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Chaque soir, elle est là : siliconée, peroxydée, customisée à l’instar d’une Clio dont on aurait fait une Cadillac carrossée en diable. Angie, c’est son nom, (de scène), est l’attraction de Secret Story. Cette ancienne mannequin gonflée à l ‘hélium est celle par qui TF1 tient l’audience de ce programme. Une bimbo plantureuse, à l’évidence peu farouche, mais que le CSA a à l’œil, si l’on en croit le Parisien : le gendarme du Paf et les téléspectateurs s’attendent chaque jour à qu’elle franchisse un nouveau palier. Et qui sait, espèrent les 18-25 ans, qu’elle passe le mur du son, en rejoignant Loana au sommet de l’érotisme. Car si les photos de cette jeune femme nue sous la douche ont déjà fait le tour de la toile et s’affichent dans les habitacles des camionneurs, chacun s’attend maintenant à ce qu’elle se livre à une scène torride et devienne ainsi, à l’instar de l’ex Go-Go danseuse de Loft Story, sur M6 en 2001, une icône de la télé réalité. 

 

Je trouve tout cela non pas choquant, mais ringard. Car il n’y a jamais pire, en effet, que les copies ou les herzasts. J’avais été assez fasciné, comme beaucoup de gens, par Loft Story, cette émission pionnière de la télé réalité, en France, dont le succès avait déchaîné les passions et alimenté la chronique. « Contrairement à ce que laissent entendre la plupart des commentaires, la fascination pour "Loft Story" ne correspond pas à une régression du genre humain, mais au contraire à la découverte et à la pratique par toute une partie de la population de concepts clés de psychologie » résumait même à l’époque un psy de renom dans les colonnes du journal Le Monde. Et à l’instar d’un grand nombre de ses confrères qui s’étaient penchés sur le phénomène, il se risquait à ajouter que « Les téléspectateurs de Loft Story et ses protagonistes "lofteurs" ne sont pas des débiles mais des "passeurs", des explorateurs de nouveaux regards sur soi, des témoins de phénomènes psychologiques que seuls les initiés à Shakespeare, Stendhal ou d’autres auteurs de cette envergure connaissent un peu ».

 

Et de conclure: « Tant que cette émission ne dérive pas vers des atteintes à la dignité humaine, elle agit comme une sorte de pédagogie de l’hypercomplexité des rapports humains, en ne les réduisant pas à des marionnettes, mais à des êtres pensants intégrant totalement la richesse des effets des moyens modernes de communication ». Rien de moins ! Huit ans après, personne n’oserait, je pense, philosopher de la sorte sur cet indigeste ( et très regardé) programme qu’est Secret Story. Lors d’une récente rencontre avec le PDG de TF1, Nonce Paolini, ce dernier m’avait taquiné à ce propos : « Alors,, vous n’aimez pas Secret Story ? ». Et d’ajouter dans un sourire : « Vous avez tord. Pourquoi ne pas faire l’éloge de la vacuité». Vu sous cet angle…