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Flottements à France 2, embarras poli à RTL, contorsions à I >Télé…, la récente condamnation d’Eric Zemmour par la justice, pour provocation et incitation à la discrimination raciale, s’accompagne, depuis quelques heures, dans les étages de ces différentes maisons d’un début de Carmagnole. A l’instar de la CGT de France 2, qui demande à ce que l’on tire au plus vite « toutes les conséquences » de ce cette décision de justice : en clair, que l’on vire Zemmour de l’émission de Laurent Ruquier où il officie.

Ce soudain emballement a quelque chose d’assez dérangeant. Il aura suffit que la justice passe pour que tous ceux qui n’avaient pas cru bon émettre, en son temps, le moindre avis sur les propos du journaliste, prennent aujourd’hui des accents martiaux. Au nom de la liberté d’expression et du capital de sympathie, dont il jouissait au sein des différentes maisons qui l’emploient, Eric Zemmour, avait bénéficié d’un soutien quasi unanime de la profession, chacun faisant l’exégèse de ses propos avec discernement et prudence.

Certes, Laurent Ruquier avait pris, du bout des lèvres, ses distances avec la sortie de son chroniqueur sur le plateau de Thierry Ardisson. Certes, les dirigeants de RTL  considéraient, sous le manteau, que l’intéressé aurait pu sans doute modérer son discours, arrondir son propos. Mais le tumulte redescendu, l’incident avait été oublié et chacun attendant avec une certaine sérénité, et dans une quasi-indifférence, une décision de justice qui, on le verrait,  conforterait le journaliste.

Le tribunal médiatique n’étant pas celui de la République, Zemmour a donc été condamné. Ca, alors ! Et voilà que tout ceux, _ associations, syndicats de journalistes, la CGT de France 2  en tête de gondole_, que l’on n’avait pas entendu, ou si peu, depuis le début de cette affaire, montent aujourd’hui au créneau, l’éthique et la morale à la boutonnière,  en dressant des potences.

Ils n’avaient donc rien entendu, rien compris, jusqu’ici. Incapables d’émettre le moindre avis, tranché ou non, à l’époque des faits, ceux qui l’absolvaient, au nom d’une confraternité de façade et d’une liberté d’expression intangible, l’exécutent aujourd’hui : avocats hier, sicaires aujourd’hui.

Pour avoir été de ceux qui ont sèchement critiqué Eric Zemmour, à l’époque, je serai de ceux qui réclameront aujourd’hui qu’on fiche désormais la paix à celui que la justice a sanctionné : il serait indigne de punir une seconde fois l’interessé parce qu’une profession aurait subitement ouvert les yeux après que la justice lui a donné un cours de rattrapage.

Il n’y pas pire que ces chasses à l’homme. Pas pire que ces fatwas professionnelles. Pas pire que les aboyeurs de la dernière heure. Pas pire que les coupeurs de tête qui déboulent après-coup, la fleur au fusil et les bons sentiments en bandoulière. Qu’on laisse Zemmour où il est.  Car si ce journaliste a trébuché un jour au détour d’une pensée brouillonne, il ne doit pas pour autant finir dans les bas-côtés d’un métier, où il a bien évidemment sa place.