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Le ton est donné ce matin, sous la plume sans fioritures, ni nuances, de Gérard Carreyrou, (photo). Et la question, du coup, mérite d’être posée: le nouveau France Soir, en kiosque depuis ce matin, roule t-il pour Nicolas Sarkozy? Intitulé «Le temps des snipers », l’éditorial de l’ancien directeur de l’information de TF1, Gérard Carreyrou, (un journaliste étiqueté par le passé «balladurien», que Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte débarquèrent de son siège, après que Jacques Chirac ait exigé sa tête, au lendemain de la présidentielle de 1995), ne trompera personne. L’homme n’y va pas par quatre chemins: ciblant ceux qui jouent contre leur camp, à l’approche du second tour des élections régionales, (les villepinistes et les chiraquiens), il en appelle, de manière à peine voilée, à la mobilisation des ténors de l’UMP, signant ainsi ce billet en forme de bulletin de vote: «Vous me direz que c’est facile quand on gagne, mais c’est justement quand c’est rude que l’on doit serrer les rangs».

Voilà qui est dit et qui amène à s’interroger, au-delà de la ligne éditoriale du quotidien propriété d’une famille d’oligarques russes proche de Vladimir Poutine, sur les zones d’ombre qui entourent la renaissance de ce journal. Le monde est en effet peuplé de moins en moins de mécènes et les magnats russes, qui n’ont pas pour première réputation de faire dans la philanthropie, ne sont pas de ceux à investir en France à l’aveuglette, notamment dans les entreprises de presse où le retour sur investissement est quasi nul.

Alors qu’est ce qui peut bien motiver Sergueï et Alexandre Pougatchev, la famille propriétaire du titre? Sergueï, le père, a t-il acheté une danseuse à Alexandre, le fils? Pas crédible. Ou l’homme d’affaires russe s’offre t-il avec France Soir un ticket d’entrée dans l’establishment politico-médiatique parisien et mieux encore, un rond de serviette à l’Elysée? C’est plus vraisemblable.
Car Sergueï Pougatchev, surnommé «le banquier de Poutine», n’est pas un inconnu pour certains grands patrons français qui l’ont croisé sur leur chemin. A la tête d’une fortune de quelques milliards d’euros, sous forme de chantiers navals, de mines, de banques, d’une chaîne de télévision, ainsi qu’en France de l’épicier Hédiard et de quelques très belles villas sur la Côte d’Azur, ce très discret investisseur s’est installé avec son fils Sergueï au cœur des relations franco-russes. Notamment après le veut vert donné à  la vente de quatre bâtiments de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral à la marine russe. Cet accord a été officialisé par Nicolas Sarkozy lors de la visite à Paris du président Dimitri Medvedev le 1er mars, comme annoncé par Intelligence Online, dès janvier

C’est à cette occasion là que Sergueï Pougatchev (photo),avait rencontré à l’Elysée Claude Guéant, avec lequel il a tissé des liens. C’est ainsi que le secrétaire général de Nicolas Sarkozy a encouragé la relance de France Soir, dont la coloration politique ne devrait pas contrarier le Château, au contraire. A deux ans de la présidentielle, l’installation d’un quotidien populaire adossé, sur l’échiquier médiatique, au Figaro, complèterait une partie du dispositif élyséen.  D’autant que Sergueï Pougatchev n’est  pas le seul à avoir ses entrées à l’Elysée :   Membre du parti radical, valoisien depuis 1974, et  «proche de Jean Louis Borloo »., selon l’hebdomadaire Bakchich, la directrice générale de France-Soir, Christiane Vulvert a été faite chevalier de la légion d’honneur par Nicolas Sarkozy, en juillet 2009.

A suivre. Pas question de jeter l’opprobre sur une équipe qui vient d’arriver à la tête de ce projet. Et qui a fait ses preuves par le passé, au Parisien, comme au Journal du Dimanche. Mais ces premiers pas et les écrits de l’éditorialiste politique de France Soir soulèvent, encore une fois, quelques questions.