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Lu dans « Libé » que Valérie Boyer, députée UMP, et une cinquantaine d’élus, avaient déposé la proposition de loi suivante. Afin d’éviter des représentations erronées de l’image du corps qui « peuvent conduire des personnes à croire à des réalités qui très souvent n’existent pas », afin aussi de « mettre fin aux représentations stéréotypées de la femme »,  toute retouche à une image commerciale de femme devra être signalée, tout ce qui camouflerait rides, bourrelets. Visés,  les magazines, les affiches politiques, la pub, les emballages…Il faut savoir que Valérie Boyer fait une fixation sur les comportements alimentaires et les filles qui s’arrêtent de manger pour avoir un corps de rêve ; elle est déjà l’auteure d’une proposition de loi sanctionnant d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, l’ « incitation à l’anorexie et l’extrême maigreur ». 
Je ne doute pas des bonnes intentions de ces parlementaires. Ils  ne manquent pas de sensibilité, d’intelligence, de logique. Pourtant, comment expliquer que ce qui a moi semble évident, autant que deux plus deux font quatre,_ qu’une telle loi serait absurde, ridicule inapplicable, réac _, leur a échappé ?
Voici  mes arguments.
Un, question de principe pour une saine démocratie : méfions nous à priori des lois sécuritaires spéciales (attachées à un détail), circonstancielles (inspirées par des faits divers) et donc émotionnelles.
Méfions nous aussi de l’absolu, et de l’obsession moderne du risque zéro (qui conduit à s’attaquer à tous les agents dits corrupteurs et aux influences dites néfastes), et de la tendance à ériger en principe moral l’existence d’une pureté en soi donnée comme vérité unique..

Deux, la loi est inapplicable. Qu’est-ce qu’une retouche? Comment, qui va vérifier l’état original du corps ? Faudra t-il convoquer les cover stars dans un cabinet de déshabillage ? Et si c’est la nana qui veut se faire une retouche, que fait la police ? Faudra t-il avertir le public : « attention,  lifting,  bourrelet caché, vieille peau » ? Ajoutons que le droit de la personne sur son image (et à jouer et tricher avec elle) est protégé par une loi.
 

Trois,s’il faut condamner les apparences qui font illusion, bonjour au tribunal des flagrants délires. C’est toutes les images qu’il faudrait sous-titrer Mention « l’angle et l’éclairage avantagent la personne interviewée ». Mention « le sourire est faux », « les  dents ont été refaites », « il porte des talonnettes ». Mention sur les icones religieuses…
Quatre, il n’y a pas de cause unique à un comportement humain  L’anorexie est une maladie. Si des filles s’arrêter de manger jusqu’à en mourir, c’est qu’elles ne sont pas bien dans leur tête
Cinq, l’avertissement est inutile. Les filles ne sont pas des demeurées ; les pires des groupies savent bien que les photos des célébrités sont retouchées. Montrer des  images non retouchées des stars en maillot de bain est un marronnier des magazines people.
Six, s’il y a un problème grave de santé publique, c’est celui de l’obésité, pas de l’anorexie. D’où l’obligation récente pour les pubs alimentaires d’un bandeau mettant en garde contre le mal manger.

On a donc une loi qui veut inciter les gens à manger moins, et on aurait une autre qui les inciterait à manger plus ! Qu’on dise aux gens « ne crois pas tout ce que tu vois, ne crois pas tout ce que tu entends, pense avec toi-même », très bien, Socrate le professait déjà. Mais il n’appartient pas à loi de se substituer aux clercs, aux philosophes, aux enseignants. Cette proposition n’a aucune chance d’être votée ?Pourquoi alors y perdre du temps ? PG