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L’ « affaire Mitterrand » ! Ca commence à bien faire, ces polémiques fétides qui rebondissent comme un galet sur la surface médiatique des émotions, jusqu’au plouf final. Je ne ferai  pas le procès des médias. Ils font leur travail. J’observe seulement que dans notre société du tout info en temps réel, tout le monde est obligé de réagir, en direct, à chaud, même s’il n’y a rien à dire d’autre que l’on n’a rien à dire. La polémique se nourrit d’elle-même,  coprophage, avec un casting des intervenants réglé comme du papier à musique. Le Benoit Hamon est particulièrement coté. Avec lui, on est sur que ce sera du lourd…
Par deux fois depuis la rentrée, le porte-parole du PS, a réclamé la démission d’un ministre. Ce qui pose problème, c’est qu’il n’a pas condamné Brice Hortefeux et Frédéric Mitterrand pour des actes commis, mais  pour ce que ces deux ministres, en tant que personnes privée, penseraient en leur for intérieur. La malignité morale, l’indignité du personnage aurait été trahie pour le premier par une blague vaseuse, pour le second par un extrait de son livre « La Mauvaise vie ». Hortefeux est un raciste, Mitterrand  un pervers, ils déshonorent la République, démission.

Bon, Frédéric Mitterrand s’est expliqué au 20H de TF1. Il n’a jamais couché avec un mineur, et il condamne l’horreur du tourisme sexuel. Le reste est de l’ordre d’un récit dont l’auteur confesse le mal à vivre de l’homosexuel, ses fantasmes, les « mauvais lieux ». 
Réagissant au micro de RTL, Benoit Hamon s’est contenté d’un « dont acte ». .Il « reçoit » l’explication. Il consent à  ce que le ministre de la Culture reste au gouvernement. Mais il n’en démord pas, il a eu raison d’aboyer, Frédéric Mitterrand, maintient-il, est un « parangon d’ambigüité », il devait s’expliquer. Et d’accrocher une évidence civique, _ « personne n’est au dessus de la loi »_,  à ce qui lui semble une autre évidence, et qui ne l’est pas du tout, qui est une vision viciée, un spam de la démocratie. : « Il est normal que tout le monde se justifie ». . Comme si répondre d’un crime devant un tribunal, en tant que présumé innocent, et répondre à ses accusateurs et se justifier devant l’opinion publique, en tant que présumé coupable, étaient du même ordre.
Comme si la démocratie devait tendre à une transparence morale totale des dirigeants, jusqu’à une inquisition publique des pensées, des sentiments, et la négation de la complexité.
Qu’il ait injustement blessé un homme ? Hamon met sur le même plan le choc émotionnel subi par Frédéric Mitterrand et « l’émotion que ressentent ceux que révolte l’exploitation sexuelle ». Quand Jean-Michel Aphatie lui fait reproche d’avoir chaussé les pointures de Marine Le Pen et amalgamé homosexualité et pédophilie, il répond texto : « si amalgame il faut condamner, c’est celui entre l’extrême droite et nous autres dirigeants de gauche qui nous élevons contre l’exploitation sexuelle ». Relisez mille fois cette phrase : elle n’a aucun sens.
Et là, je peux comprendre qu’un certain nombre de socialistes de bon sens demandent la démission de leur porte-parole.
Philippe Gavi