«Je n’ai pas à arbitrer entre une personne privée qui dit ce qu’elle veut dire et un parlementaire qui dit ce qu’il a sur le cœur.». Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, refuse donc de trancher le différend qui oppose Marie Ndiaye à Eric Raoult. Lequel député UMP a souhaité, en effet, que les lauréats du Prix Goncourt soient désormais soumis à un impératif «devoir de réserve», suscitant un véritable tollé dans le monde littéraire et pas seulement.
On s’en souvient: dans une question écrite au ministre de la Culture, Eric Raoult avait jugé «insultants» les propos du dernier lauréat du Goncourt, Marie Ndiaye, qui, dans une interview aux «Inrockuptibles», cet été, avait qualifié la France de Nicolas Sarkozy «monstrueuse». Et le député d’en appeler à l’arbitrage d’un Frédéric Mitterrand qui semble vouloir botter en touche. Se dessinerait-il, ainsi, au fil des semaines, un « nouveau Mitterrand », moins intempestif, plus introspectif, claquemuré derrière une jolie langue de bois, bref, se dessinerait-il un ministre plus sage, rentré dans le rang et converti à la politique de l’autruche?
Ballotté pendant plusieurs semaines par une tempête médiatique et politique à propos de son livre, «Mauvaise vie», le ministre de la Culture se disait il y a peu «endurci» par le «bizutage carabiné» dont il a fait l’objet. «Je vais être un peu plus prudent, un peu plus attentif», expliquait-il alors au micro de RTL. C’est ainsi que fort de cette règle, Frédéric Mitterrand n’avait déjà pas souhaité réagir à chaud à l’interdiction préfectorale d’un spectacle que devait donner l’humoriste Dieudonné. «Voilà bien des domaines où une réaction émotive est inappropriée», avait alors estimé un Mitterrand réfugié sous sa couette, et dont le cabinet semble avoir repris en main la communication, désormais corsetée.
Le silence de Mitterrand est d’autant plus incompréhensible dans l’affaire du Goncourt que pour une fois il n’y a pas même pas débat: c’est l’ensemble du monde culturel qui tire à boulets rouges sur un Eric Raoult qui confond, comme le disait ce matin Bernard Pivot, au micro de RMC, un lauréat du Goncourt avec un préfet ou un haut fonctionnaire. Pas une voix n’est d’ailleurs venue au secours d’un député-godillot, fustigé jusque dans les rangs de la majorité, où l’on juge sa sortie plutôt maladroite. D’autant plus saugrenue que les propos incriminés de Marie Ndiaye datent d’une période bien antérieure à son Goncourt.
Au nom de la liberté de parole d’un auteur, que risquait Frédéric Mitterrand à défendre la main sur le coeur un principe, ce qui ne coûte rien? Une posture presque convenue pour un ministre de la Culture, que chacun aurait salué et qui n’aurait pas empêché l’intéressé de prendre ostensiblement ses distances à l’égard des propos mêmes de l‘auteur. De ces petits numéros d’équilibrisme dont les politiques sont coutumiers, mais que n’a pas voulu tenter le pourtant funambule Mitterrand.
novembre 12, 2009
Après la mauvaise vie….le mauvais ministre…
novembre 12, 2009
Après le Goncourt, le prix du courage politique pour Frédo, peut-être…
novembre 12, 2009
Enfin une parole sage de FREDO ^_^
après tout qu ils se débrouillent Marie Ndiaye and Eric Raoult à toujours vouloir se servir des autres ce E Raoult