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Après avoir été accusée d’attiser les braises dans le domaine social, en faisant notamment la part belle aux opérations de séquestrations de patrons dans les entreprises, qui ont fait tache d’huile, la télévision va t-elle être montrée du doigt à propos de la grippe mexicaine, en se voyant accuser de créer et d’entretenir la psychose?

La tonalité des journaux de TF1 et de France 2, hier, avait, il est vrai, de quoi foutre les jetons, au point que les pharmacies commencent déjà à manquer de Tamiflu, nous dit-on. Animés par un principe de précaution qui les honorent et qui consiste à vouloir faire toute la lumière sur cette pandémie annoncée, Laurence Ferrari et David Pujadas se sont livrés à de jolis numéros de funambule. Un cas suspect ici, pas de cas avérés là, un malade au Canada, de très vagues indices en Espagne…Sonnant le tocsin, TF1 et France 2 sont parvenus à partir d’un fragile faisceau d’indices et d’un virus encore fantôme, de ce coté-ci de l’atlantique, en tous les cas, à nous placer en état d’alerte maximum. Comme si la fameuse pandémie stationnait aux portes de la capitale et menaçait l’arme au pied d’envahir l’hexagone!

Faute de grippe mexicaine, on a même vu sur France 2 le témoignage surréaliste d’un jeune homme racontant qu’atteint d’un gros rhume, il avait eu la trouille de sa vie : pour un peu c’était la quarantaine…Peur de passer à coté d’une hypothétique tragédie sanitaire? Emballement médiatique sur fond de fantasmagories? Cette surenchère de sujets creux sur la question est d’autant plus aberrante que les chiffres sont là: pas un cas de grippe mexicaine en France, mais 3000 décès chaque année, à cause de la grippe classique. Un chiffre d’ailleurs rappelé par Pujadas et Ferrari, mais une réalité devenue totalement inaudible en raison de la couverture anxiogène de «l’autre» grippe, celle que l’on nous annonce pour demain. 

S’il y en a qui doivent bénir nos amis mexicains, ce sont nos dirigeants politiques. Quelle jolie diversion en effet que cette grippe tombée du ciel! Agrippés au bastingage, les Français voient leur tension grimper, chaque soir, à l’écoute des JT. Sur l’échelle de Richter de nos préoccupations, la grippe mexicaine a pris le pas sur les questions sociales: Plus on parlera de la grippe, moins on se focalisera sur la politique économique de la majorité. Ollé!