«Questions d’honneur » : sous ce titre, le quotidien Le Monde consacrait hier une pleine page au journaliste et directeur de La Républica, Ezio Mauro, celui-là même qui mène en Italie depuis des semaines la traque contre Silvio Berlusconi. Le Monde trace ainsi le portrait hagiographique d’un chevalier blanc, d’un gascon immaculé du journalisme qui par son opiniâtreté, son indépendance et son courage, aurait rendu à toute une profession ses lettres de noblesse.
L’article en question est si laudateur qu’il en oublie de rappeler que depuis des semaines La Républica et son icône de patron ont utilisé à l’encontre du « Cavaliere » des méthodes dignes des tabloïds anglais les plus trashs : transcription d’écoutes téléphoniques, publication de confidences plus qu’intimes de call girls sur les pratiques sexuelles de l’homme d’affaires et président du conseil italien, questions sur sa virilité, violations répétées de sa vie privée, pressions publiques sur Berlusconi, lui-même, sommé par le patron de la Républica de venir s’expliquer sur ses écarts…Tout est utilisé dans le but de faire plier un dirigeant politique devenu l’homme à abattre d’un quotidien de gauche.
Mais pas n’importe quel journal. Car ce qu’omet de rappeler Le Monde, c’est que Ezio Mauro dirige une publication dont le propriétaire n’est autre que Carlo de Benedetti : Homme d’affaires influent et figure de l’establishment italien, cet industriel de 75 ans mène depuis 30 ans un combat de chaque instant contre Silvio Berlusconi, qu’il s’est promis tout simplement de détruire. Et le groupe de presse qu’il possède est devenue « sa » machine de guerre. Ce petit point détail rappelé, on ne peut que s’interroger sur les véritables motivations d’un tel acharnement contre un homme politique dont la vie privée est passée au laminoir. Et les italiens, qui commencent à être un peu écœurés par ce grand déballage, ne s’y sont pas trompés, puisque la côte de popularité de Berlusconi n’a pas faiblie ou si peu.
L’autre aspect de l’affaire Berlusconi concerne l’attitude de la presse française. Je suis assez estomaqué de la manière dont les journaux français ont repris sans distances, sans nuances, ni vergogne, toutes les allégations de la presse italienne. C’est ainsi que l’on a vu la plupart de nos quotidiens piétiner allègrement les règles sacro-saintes qu’ils s’appliquent scrupuleusement depuis des lustres, dès lors qu’il s’agit de la vie privée d’un homme ou d’une femme politique. Du cancer de la prostate de Berlusconi à ses performances sexuelles, tout a été repris, raconté, délayé avec gourmandise…Comme si la nationalité de l’intéressé autorisait toutes les entorses à la déontologie, toutes les dérives, tous les passes droits. C’est cette même presse qui tût durant des années le cancer de François Mitterrand, l’existence de Mazarine, le ballet des courtisanes autour de l’ancien président de la République défunt, ses histoires d’alcôve dont le Tout-Paris se rengorgeait, les écarts de Giscard ou de Chirac, aussi, comme les frasques sexuelles d’une pléiade d’élus de la République. Et ce jusqu’à certains des épisodes de la vie privée de Nicolas Sarkozy, soigneusement mis sous le boisseau, photos et textes, (exception faite de l’affaire Cécilia, seul faux pas de Match), au moment de la campagne pour la présidentielle.
Au nom des grands principes qui régissent la profession et que les journalistes s’empressent à mettre en avant, tel un oeillet épinglé à leurs boutonnières, les organes de presse de notre beau pays se sont imposés une règle d‘airain: l’ omerta. Motus sur toute la ligne. Mais Berlusconi n’est pas la France, et l’Italie, on le sait, ce n’est bien sûre que du folklore! Alors, allons y ! Et qui cela gène ?
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septembre 16, 2009
excellent papier MR REVEL
Cela me confirme que vos confrères attestent d’une certaine agressivité envers les personnalités de droite car il est vrai sous FRANCOIS MITERRAND, les journalistes ont été mis sous tutelle!!!!!!!!!!!!!!!
regardez depuis quelques mois,c’est la guerre ouverte entre le gouvernement SARKOZY et les journalistes où la délation à travers des vidéos a encore malheureusement des beaux jours en 2OO9
RTBF chaine publique autant à gauche que notre service public FRANCAIS pratique les mêmes méthodes à savoir de la politique politicienne
sincères salutations
septembre 16, 2009
@ thierry
ok avec vous
l’opposition en france, c’est les journalistes!!
le canard déchaine tape maintenant sur BOORLO
entre la presse de gauche et SARKOZY,une ambiance malsaine s’est instaurée
inquiétant!!
septembre 16, 2009
Je ne comprends pas. On n’arrête pas de nous seriner que nous sommes en dictature, que la presse n’est plus libre, qu’elle est à la botte de Sarkozy…
Comment une presse muselée peut « se déchaîner » contre Sarko et le gouvernement.
Je comprends d’autant moins que le dangereux gauchiste Renaud Revel, de sinistre mémoire bien sur, est désormais exilé à St Pierre et Miquelon.
Mais que font les nervis casqués de blond de Mr Hortefeu ?
septembre 16, 2009
Qui cela gène? Je ne sais pas mais cela me gêne.
En ce qui concerne la vie privée des hommes et des femmes politiques, il me paraît souhaitable que la règle d’airain de la presse écrite ou audiovisuelle soit l’omerta (sauf si un politique a un comportement criminel)
Le Monde veut concurrencer » Voilà le journal le plus trash « ? Ce n’est pas sérieux! A chacun son domaine.
@ Thierry
Heureusement qu’il n’y a pas que la Bouig-Bouig comme chaîne de télévision!…
septembre 16, 2009
OK.
C’est bien qu’un éditorialiste rappelle de temps en temps qu’on traite, de ce côté-ci des Alpes, l’Italie avec un réel mépris.
septembre 16, 2009
La critique est toujours bonne . Mais il est vrai que La Repubblica est un contre-exemple . Son propriétaire , De Benedetti a été le vice-président du Banco Ambrosiano . Il s’est retiré de cette banque en faillite avec d’incroyables bénéfices . Il faudrait ajouter de plus que le fondateur de Repubblica , éditorialiste toujours le plus influent de la gauche italienne aujourd’hui, était l’un des rédacteur en chef , en 1942, de l’hebdomadaire « Roma Fascista » , qui pronait un alignement total sur la politique (notamment raciale) du régime hitlérien .
septembre 18, 2009
Tout le monde sait bien que Berlusconi est un homme politique pourri qui possède pratiquement tous les médias , médias qui font sa promotion chaque jour, plutôt même de la propagande ..
Il y aurait encore en Italie un journal opposé à Berlusconi… Quel drame ! LOL
Un dirigeant italien comme Berlusconi qui se prend pour le Duce, faudrait le ménager ?
Parce qu’il est ami avec N. Sarkozy ?
Mr Revel, son cancer de la prostate à Berlusconi, c’est vous qui me l’ apprenez .. LOL
Vous voyez quand vous voulez … Vous pouvez nous en apprendre des choses Mr le journaliste ! LOL
Vous raillez les journalistes français, les mêmes qui selon vous nous ont caché la fille de Mitterrand et son cancer …
Et vous Mr Revel, vous nous cachez quoi aujourd’hui ?
septembre 20, 2009
Bonne analyse de la lâcheté/faux courage de beaucoup de médias français.
Il y a aussi un autre point.
Berlusconi est de droite, et pour les médias français, tous les chefs d’états étrangers de droite sont des imbéciles ou des salauds. C’est une tradition locale.
Il est très difficile d’avoir une vision claire de la politique d’un gouvernement conservateur ou libéral étranger dans les médias français. C’est comme ça.
(Obama qui a pulvérisé les dépenses pour sa campagne (et donc les dons de grands groupes) très peu de discutions… SI cela avait été un conservateur..)
Maintenant Berlusconi a des sacrés casseroles. Pourquoi attaquer par le bas ?