Le quotidien britannique connaît du coup une très forte augmentation de ses ventes depuis qu’il mène cette campagne contre les avantages financiers indus de ces députés et ministres. Il y a une décennie les ventes du Telegraph dépassaient le million d’exemplaires. Tombées à 817 000 exemplaires en avril, elles sont en hausse de près de 100 000 exemplaires quotidiens depuis mai. Sacré bond.
La percée du Telegraph est à mettre à l’actif du directeur de la rédaction, Will Lewis, 39 ans, installé aux commandes en octobre 2006, note toujours le correspondant du Monde à Londres qui écrit : « Sous la houlette de cet ancien journaliste financier, le quotidien attaque ses concurrents en mettant l’accent sur le cahier sports, les pages affaires et les grandes plumes éditoriales». Lewis a plongé le quotidien dans l’Internet et créé la première salle de rédaction multimédia [où] chacun des 550 journalistes travaille pour le papier et le Net, la vidéo et la radio maison. Il a également «mis en place », note le journaliste, « une cellule enquêtes composée d’investigateurs de haut vol pris au tabloïd Daily Mail comme à l’hebdomadaire dominical Sunday Times».
Cette politique éditoriale agressive, basée sur l’investigation à outrance et l’intransigeance à l’égard du pouvoir, s’est ainsi révélée payante. Et elle cloue le bec à tous ceux qui ne cessent de nous annoncer de manière assez péremptoire la fin inéluctable du papier et la suprématie du net. C’est ceux là même qui annonçaient, il y a vingt cinq ans, avec l’avènement des FM, la mort des radios généralistes et avec l’essor de la télévision par câble et satellite, la disparition des salles de cinéma…La réalité est plus simple : comme le notait avec force et conviction, hier, le journaliste Bernard Guetta, sur l’antenne de France Inter, une bonne information riche de contenu trouvera toujours des lecteurs et par milliers. Je dirai même que la sur-abondance de sites d’informations risque à terme de se retourner contre le net.
Une grande chaîne de distribution aux Etats-Unis s’est récemment livrée à une expérience originale. Elle a installé un matin sur l’un de ses linéaires deux pots de confitures d’orange, l’un d’une grande marque, l’autre d’une marque quasi inconnue. Résultat, le marché s’est organisé comme suit : 60% de celui-ci sont allés à la marque leader, 40% à l’outsider. Mais le lendemain, ce sont 50 pots de confitures d’orange différents qui sont apparus sur le même linéaires. Résultat? Perdus, les consommateurs se sont rabattus sur la marque leader, qui a raflé 90% du marché, laissant les 10% restants aux 49 autres marques.
C’est exactement ce que l’on commence à observer aux Etats-Unis dans le domaine des médias: la sur-abondance d’information sur la toile amène, petit à petit, les consommateurs à reserrer leurs choix privilégier les marques fortes, en l’occurrence les sites de titres d’informations prestigieux (Times Magazine, Newsweek, ABC, New York Time, CNN…), préférés aux centaines de sites d’infos moins légitimes. Et la belle aventure que vit le Daily Telegraph est forcément de nature à réchauffer le cœur de ceux qui pensent, comme moi, que la presse écrite a un bel avenir devant elle, dès lors qu’elle ne s’égare pas et ne s‘éloigne de trois fondamentaux: informer, expliquer, dévoiler.
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mai 21, 2009
Post intéressant.
Pas convaincu cependant par le fait de payer ses informateurs… A débattre
mai 23, 2009
On attend donc que L’Express en fasse de même…
mai 24, 2009
Ce n’est pas en France que des journalistes sortiraient des trucs pareils…