ImmediaS

Qu’est-ce que la jeunesse ? On peut se poser la question avec le clip des Jeunes populaires de l’UMP. Attention, je ne suis pas méprisant. Ce « Tous ceux qui veulent changer le monde », repris du hit du québécois Luc Plamondon (1976), n’est pas plus ridicule que les pom pom girls des stades, les ABC girls du jeu de France 2 « En toutes lettres », les répétitifs « We are the champions », ou ces salles échauffées qui depuis des décennies chantent le « c’est la lutte finale ». Parlons plutôt de l’absurde.

Les ministres choristes ont dû hésiter, mais puisque les Jeunes leur juraient que l’idée était géniale, gaie comme la jeunesse, ils ont dû craindre de passer pour de vieux bonzes. Je veux bien, et c’est même sympa, qu’ils chantent « pour que la terre soit féconde », que Nadine Moreno et Xavier Bertrand appellent à venir « marcher à leurs côtés sur les chemins de la liberté », que Besson veuille  bâtir une « nouvelle société », que Frédéric Lefebvre prenne « les chemins de la liberté », que Eric Woerth  « nourrisse l’espérance ». Ou que pour Christine Lagarde, « la vie est une éternité » ; quoique, dans la bouche du ministre aux cheveux blancs, la plus âgée de la bande, ça fait un peu double sens. Et puis l’éternité, c’est bien long.
Passons. Mais quand Rachida Dati entend « la  révolte qui gronde », là, on disjoncte. L’UMP, le parti de la révolte ? Le plan furtif, limite propagande subliminale,  de Sarkozy et Obama, cote à cote à une tribune mondiale, accentue le malaise. .
 

Comment comprendre que les spin doctors de l’UMP aient laissé faire ? Ou encouragé ? Christophe Lambert a bien coaché la candidature de Jean Sarkozy à la présidence de l’EPAD. Son credo est assez brutal. Plus il y a contre temps, rupture des codes, plus on capte l’attention. Jacques Séguéla, c’est autre chose, il a toujours prisé la pub spectacle, le baroque, la récupération et les montres Rolex. Ces conseillers du palais ont un trait commun : ils ne font pas la distinction entre la politique et la communication. Aller s’étonner que l’Elysée ait commandé des sondages à la pelle !
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,, et les mots pour le dire arrivent aisément », disait Boileau. Ce clip est un syndrome d’une complète confusion mentale. Il fait voir et entendre qu’être jeune, c’est faire jeune d’apparence. Le message est dans la forme, l’emballage, le jingle, le logo. Les mots ont perdu leur force à défaut de leur sens. Les idées, les projets politiques, les valeurs, les stars sont interchangeables.

J’ai sous les yeux une étude réalisée par une grande agence de pub. Titre : « l’inversion des âges ». Renversant : les vieux ont épousé les valeurs de la jeunesse, les jeunes celles de la vieillesse. 27 % des jeunes pensent que le sommeil est plus important que le sexe, contre 16 % des seniors. Il n’y a plus que les vieux à se dire optimistes sur l’avenir et à se révolter contre la crise. Le Fun, c’est pour les plus de 50 ans.
Significatif, on doit à Luc Plamandon et Michel Berger «  Starmania » en 1976, et « La légende de Jimmy » en 1990. Le rock, James Dean, la jeunesse, la révolte, l’idéalisme et pourquoi pas Guy Mocquet et Albert Camus sont des valeurs qui appartiennent à tous. A se demander quelles sont celles de l’UMP. Philippe Gavi