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Comme chaque lundi, Philippe Gavi nous livre sa chronique. Et en ligne de mire, là aussi, Brice Hortefeux. 

 
« Tolérance zéro pour tout le monde », titre le JDD, pour chapeauter l’interview de Brice Hortefeux. Le ministre de l’Intérieur n’a pas exactement dit cela. Le journal l’interroge sur sa décision de porter plainte, pour diffamation, contre des « témoins » accusant la police d’être responsable de la chute mortelle d’un jeune homme à l’issue d’une course poursuite. Des « habitants » du quartier ont affirmé avoir vu la voiture de police heurter la moto. Alors que l’enquête d’accidentologie a conclu qu’il n’y avait eu aucun contact. « Est-ce le retour d’un discours très à droite ? ». Réponse de Brice Hortefeux : « Mes objectifs  sont clairs : tolérance zéro pour les voyous, bavure zéro pour les policiers, qui le souhaitent autant que moi ».  Il ne parle donc pas de tolérance zéro pour tout le monde,  seulement pour les voyous. Quant à sa condamnation des bavures des policiers, c’est une évidence, mais ce « bavure zéro » est un engagement démagogique. Il y aura toujours des bavures, comme il y aura toujours des voyous, y compris dans la police, des morts sur la route, des trains qui déraillent ou la pluie l’été en Bretagne.

L’expression « tolérance zéro », fort goûtée à droite (c’est une marque de fabrique), tire sa force du couplage de deux contraires, tolérance et zéro Elle rassurera les niais qui confondent fermeté et langage d’autorité, efficacité et logorrhée sécuritaire. Mais elle reste de la foudre aux yeux. Elle m’a toujours réfrigéré. Depuis plus de deux ans, Sarkozy ou son ministre de l’Intérieur la martèlent périodiquement, d’un ton martial, comme un rappel de piqure, chaque fois qu’un fait divers de délinquance vient choquer l’opinion, ou à propos de l’immigration clandestine.
Au début, dans le cadre d’un discours sécuritaire de campagne présidentielle, fustiger le « laxisme » de la gauche était de bonne guerre. Mais aujourd’hui, on est dans l’incantatoire et le constat d’échec : si laxisme il y a, le Pouvoir ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Pourtant, la presse reprend le « tolérance zéro » du ministre, comme si c’était une information forte sur la politique à venir. Alors que la formule choc relève de la com, niveau zéro.

Le ministre, sur la défensive, se garde bien d’ailleurs de se mettre les médias à dos. Dans un communiqué il précise que « la plainte vise naturellement les seules personnes qui ont tenu ces propos diffamatoires, et non les organes de presse qui en ont rendu compte ».
Que l’on sanctionne les faux témoignages ne me choque pas, mais s’il fallait poursuivre tous les mauvais témoins (je pense aussi bien aux affaires de divorces), les tribunaux ne désempliraient pas (déjà que…). J’ajoute que cette décision de poursuivre ne va pas encourager les témoins de vraies bavures policières à venir témoigner.
Tout ça est du pur verbiage pour faire plaisir à la confrérie policière. Je gage que les « diffamateurs » visés,  ceux qui ont été cités par l’AFP et Libération.fr, obtiendront un non lieu, faute de pouvoir prouver leur intention de nuire.
Puisqu’on parle de voyous,  le « Madoff » est devenu une appellation contrôlée. Il s’en découvre chaque jour un nouveau sur la planète. Il y a quelque chose de rassurant : le Madoff se recrute dans les milieux religieux les plus variés, et même antagonistes. Tandis que le Madoff authentique essorait les milieux juifs, un certain Salah Ezzedine, homme d’affaires libanais et proche du Hezbollah, a dépouillé ses amis de la communauté chiite sans plus de scrupules que son confrère juif américain.