A moins d’un mois de la désignation du successeur de Patrick de Carolis, l’étau se resserre autour de quelques noms. Le premier cité, je l’ai déjà écrit, est Alexandre Bompard. Cet ancien collaborateur de François Fillon, aujourd’hui à la tête d’Europe 1, a fait ses classes à Canal+. Inspecteur des Finances et ancien patron des sports de cette chaîne, il figure toujours en très bonne place dans la liste du chef de l’Etat, qui ne tarit pas d’éloges….
Mais sa proximité avec François Fillon est peut-être aussi son handicap du moment… Grand favori il y a encore quelques jours, Alexandre Bompard est devenu l’espace d’un week-end, (celui des Régionales), une pièce sur l’échiquier politique, et peut être un élément de discorde dans la partie de bras de fer que se livrent le chef de l’Etat et son Premier ministre. L’extrême tension entre l’Elysée et Matignon rejaillit, en effet, sur les dossiers et peut compliquer certaines nominations. Ce qui était limpide avant le premier tour des élections régionales, l’est beaucoup moins aujourd’hui. C’est ainsi qu’en l’espace de deux week-ends, la succession de Patrick de Carolis a pris un tour nouveau. Le cuisant échec des Régionales, conjugué aux divisions de la majorité et aux menaces de sécession de François Fillon, ont radicalement changé la donne et transformé cette nomination en un enjeu politique. Nicolas Sarkozy, qui avait joué les laborantins en installant Jean-Luc Hees à la présidence de Radio-France, veut installer à France Télévisions une personnalité professionnellement incontestable et politiquement compatible avec les humeurs de sa majorité.
Alexandre Bompard au milieu du guet ? L’intéressé n’a pas que des alliés au château, où l’hypothèse de la nomination de Marc-Olivier Fogiel à un poste important à France Télévisions, (où on le dit notamment remplacer Michel Drucker à l’antenne, le dimanche), fait figure, pour certains, de casus belli. Notamment pour Carla Bruni, qui n’a pas pardonné au journaliste le traitement que Fogiel lui avait réservé sur l’antenne d’Europe 1. Point de détail ? Peut être.
D‘autant qu’Alexandre Bompard peut trouver, dans sa filiation avec François Fillon, un argument auquel les parlementaires de l’UMP ne seront sans doute pas insensibles. Il ne faut pas oublier, en effet, que le Parlement et l’UMP vont jouer un rôle moteur dans cette élection. C’est dans ce contexte éminemment politique que Nicolas Sarkozy a été contraint de renoncer récemment à la nomination de Malek Boutih à la tête de la Hald, lui préférant une présidente « UMP-compatible ».
C’est ainsi que le choix d’Alexandre Bompard, s’il intervient, se fera après que Nicolas Sarkozy ait sondé les rangs de sa majorité, où Jean-François Copé aura un rôle clé.
Et c’est dans ce contexte qu’un autre nom vient de resurgir pour France Télévisions, qui pourrait jouer les trouble-fête: Rodolphe Belmer. Reçu dernièrement à l’Elysée, le patron de Canal+, (toujours «Canal»!) est la toute dernière figure du Paf en date sondée par le chef de l’Etat pour le poste. Non seulement, l’intéressé a fait son tour de piste au Château, mais il a également rencontré Frédéric Mitterrand. L’intérêt que porte le chef de l’Etat pour le brillant patron d’une chaîne qui l’étrille quotidiennement depuis deux ans, serait pour le moins culotté. Le « coup » n’en serait que plus jubilatoire pour le locataire de l’Elysée qui pratique l’art du contre-pied. Mais là aussi, qu’en diront les parlementaires de la majorité? Difficile d’imaginer pour autant les députés retoquer le choix d’un homme qui a contribué à faire le succès de la chaîne cryptée…
Et les dés roulent…Projet contre projet, profil contre profil, « Canal» contre « Canal », Bompard contre Belmer ! c’est semble t-il à l’heure qu’il est l’un de ces deux hommes qui pourrait débouler à la tête de France Télévisions dans les prochaines semaines. Tout sera fonction au moment du choix du climat politique et de la relation du chef de l’Etat avec sa majorité.
On souhaite en tous les cas du courage au futur élu. Car à peine installé, le nouveau patron de « France Télés » trouvera sur sa feuille de route trois dossiers piégés. La vente de la régie publicitaire de France Télévisions, d’abord, promise par le chef de l’Etat à l’ancien patron d’Endemol, Stéphane Courbit, qui fut l’un de ses soutiens durant la campagne. La réorganisation de France Télévisions, et sa nouvelle convention collective, ensuite: Une bombe à retardement que Patrick de Carolis ne semble pas pressé de désamorcer. Le remplacement d’Arlette Chabot, à la direction de l’information, enfin, dont le limogeage est un préalable pour l’Elysée et son locataire. Une exigence, même. Et la première d’une longue liste.
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mars 29, 2010
L’élection du futur président de France Télévisions est l’objet de bien des pronostics, et aussi de bien des chausses trappes, dans lesquelles tombent parfois bien des commentateurs. Relater une entrevue élyséenne, c’est un peu comme dire qu’il risque de pleuvoir juste après une averse. Sauf que l’info téléguidée, elle, mouille rarement ceux qui en sont l’objet.
Foin de prévisions météopolitiques, prions pour que le nouveau président, qui sera peut-être une femme, aie aussi en tête l’enjeu de l’antenne, de sa continuité, toujours, dans l’intérêt des téléspectateurs.
mars 29, 2010
Rodolphe Belmer est-il suicidaire?
Tout ça ne tient pas debout une seconde.
Belmer à France Télévision, ce Titanic archaïque, gangréné par des corporatismes complètement fossilisés, où il n’y a que des coups à prendre et où il est impossible d’entreprendre le moindre changement sans avoir à déplacer des montagnes? Où l’influent syndicat CGT des journalistes et dirigé par un type qui est par ailleurs un membre influent du Parti Communiste Français où il trouve qu’il y a trop de liberté d’expression. Pour dire la crétinerie ambiante dans le service public. A une époque pas si lointaine, à la cantine de France Télévision, le seul journal affiché dans l’entrée, c’était l’Humanité. C’est dire la modernité de la chose.
Et Rodolphe Belmer, alors qu’il a un horizon grand ouvert à Canal, l’entreprise phare du paysage audiovisuel français, voudrait quitter son poste de dirigeant sans rival pour aller s’enfermer dans ce vieux raffiot qu’est le service public de télévision?
Pour qui le connaît un peu, Belmer mérite parfaitement son titre de dirigeant le plus influent des médias. Il est effectivement jeune, brillant, il a tout pour lui. Et il irait remplacer cette équipe de bras cassés de de Carolis et Duhamel? C’est complètement absurde. C’est comme imaginer que Ronaldo et Messi envisagent sérieusement de renouveler l’attaque du Spartak Moscou.
Bompard, à la rigueur. Comme Belmer lui bouchait l’horizon à Canal, il a dû se rabattre sur une radio, autant dire rien quand on a goûté à la télé herzienne. On peut certes imaginer que Belmer est allé approuver ce choix, parce que ça le débarasserait pour un moment de son seul rival crédible dans le paysage audiovisuel. Et pour longtemps. Aussitôt arrivé et plongé dans l’univers kafkaïen de France Télévision, Bompard épuisera vite son énergie à déplacer des montagnes pour rien, et Belmer pourrait ainsi être définitivement débarassé de ce rival. Il suffit de voir ce que sont devenus TOUS les dirigeants de France Télévision. Virés, oubliés, ostracisés, déconsidérés, comme des épaves.
mars 30, 2010
Si Bompard et Belmer ont rencontré Mitterrand ce n’est pas pour passer un énième entretien d’embauche.
A ce stade, il semblerait que la solution s’oriente vers un tandem Bompard – Mitterrand.
Bompard pour la stratégie, Mitterrand pour servir de caution et de bouclier.
Revisez vos sources.
nb : Sarkozy n’a pas proposé le poste à bompard, il l’en a informé.
mars 30, 2010
Avec le résultat des dernières élections, l’ouverture à gauche, a le don de crisper la droite. Nommer un Mitterrand à la tête de France Télévision serait une provocation inutile et ne rapporterait rien politiquement à Sarkozy.