Comme chaque lundi, Philippe Gavi aborde un sujet de son choix.
Mercredi 17 juin, 13H. Le buffet qui suit la conférence de presse de Christine Albanel, sur les aides à la presse, est sans alcool, sans canapés ; jus de fruit, eau minérale, même pas des cacahouètes ! Les ministres ont-ils reçu des consignes d’austérité ? La Culture et la Communication et l’Information s’est-il solidarisé avec ses homologues qui mènent campagne de prévention contre l’obésité et l’alcoolisme ? A-t-on pensé que les journalistes présents, tous patraques, subissant directement les effets d’une crise qui fait tituber leurs titres, auraient jugé indécent un buffet copieux? Passons pour les apéros : la plupart des confrères sont au régime sec. Journalistes consciencieux ; ils bossent, la charge de travail a même sérieusement augmenté, ils ne veulent pas roupiller dans l’après midi. Mais une petite collation n’aurait pas choqué, pour économiser le déjeuner.
Ventre affamé n’a point d’oreilles ? Ce point sur « la mise en œuvre des mesures issues des Etats généraux de la presse écrite » n’a pas fait la Une des journaux. Les éditorialistes qui avaient accusé Nicolas Sarkozy de vouloir faire main basse sur la presse ont remisé leur virulence au vestiaire. Aucune des trente mesures ne menace l’indépendance de la presse. Les encouragements fiscaux et l’enveloppe budgétaire de 600 millions d’euros sur trois ans se contentent de mettre du baume où ça fait le plus mal, portage, points de vente, fonds propres des entreprises, lectorat des jeunes …
Ce n’est pas cela qui va sauver la presse, ai-je lu dans Libé. C’est d’une telle évidence qu’on peut se demander pourquoi alors appeler à l’aide.
Le matin même Courrier International nous offrait au Club de la Presse un petit déjeuner substantiel pour présenter son spécial « Mais où va la presse ?». En couverture, l’image BD d’un lecteur au front dégoulinant de sueur. Il peut avoir peur. La presse va vers le cimetière, à en croire Bernard Poulet, auteur de « La fin des journaux ». « Il ne s’agit plus d’adapter le modèle mais de le repenser : comment produire de l’information dans cette nouvelle économie ? Car l’information est un besoin citoyen. A se demander si on ne devrait pas parler d’un service public de l’information ».
Chez nous, même Les Echos finiront 2009 dans le rouge, mais déculpabilisons-nous, la pandémie est mondiale. A regarder la carte illustrant « le déclin de la presse américaine », une grippe papiphage a contaminé l’empire. Croix noires pour les journaux décédés, carrés jaunes pour les titres menacés, dont The Boston Globe, le San Francisco Chronicle, et le Chicago Tribune, pépinière de Pulitzer. Au Japon, recordman mondial en lecteurs de journaux (94 % distribués par portage à 5H du matin), le leader Asahi Shimbun, a perdu 2 millions d’exemplaires. Il lui en reste quand même 12 millions.
Alors, le papier, c’est fichu ? Il y a d’autres signaux A Stockholm (patrie des gratuits), la diffusion des quotidiens est en hausse, celle des cinq gratuits en baisse. Alléluia, les gratuits peuvent donner envie d’en lire plus. A la condition qu’on en lise plus. Les journaux suédois ont répondu à l’attente.
Autre victoire, les ventes du Daily Telegraph, le quotidien qui a révélé le scandale des notes de frais des parlementaires britanniques, ont bondi de 100.000 exemplaires. D’accord, se refaire une bonne santé en révélant les vices des autres, ça n’allège pas l’atmosphère, mais à chacun son rôle, et il y aura des journaux qui se sauveront par eux-mêmes. Champagne ? PG
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juin 22, 2009
Bonjour
Il est sain de voir disparaître une presse qui fait dans la doxa la plus primaire et dont le credo est de satisfaire – et non d’éclairer – les désirs d’une masse toujours plus tournée vers ses craintes, ses désirs, ses plaisirs.
La presse va mal, tant pis pour elle.
juin 22, 2009
bonjour,
je partage cet opinion à1 00% ;titre dilués moderation dans les écrits ;prise risque de donner un point de vue pertinent .;on ne peut pa s vous blamer même on a de la sympathie pour vous..
mais voyons cote lecteur ce que ça donne :les sujet Albanel ,barnier etc… sont pas ‘folichon’,on paye cette politique où le sophisme prime ..Il y a des gens qu’on aimerait lire un plus comme le ministre des finances lorsqu il parle de la SS avec des mots justes etc..moi j’aime toucher le papier même que l’ express brule bien dans la cheminèe pour la petite histoire.Renaud c’est votre devoir de reveler et je n’appelle pas ça se refaire une santé (cela s appelle fair e sont job),c’est scandaleux les depenses de ce gouvernement ,ces reductions d impôts accordés aux plus riches et j en passe et des meilleures
juin 22, 2009
bonjour,
je partage cet opinion à1 00% ;titre dilués moderation dans les écrits ;prise risque de donner un point de vue pertinent .;on ne peut pa s vous blamer même on a de la sympathie pour vous..
mais voyons cote lecteur ce que ça donne :les sujet Albanel ,barnier etc… sont pas ‘folichon’,on paye cette politique où le sophisme prime ..Il y a des gens qu’on aimerait lire un plus comme le ministre des finances lorsqu il parle de la SS avec des mots justes etc..moi j’aime toucher le papier même que l’ express brule bien dans la cheminèe pour la petite histoire.Renaud c’est votre devoir de reveler et je n’appelle pas ça se refaire une santé (cela s appelle fair e sont job),c’est scandaleux les depenses de ce gouvernement ,ces reductions d impôts accordés aux plus riches et j en passe et des meilleures
juin 23, 2009
Où va la presse ?
Grosse question, nous sommes nombreux à la poser, et nous ne sommes pas tous journalistes.
Avant de répondre à cette question, il serait intéressant de se rappeler d’où elle vient et de regarder où elle est. Que sont devenus les traitements de l’infos différents en fonction des rédactions ? Pourquoi les grands quotidiens de presse écrite, pourquoi les grandes radios, les grandes chaines de télé ont-elles les mêmes infos à proposer, la même hiérarchie dans les infos ? Pourquoi en est-on arrivé à niveler non seulement l’info, mais aussi l’actualité qui n’est rien d’autre que le choix des infos à mettre en avant ainsi que la détermination de leur ordre d’importance ? Avons nous toujours eu ce lancinant sentiment d’uniformité ?
Les médias sont en crise, c’est vrai. Internet, lectorat, patrons de presse imbéciles et rapaces sont des bouc émissaires rapides et faciles pour une profession qui a du ménage à faire dans ses rangs. L’immense majorité des journalistes sont des personnes avec une bonne éthique et de vrais professionnels. Mais, je le dis ici – comme je l’ai dit ailleurs – collectivement, vous ne vous bougez guère. C’est toujours la faute des autres : le web, les sites participatifs, les méchants boss, les lecteurs idiots, les ceusses qui font le même job – en mal – gratuitement etc.
Quid de votre regard critique porté sur vous ? Que dites vous des liens insupportables entre une « élite » médiatique et la politique, la finance, les grands industriels ? Qu’est devenue votre indépendance, votre liberté ? Pourquoi ne pas avoir hurlé devant Elkabbach, à la fois patron de Public Sénat et salarié de Lagardère Médias ? Comment avez vous pu accepter de laisser une carte de presse à PPDA qui a bidonné une interview de Castro, fait du JT de TF1 un pauvre ramassis d’infos poubelle ? Vous ne bouillez pas en face des unes de Libé et du Fig’, si souvent semblables ?
Où et quand réfléchissez vous ? Avec qui parlez vous de cet avenir que vous voyez si sombre ? Dans les talk-shows consacrés aux médias, où tout le monde ronchonne et ronronne ?
Je vous reproche une grande auto-complaisance, une absence de recul, un conformisme et une paresse intellectuelle qui confine parfois à l’indigence. je vous fais ce reproche d’autant plus fort que je ne crois pas à un monde libre sans médias et sans journalistes. Vous avez une fonction essentielle : sans info libre, pas de choix libre et éclairé et donc pas de démocratie.
La crise des médias va de pair avec la crise des démocraties. Et sans réaction forte de votre part, l’avenir des deux est de plus en plus sombre. Quand allez vous réagir ?
Je veux vivre dans un pays démocrate. Et pour cela j’ai besoin de vous. Alors bougez vous, que diable. Et, au lieu de consacrer un nombre infini d’articles, d’éditos, de numéros spéciaux à la crise (ah lala, c’est la criiiiiise !), commencez à bosser sur les solutions possibles. Car la crise se résoudra un jour. Avec ou sans vous. Devinez ce que je préfère ?
Manuel Atréide