La nouvelle est tombée un matin: «Appelé à la rescousse, un journaliste de CNN opère une Haïtienne au crâne.» Cet homme, c’est Sanjay Gupta, 40 ans, à la fois reporter vedette et neurochirurgien. Depuis le début du drame, il est en Haïti. Et il est devenu le symbole d’une information-spectacle dénoncée par une grande partie de la profession, aux Etats-Unis, ainsi que par bon nombre d’ONG sur place que cette captation du drame haïtien par l’armada des médias américains, et pas seulement, insupporte.
Très spontanément, on est naturellement tenté d’abonder en ce sens et de stigmatiser ce journaliste vedette de CNN, devenu en l’espace de quelques jours l’attraction du moment. Reste qu’à lui seul cet agité du bocal et ses numéros à la Dr House, ont réussi à mobiliser une grande partie de l’opinion américaine qui a fait preuve de générosité, puisque les dons affluent en masse.
Le poids des témoignages, le choc des images…Jamais les médias auudiovisuels n’auront autant concouru à la mobilisation d’une opinion tout entière au chevet des haïtiens. Au point que beaucoup de voix, dont celle de l’ancien président de Médecins Sans Frontières,Rony Braumann, se sont élevées, pour dénoncer l’OPA sur ce drame de médias transformés en officines médicales et en soutiens des ONG. Ont-ils outrepassé leur rôle en se faisant le relais d’Organisations Non Gouvernementales aujourd’hui à leurs remorques? Et quid de l’indépendance des journalistes sur le terrain et de l’objectivité de l’information qu’ils dispensent quand la chaîne qui les emploie est étroitement liée à telle ou telle ONG? Est-ce le rôle, enfin, d’une ONG que de se placer dans le sillage d’une radio ou d’une télé, des médias avec lesquelles elles ont souvent noué des accords exclusifs, afin de récolter des dons?
Ce débat, qui a pris de l’ampleur ces derniers jours, me paraît bien fumeux. Faudrait-il repousser des bonnes volontés au motif que certains verraient dans ce qui relève d’une démarche simplement humanitaire une confusion des genres? C’est insultant pour les rescapés de ce séisme qui, loin des salons parisiens et des querelles de chapelles, ne font guère de différences entre l‘aide de tel ou tel: la mobilisation ne se mégotte pas, seule compte la main tendue.
Si l’on peut en effet s’insurger contre les numéros d’un Sanjav Gupta, qui reste un cas bien isolé, on ne peut que louer les efforts déployés par des chaînes qui ont joué un rôle moteur: quelle formidable caisse de résonnances ! Combien de séismes, bien plus ravageurs encore, sont restés confinés, claquemurés, négligés, parce que l’opinion en ignorait tout simplement l’importance, en raison du peu d’intérêt que leur portaient les médias ? Le fameux kilomètre-émotion…
L’exception haïtienne peut apparaître du coup choquante. L’implication des Etats-Unis et la mobilisation de la France, qui s’expliquent par des raisons culturelles et géopolitiques, nous renvoie à des précédents, (Inde, Chine, Turquie…), qui n’ont pas jamais eu droit à de telles couvertures médiatiques. Répétitif, trop loin, peu stratégique…Il est triste de convenir que le Tsunami mobilisa la planète pour une seule et même raison : la force des images d’une déferlante que l’opinion regarda en boucle, comme l’on assiste à un spectacle catastrophe hollywoodien. Les ONG devront s’y résoudre : Internet et les médias audiovisuels sont des relais autrement plus puissants et mobilisateurs que les traditionnelles campagnes de pub de telle ou telle Organisation. Que seraient aujourd’hui les Restos du Cœur sans l’implication de ce rouleau-compresseur qu’est la télé?
janvier 25, 2010
René Braumann, regrette que des grands médias s’associent à des ONG, pour venir en soutien à Haiti. Ce rapprochement est selon l’ancien président de MSF contestable dans la mesure où l’information de ces mêmes médias risquent d’en être altéré. Pourquoi ? En favorisant l’émotion au détriment de l’information. Je signe des deux mains.
D’ailleurs n’est pas ce qui s’est produit pour le tsunami. Les médias mis en cause avaient ensuite fait leur travail en enquêtant sur la destination des fonds récoltés.
janvier 25, 2010
c’est peut être le même qui se met en scéne en barbouillant de rouge un jeune haïtien qui pleure et refuse dêtre déposé contre son gré sur un tas de gravas pour faire la photo !reportage passé à la télé hier .C ‘est un fou dangereux ce mec.Mais encore plus écoeurant son journal qui cautionne et le gouvernement qui ne s’en mêle pas..