25 ans! «Putain déjà…» ironiserait la marionnette en latex de Jacques Chirac dans les Guignols de l’Info. La chaîne cryptée, présidée par Bertrand Méheut, célèbre, en effet, son quart de siècle d’existence, sans avoir pris une ride. Peu de monde,il y a un quart de siècle, aurait parié sur une telle longévité, Canal+ ayant réchappé par deux fois à la disparition, au cours de sa jeune histoire. La première, en 1985, quand encalminée, sans abonnés, ni ressources, la chaîne cryptée était sur le point de disparaître: Laurent Fabius alors Premier ministre décrétera sa mise à mort, avant que François Mitterrand, sous les suppliques d’André Rousselet, son fondateur, (voir entretien), ne la sauve in extremis, en autorisant la diffusion sur son antenne d’un produit d’appel miracle, le film X! La seconde alerte remonte à 2002, avec la déconfiture du groupe Vivendi, qui verra Canal+ frôler le dépôt de bilan, alors que Jean-Marie Messier est poussé vers la sortie: ironie de l’histoire, c’est au moment où la chaîne cryptée sable le champagne, ce 4 novembre, sur fond de bons résultats, que l’ancien PDG de Vivendi doit affronter la justice américaine, saisie par une armée de petits porteurs, qui lui demande des comptes sur cette période…
Peu de gens en effet aurait pu pronostiquer que 7 ans après cet ouragan, Canal+ puisse afficher une telle santé. Avec ses 10,6 millions d’abonnés, dont 5,3 millions pour sa chaîne-mère, Canal+ (4552 salariés) affiche un chiffre d’affaires de 1 813 millions d’euros et continue d’engranger des abonnés: 600 000 l’an passé et 94 000, pour la seule période janvier-juin 2009. Même la pub continue de dégouliner de manière insolente dans les tranches en clair de la chaîne où on ne sait plus comment faire pour la loger. Pour recouvrer un tel allant il a fallu à Bertrand Méheut débroussailler, élaguer et tailler à la hache à tous les étages: couper dans les effectifs et réduire la voilure, notamment à l’étranger, où la chaîne cryptée s’était aventurée sans succès. Il a fallu aussi opérer des choix stratégiques déterminants, à l’image de la fusion des plates-formes TPS et Canalsatellite. Dans le même temps, l’équipe dirigeante de Canal+ a du investir lourdement dans le marketing, dans les technologies high tech, ainsi que dans la confection de nouvelles offres à la carte, toujours plus « segmentées », (sport, cinéma, jeunesse), à l’image de la création de Canal Plus le Bouquet.
Résultat, quand le PAF s’enrhume et s’enlise, quand TF1 dévisse et que M6 patine, Canal+ engrange. Épargnée jusqu’ici par la crise, la chaîne cryptée semble même s’en nourrir, puisqu’elle s’apprête à commercialiser deux nouvelles offres de programmes, dont une, «low-cost», à destination des petits budgets. Reste un dernier miracle: l’étonnante modernité d’une chaîne qui continue, sous la direction de son patron des antennes, Rodolphe Bellmer, de surprendre là où on la penserait essoufflée. S’il fallait retenir qu’un seul signe de la place qu’elle occupe toujours dans le Paf et de l’influence dont elle jouit comme jamais, c’est dans l’intérêt que suscite auprès des politiques en général et de Nicolas Sarkozy, en particulier, un rendez-vous comme le Grand Journal de Michel Denisot, qui le scrutent et s’en défient, qu’il faudrait aller le chercher.
A 87 ans André Rousselet, que j’ai rencontré, parle de cette aventure avec autant d’enthousiasme que de précision. A écouter celui qui ne parle plus en public, on se persuade que cette aventure n’aurait jamais vu le jour sans la pugnacité et la détermination de cet homme au caractère trempé et à la volonté de fer. Cette photo de lui est ancienne et date de l’époque où Canal+ était son lopin, son domaine: son royaume.
octobre 28, 2009
P… 25 ans que je suis abonné !
Que n’ai-je pas subi au début : modèle économique en bois, chaine de snobinard parisiens (je vis dans le grand sud).
Et puis, petit à petit, les copains qui demandent : « tu regardes le match samedi ? », « tu peux m’enregistrer massacre à la tronçonneuse ? »
Et puis après, tout le monde l’a. Et maintenant, un groupe qui n’a aucune reconnaissance pour ses « vieux abonnés ». Les slogans « Abonnez-vous pour 15 eur » me font régulièrement penser qu’avec CanalSat et les chaines Ciné, j’en suis à 80 par mois.
En aparté : ne me dites pas que la photo de Rousselet est récente…
octobre 29, 2009
@ Jean Meyran :
« Cette photo de lui est ancienne et date de l’époque où Canal+ était son lopin, son domaine: son royaume. »
Et d’accord sur le peu de reconnaissance, in fine, aux abonnés historiques…
octobre 29, 2009
Bravo, mais…
Avec près de 300 millions d’euros de bénéfice nets chaque année et un Chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de milliards d’euros, pourquoi maintient-on la publicité à l’antenne (des plages en clair) de Canal+ ?
A l’origine, cela consistait à permettre à la seule chaîne payante du PAF, de croître. Désormais, elle n’en a plus du tout besoin et elle prive ainsi, les chaînes commerciales qui vivent à 100% de la publicité, de moyens de subsistance.
À quand un édito (courageux !) sur le sujet ?
février 20, 2011
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