Le billet hebdomadaire de Philippe Gavi qui revient à juste titre sur la disparition programmée de l’agence Gamma, une belle agence de photos victime de la crise des journaux et de la mondialisation d’une information jetable et dévorée par Internet. Un univers où l’illustration est devenue tristement accessoire.
Je me joins de tout mon cœur à l’appel « Sauvons l’agence Gamma ». Après quarante deux ans d’existence et une légion (d’honneur) de photos qui ont fait date dans l’histoire du photo journalisme, et donc dans l’histoire illustrée de l’humanité, Gamma, en redressement judiciaire, suite au dépôt de bilan de la société Eyedea Presse, est menacée de mort. Les signataires craignent que la disparition d’une agence légendaire qui a su offrir « des regards uniques et indépendants », et qui « a contribué à faire de Paris la capitale mondiale du photo journalisme », soit « un pas de plus vers la fin du pluralisme de l’information ». Je trouve génial que des personnalités autant de droite que de gauche (Martine Aubry, François Bayrou, Olivier Besancenot, Marie Georges Buffet, JF Coppé, André Glucksmann) et des directeurs de journaux, d’autant plus solidaires que leurs publications sont contaminées par la crise ( Mougeotte, Joffrin, Olivennes, Plenel, Toranian), militent pour la survie de Gamma. Je ne crois pas que le pluralisme soit menacé et je me fous de la réputation de Paris. En revanche, c »est le cœur d’un métier essentiel qui est malade: le journalisme d’information. Significatif, Nicolas Hulot fait partie des signataire. Car ce qui est en jeu sur le fond, c’est l’obligation, pour ne pas sombrer, de réfléchir à une écologie de la société de l’information face à un système économique aujourd’hui défaillant fondé sur les lois du marché, et de la consommation.
Le même système qui a permis à la société de l’information d’émerger, à Gamma d’exister fait qu’à l’heure actuelle toutes les entités professionnelles, toutes les entreprises qui couvrent l’actualité, titubent. Toutes sont sommées de trouver des recettes complémentaires qui ne découlent pas de leur métier de base: agences de presse, producteurs de documentaires, quotidiens. Je pense à Libé, au Monde, au Figaro, à l’AFP, à l’agence audiovisuelle Sunset d’Arnaud Hamelin ou à Capa de Hervé Chabalier (qui fêtent leurs vingt ans les étagères chargée de trophées mais les caisses vides).
En réalité, le journalisme, sous toutes ses formes, est en panne économique depuis des années. A la fin du vingtième siècle, trois géants concentrent le marché mondial de la photo. Deux américains, Corbis (propriété de Bill Gates) et Getty, et le Français Hachette Filipachi. Bilan des courses en 2009? Le Français, plus orienté vers l’image d’actualité (la french touch), a vite baissé pavillon, et les deux Américains, qui perdent aussi de l’argent dans le photo journalisme, doivent leur survie (sans prospérer) à la vente clés en mains (avec les droits afférents de stars) de photos d’illustration à la pub et à l’édition. A Londres, l’équipe de Getty s’articule autour d’un studio, avec un directeur de création. Gamma, avec son comité de rédaction, était devenu l’exception, chevaleresque.
Les raisons de la pandémie sont mathématiques: les recettes sont inférieures aux dépenses. Plus les médias d’information sont en crise, plus ils tentent de réduire leurs dépenses, plus le photo journalisme boit le bouillon. Les paparazzis sont les seuls à tirer leur pelote du jeu.
Quelle solution? Une intervention de l’autorité publique? Mais alors qui décidera de ce qui relève de la concurrence ou de la subvention? Je n’ai pas la réponse. Il me semble que la question du journalisme d’information est pour l’Europe un enjeu politique majeur et que jusqu’à présent Bruxelles s’en est tenu à une médiocre orthodoxie libérale. PG
NB: en illustration, cette photo restée célèbre de mai 1968, signée Gilles Caron,
l’une des grandes signatures de Gamma
août 17, 2009
Cher vieux camarade,
Ton billet serait touchant de naïveté si tu avais vingt ans; mais, tu as une belle expérience du commerce de l’information derrière toi donc je m’interroge…
Tu ne peux pas ignorer que la crise des agences photographiques n’est pas nouvelle, qu’elle a de multiples causes.
Certes la principale est comme tu le dis que la colonne débit est plus grosse que celle des crédits; or, les journaux, les magazines sont ceux qui alimentaient cette colonne crédit ! ça ne te pose pas de problème que dans les bien-pensant signataires, il y est bon nombre de rédacteurs-en-chef, de directeurs-de-rédaction, et même de publications qui sont les premiers à « tirer » les prix !!!
Le reste des signatures se partageant entre des photographes naturellement solidaire, mais également peu enclin à s’interroger sur l’opportunité des procès passés intentés aux mêmes agences; et, des signataires ignorant tout du « marché de l’information illustrée ». Tiens d’ailleurs, j’y pense, sais tu combien le Nouvel Obs règle à Gamma pour les droits d’auteur de la photographie de Gilles Caron ?
Je lis dans un concurrent du Nouvel Obs, qu’un photographe se félicite qu’il y est encore des magazines pour publier des « grands » reportages de plusieurs pages avec photo en couverture… Bravo ! Le reportage en question à ma connaissance se déroulait en Afrique, pendant plusieurs semaines et aurait été payé dans les 3 000 Euros. Déduction faite des frais (avion, hotel, ammortissement du matériel photo, etc.), il reste quoi à notre photographe pour faire vivre ses gosses ?
Autre réflexion : tu sembles ignorer que les magazines paient aujourd’hui, comme hier d’ailleurs, la photo au kilo grâce aux abonnements qui leurs permettent d’utiliser le flot fournis par les agences AFP, AP, Getty et autres…. Et par dessus le marché, cela inclut la publication sur le web !!!
Bref, mon cher camarade, je m’étonne que l’enquéteur avisé que j’ai connu jadis gobe, comme un gogo, cette pétition ou s’affichent bon nombre de fossoyeurs des tarifs de publication des photographies.
Ne crois tu pas que justement le passé de cette agence mérite mieux qu’une pétition ?
Amicalement tien
mp
août 17, 2009
VOTRE ATTENTION :
Ah le web ! Une malheureuse confusion de ma part me fait attribuer ce billet à Philippe Gavi, tandis que l’auteur en est Renaud Revel, lequel « blogue » sur L’Express !!!
Bon, Renaud Revel, Philippe Gavi et les lecteurs pardonneront je l’espère cette bévue dont la cause est un ramollissement estival de mon cerveau.
Le fond, reste quelque soit l’auteur du billet.
Milles excuses
août 17, 2009
Monsieur Puech,
vous ne vous êtes point trompé, c’est bel et bien Philippe Gavi qui éditorialise le lundi sur le bloug de Renaud Revel.
août 28, 2009
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juin 22, 2010
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