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« Une tempête dans un verre à dents », s’exclame avec désinvolture Françoise Laborde dans Libération ce matin. Ce membre du CSA est aussi fumasse que son compagnon d’infortune, Rachid Arhab, deux journalistes de France 2 qui ont cru bon de ne pas couper les liens avec leur ancien employeur, en négociant lors de leur nomination au CSA un simple détachement.

Figure de style, point de détail, anecdote…les deux « sages » n’en finissent plus d’arpenter les plateaux de télés et les stations de radio pour y défendre, la main sur le cœur et l’éthique à la boutonnière, leur probité et leur honneur. Il serait en effet insultant de mettre en doute l’honnêteté et l’indépendance de ces deux journalistes. Il serait grossier d’imaginer qu’ils soient incapables de distance et d’esprit critique à l’égard d’une maison mère, avec laquelle ils n’ont pas cru bon couper les ponts. Juge et partie? Là n’est pas la question et Rachid Arhab, comme Françoise Laborde, ont tord de placer le débat sur ce terrain.

Car ce qui pose problème, c’est  tout simplement le non respect de la règle foulée au pied avec facilité. Il est en effet surprenant qu’une institution comme le CSA, si attentive à faire appliquer les textes et à faire respecter le droit, dès lors qu’une chaîne dérape où s’éloigne de ses obligations, soit si peu regardante dès lors qu’il s’agit de deux de ses membres pris en flagrant délit d’infraction avec la charte qui l’encadre. Un code qui prévoit tout simplement qu’un membre du CSA ne peut détenir, « ni directement, ni indirectement, d’intérêts dans une entreprise de l’audiovisuel, du cinéma, de l’édition, de la presse, de la publicité ou de la télécommunication»

Cette règle d’airain a d’ailleurs été transgressée par le passé  par quelques très rares ex membres du CSA, à l’image de  Philippe Olivier Rousseau qui avait quitté l’institution en juillet 1998 pour rejoindre discrètement la Banexi, une ancienne banque d’affaires très largement implantée dans le secteur de la communication. Plus récemment, Jeannine Langlois-Glandier avait été obligée de revendre ses titres Vivendi, au motif qu’elle suivait au CSA le dossier Canal+. Tandis que plus largement chaque membre du CSA en fin de mandat se voit imposer une période de veuvage stricte, durant laquelle il lui est interdit de poser un pied dans le secteur de la communication. C’est ainsi. Si on peut comprendre la colère et l’émoi de Françoise Laborde et de Rachid Arhab, cette transgression pose un léger problème. Confusion et mélange des genres : à défaut d’obliger ces deux conseillers à choisir entre France 2 et le CSA, (ce qui devrait être pourtant le cas au non de la loi ), ne devrait-on  pas réformer dans la foulée cette vieille règle et faire confiance aux membres de cette institution une fois nommés ?