programmes, les Français plébiscitent les deux
interviews mettant en scène des personnalités « charismatiques », bien identifiées, issues
de la diversité : Omar et Fred, d’un côté et Mohammed Dia de l’autre. Ces programmes
plaisent et sont perçus comme efficaces pour promouvoir la diversité.
1. Des Français partagés sur la représentation de la diversité sur les chaînes de
télévision généralistes françaises
54% des Français estiment que les programmes proposés sur les chaînes de télévision
généralistes françaises reflètent la population du pays dans sa diversité, mais
seulement 7% sont tout à fait d’accord avec cette assertion. A l’inverse, 45% soutiennent
l’opinion inverse.
Les jeunes de moins de 35 ans sont plus critiques que leurs aînés à l’égard du manque
de représentation de la diversité à la télévision : une majorité d’entre eux (51%) estime en
effet que les programmes proposés sur les chaînes de télévision généralistes ne montrent pas
la population dans sa diversité contre 44% des 35 ans et plus. Notons également que les
ouvriers sont 52% à partager cet avis négatif. Assez logiquement, ceux qui, de manière
générale, pensent que la lutte contre les préjugés et les discriminations en France, et la
participation des chaînes de télévision à la lutte contre les préjugés, doivent être tout à fait
prioritaires sont également plus critiques sur la situation actuelle (respectivement 49% et
50%).
2. La lutte contre les préjugés et les discriminations en France : une priorité pour
une majorité de Français
Pour 53% des Français, il est tout à fait prioritaire de lutter en France contre les
préjugés et les discriminations, et pour 39% d’entre eux, cela est important mais pas
prioritaire. Seuls 7% estiment que cette lutte est secondaire.
Les plus enclins à juger que la lutte contre les préjugés et les discriminations revêt un
caractère prioritaire sont les moins de 35 ans (62% contre 50% des 35 ans et plus), les
femmes (60% contre 46% des hommes), les membres des catégories populaires (56%
contre 49% des catégories supérieures). A noter également que la sympathie partisane influe
fortement sur les réponses : 63% des sympathisants de gauche estiment cette lutte
prioritaire contre seulement 34% des sympathisants de dr
oite. 57% des personnes qui
pensent que les programmes de télévision ne montrent pas assez la population dans sa
diversité partagent également ce sentiment de priorité.
3. Une participation attendue des chaînes de télévision généralistes à la lutte
contre les préjugés et les discriminations
Selon 44% des personnes interrogées, il est tout à fait prioritaire que les chaînes de
télévision généralistes participent à la lutte contre les préjugés et les discriminations.
43% estiment plutôt cette participation importante mais pas prioritaire. Enfin, 11% pensent que cette question est secondaire.
On retrouve au sein des personnes qui considèrent qu’il est prioritaire que les chaînes de
télévision généralistes jouent un rôle dans la lutte contre les préjugés et les discriminations les
mêmes catégories que celles qui jugeaient cette lutte prioritaire en France, à savoir : les
moins de 35 ans (54% contre 41% des 35 ans et plus), les femmes (50% contre 38% des
hommes), les membres des catégories populaires (50% contre 39% des catégories
supérieures) et les sympathisants d’extrême-gauche et de gauche (respectivement 69% et
57% contre 21% des sympathisants de droite).
4. La représentation de la diversité en fonction du type de programme :
en général,quel que soit le type de programme, environ un tiers des Français estime que la
diversité n’est pas assez représentée, 38% des Français estiment que la diversité de la population française n’est pas assez représentée dans les films diffusés sur les chaînes généralistes, contre 52% qui estiment qu’elle n’y est ni trop ni pas assez représentée et 6% trop représentée. 38% estiment également que les écrans publicitaires ne reflètent pas la diversité, mais en revanche près d’un Français sur 5 (19%) pense qu’ils donnent trop de place à la diversité (et 38% ni trop ni pas assez). Viennent ensuite les journaux d’information – 37% pas assez, 13% trop et 47% ni trop, ni pas assez – et les émissions de variétés et de divertissement – 33% pas assez, 13% trop et 51% ni trop, ni pas assez. Les séries et les sitcoms ferment la marche : 31% pas assez, 14% trop et 49% ni trop ni pas assez.
Pour l’ensemble des programmes, les personnes qui regrettent le plus souvent que la diversité
ne soit pas assez représentée sont les moins de 35 ans, les femmes, et les sympathisants
de gauche. Ainsi par exemple, 40% des femmes estiment que la diversité de la population
n’est pas assez présente dans les publicités (contre 34% des hommes), tout comme 47% des moins de 35 ans (contre 34% des 35 ans et plus) et 41% des sympathisants de gauche (contre
29% des sympathisants de droite).
En outre, il n’y aurait pas assez de présentateurs, de journalistes et d’invités d’émissions à
l’image de la diversité de la population pour 46% des personnes interrogées et pas assez de
programmes ayant pour thème la promotion de la diversité pour 44%. Enfin, 50% jugent qu’il
n’y a ni trop, ni pas assez d’acteurs à l’image de la diversité dans les films et les séries.
Les jeunes sont à nouveau les plus nombreux à considérer qu’il n’y a pas assez de programme
ayant pour thème la promotion de la diversité (50% des moins de 35 ans, contre 42% des 35
ans et plus). Cet effet générationnel est l’effet le plus net sur cette question.
5. La représentation des différentes catégories de population sur les chaînes
généralistes
Un relatif consensus sur la faible représentation du handicap et des populations issues
de quartiers défavorisés
Un consensus : les personnes handicapées ne sont pas assez représentées sur les
chaînes de télévision généralistes (77%). Une courte majorité fait le même constat pour
les populations vivant dans les quartiers défavorisés (51%).
En revanche, pour les autres catégories de population citées, leur représentation fait
davantage débat. 37% ont le sentiment que les immigrés ne sont pas assez présents sur les
écrans, quand 40% répondent qu’ils ne sont ni trop ni pas assez représentés. 19% estiment
même qu’ils le sont trop. Le constat est sensiblement le même pour les « personnes issues de
l’immigration » (18% trop, 35% pas assez et 43% ni trop, ni pas assez). Certains considérant
sans doute que la diversité culturelle est aujourd’hui « installée » et visible sur les
chaînes, plus nettement que ne l’est la diversité sociale ou le handicap.
Enfin, interrogés sur la représentation des « jeunes » sur les chaînes généralistes, 47%,
soit une majorité relative, estiment qu’ils sont représentés à leur juste proportion (ni trop
ni pas assez), mais 36% pensent tout de même qu’ils ne le sont pas assez. 14% estimant
même qu’ils le sont trop.
Là encore, les moins de 35 ans ont tendance à considérer plus souvent que leurs aînés que
chacune des populations citées n’est pas assez présente sur les écrans de télévision (85%
des moins de 35 ans pensent que les personnes handicapées ne sont pas assez
représentées, contre 74% des plus de 35 ans et 50% des moins de 35 ans considèrent que les
immigrés ne sont pas assez représentés, contre 31% des plus de 35 ans.). Les femmes sont
également plus nombreuses que les hommes à déplorer le même de visibilité de ces
catégories à la télévision (par exemple, 56% estiment que les populations vivant dans les
quartiers défavorisés ne sont pas assez représentés, contre 44% des hommes).
Les personnes issues des catégories populaires estiment également plus souvent que les
autres que les personnes handicapées, les populations vivant dans les quartiers
défavorisés et les jeunes ne sont pas assez représentées (39% des CSP- pensent que les
jeunes en sont pas assez représentés contre 29% des CSP+). Les catégories supérieures
étant, elles, plus sensibles à la diversité culturelle (44% des CSP+ estiment que les
immigrés ne sont pas assez représentés, contre 35% des CSP-).
Un consensus encore plus marqué sur l’image peu flatteuse de ces catégories
véhiculée par les chaînes de télévision. 65% des personnes interrogés s’accordent sur le fait que les personnes handicapées ne soient pas présentées de façon assez positive sur les chaînes de télévision généralistes. 61% partagent ce constat pour les populations vivant dans les quartiers défavorisées et 55% pour les jeunes.
47%, soit une majorité relative, sont du même avis pour les personnes issues de l’immigration
et les immigrés.
Les femmes sont plus sensibles à l’image peu flatteuse qui serait accordée à ces catégories
que les hommes (69%, contre 60% des hommes pensent que les personnes handicapées ne
sont pas représentées de façon assez positive). Les moins de 35 ans le sont plus souvent que
leurs aînés au fait que ces personnes ne soient pas considérées de façon positive. Tandis
qu’en termes de catégorie sociale, on retrouve le fait que la diversité sociale et générationnelle
interpelle plus souvent les catégories populaires, tandis que les catégories plus favorisées
semblent plus sensibles au traitement de la diversité culturelle.
6. Test de différents extraits de programme
Enfin, quatre extraits de programme étaient présentés aux personnes interrogées :
Un extrait de l’émission « Les visages de la précarité » animée par Jean-Luc Delarue
et diffusée sur France 2. L’extrait présentait un couple de travailleurs précaires logés à
l’hôtel, Laurence et Saïd.
Un extrait de la série « Plus Belle La Vie », épisode 625, diffusé sur France 3. Malik,
avocat, est en train de plaider à la cour.
Une interview de Mohammed Dia réalisée dans le cadre de la série de programmes
courts « Les entrepreneurs », diffusée sur M6.
Une interview d’Omar et Fred réalisée dans le cadre de la série de programmes courts
« Ensemble pour la diversité », diffusée sur TF1.
A l’issue de ces diffusions, une série d’adjectifs était proposée pour chacun des programmes.
L’interview de Mohammed Dia est celle qui obtient le jugement le plus positif sur la
quasi totalité des éléments cités. Il est le plus moderne (85%), le plus plaisant (85%). Mais
il est aussi le plus efficace pour lutter contre les préjugés et les discriminations (84%). Il est
celui qui parle le mieux de la société telle qu’elle est (81%). Enfin, il transmet un message
qui touche (83%) et 78% pourraient le revoir avec plaisir. Ce programme associe plaisir et
efficacité dan
s la promotion de la diversité.
L’interview d’Omar et Fred est également plébiscitée pour sa modernité (84%). C’est également parmi les extraits présentés celui qui est le plus jugé comme représentant bien la
diversité de la population française (83%). Il plait (80%), 78% le reverraient avec plaisir. Il est également jugé efficace pour lutter contre les préjugés et les discriminations (80%),parlant de la société telle qu’elle est (79%) et transmettant un message qui touche (78%).
Ces deux interviews mettant en scène des personnalités « charismatiques » issues de la diversité plaisent et sont perçues comme efficaces pour promouvoir la diversité.
L’extrait « des visages de la précarité » obtient également la « meilleure note » sur l’un des
aspects. Il est cité par 81% des personnes interrogées (première citation ex æquo avec
Mohammed Dia) comme à l’image de la société telle qu’elle est aujourd’hui.
L’extrait est ensuite jugé par plus des deux tiers des Français comme transmettant un
message touchant (67%) et représentant bien la diversité de la population (66%).
Enfin, 56% jugent que l’extrait est moderne, 51% qu’il est efficace pour lutter contre les
préjugés et les discriminations et 50% qu’il plait. En revanche, seuls 42% le reverrait avec
plaisir.
Cet extrait est surtout plébiscité pour son propos et ses invités à l’image de la société. Ce
jugement répond d’ailleurs au consensus sur le déficit de représentation des « populations
issues des quartiers difficiles ».
Enfin, l’extrait de « Plus Belle La Vie » est jugé avant tout comme représentant bien la
diversité mais derrière les trois autres programmes (64%) et parlant de la société telle qu’elle
est (61%, derrière les autres programmes également). 52% le jugent ensuite moderne,
plaisant, efficace pour lutter contre les préjugés, et transmettant un message qui touche. Enfin,
45% le reverraient avec plaisir. C’est l’extrait le moins « bien noté » sur les quatre. Mais c’est
aussi le moins démonstratif en matière de promotion de la diversité, puisque cet objectif
n’est pas présenté comme tel contrairement aux trois autres programmes.
Commentaire : la question de la diversité à la télévision divise, on le voit, les Français. Et la fracture générationnelle est patente, criante, puisque les moins de 35 ans sont pour le moins critique à l’égard de la télévision, ce qui n’est pas le cas de la moyenne des français que la question ne scandalise pas, ne mobilise pas. Les plus jeunes, donc, et c’est la surprise de cette enquête, manifestent une grande acuité et un intérêt très sensible pour tout ce qui touche à l’exclusion sous toutes ses formes à la télévision. Et ils admonestent des chaînes généralistes à la traîne, peu attentives, selon eux, face à une question qui fait l’objet d’études nombreuses.
Fiche technique de l’enquête
Enquête exclusive CSA/NORACOM en partenariat avec l’ACSE (Agence nationale pour la Cohésion sociale et l’Egalité des chances) réalisé par internet du 19 février au 2 mars 2009.
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avril 28, 2009
Cher Renaud,
Quelle déception de constater que votre blog devient un outil du « politiquement correct ». Après un commentaire de Gavi hier sur le président irakien et votre réponse (très bien-pensante)qui n’ont rien à faire sur un site consacré aux médias, nus avons droit à la propagande antiraciste basique sur la diversité. Il ne manque plus que les diatribes d’Averoes qui a réussi à imposer Harry Roselmack, beau gosse mais tellement mauvais journaliste, sur TF1. Si vous persistez dans cette ligne éditoriale, je vous soumets quelques thèmes piochés dans Libé, Télérama, le Nel Obs et les Inrocks: Les présentatrices TV victimes de harcèlement, Tous peoples, Sarkozy et la banlieue, JP Pernault est-il facho ?
avril 28, 2009
Et bien moi je trouve qu’on trouve beaucoup trop de noirs et d’antillais à la télévision française : Asu, Kelly, Pulvar, Roselmack… et les autres, qui ne sont là que pour être visibles et pas pour leur talent ! Remarquez, si les journalistes devaient avoir du talent, la main d’oeuvre manquerait cruellement et Revel casserait sans doute des cailloux avec un marteau…