Ils sont partout. Ils pullulent, s’insinuent par tous les pores du petit écran, pérorent, tiennent tribunes devant des journalistes à plat ventre…Sociologues ventripotents, anciens joueurs de foot reconvertis dans l’analyse et l’explication, théoriciens des médias, politologues ou universitaires : les «experts », nouveaux supplétifs des journalistes, squattent les plateaux de télés. Là où, le front barré et la mine de circonstance, ils s’en vont dispenser leurs analyses et prononcer leurs sentences, avec l’aplomb de ceux qui ont la vérité chevillée à l’ego et la science infuse.
Cet insupportable défilé de matière grise, souvent frelatée, est devenu la facilité pour des chaînes qui permettent ainsi aux journalistes de s’exonérer, à bon compte, de tout commentaire, de toute prise de parole un tant soi peu personnelle. Du Canal foot club à Médias le magazine, de C Politique à certaines émissions culturelles de fin de soirée, la règle est de mise : qu’un sujet, qu’une question, supposés complexes, supposés « sensibles », ou tout simplement bateau, émerge dans le débat et aussitôt, l’on voit le journaliste-animateur, – réduit au rôle de simple passe-plat-, se retourner immanquablement vers ses têtes de gondole. Là où nos experts vont soliloquer, en lieu et place de journalistes tout autant spécialistes, pourtant.
Et personne ne s’offusque de cette pratique qui chemine dans le Paf comme du chiendent : L’enfonçage de portes ouvertes. Le tout avec un esprit de sérieux qui laisse le plus souvent pantois.
Voilà une bien curieuse dérive, une bien insolite pratique qui conduit les journalistes à déserter le terrain de l’analyse et de l’explication, abandonné, sans résistance aucune, entre les mains d’une nomenklatura de spécialistes, aux compétences discutables, qui se précipite sur les plateaux de télés au premier claquement de doigt.
Car pour un Christophe Dugarry, (footballeur), un Roland Cayrol, (politologue) et un Michel Onfray ou un Paul Virilio, (philosophes), combien d’«experts » à la petite semaine? Qu’ils apparaissent et je zappe! Au nom du principe que je me refuse, notamment, à entendre des hommes et des femmes, qui n’ont jamais mis les pieds dans une rédaction, m’expliquer, du haut de leur chaire, en quoi la couverture des événements en Tunisie, en Egypte ou aujourd’hui, en Libye, mérite critiques et explications! Quelle expertise ont-ils ? En quoi leurs regards est-il d’une si grande acuité? Et n’y a t-il pas meilleur acteur, meilleur témoin d’un événement, que celui là même qui arpente le terrain et affronte la réalité quotidienne du métier de journaliste, dont la première tache est d’observer et de traduire? Je le pense, en tous les cas.
Dans une époque, aux relents populistes, où il est de bon ton de stigmatiser une profession regardée, notamment par les politiques, (de Mélenchon à Aubry, en passant par Le Pen, Sarkozy ou Bayrou), comme un vaste marigot informe où végèterait une profession vendue, pour faire court, tantôt aux puissances de l’argent, tantôt à l’ennemi politique du moment, il serait bon que les journalistes prennent eux-mêmes la responsabilité d’assumer et de décrypter les questions qu’ils souhaitent aborder dans tel ou tel domaine, sur tel ou tel plateau. Plutôt de se succomber à la dictature d’une pseudo élite de la pensée critique.
Pourquoi déserter au premier coup de fusil, au premier obstacle, à la première difficulté. Pourquoi laisser à des pompiers de service patentés le terrain de l’analyse, du débat et de la mise en perspective ? Oui, pourquoi?
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avril 15, 2011
Haa, encore un papier risible, comme tous ceux où vous exprimez votre opinion.
Et donc, un expert de la première guerre mondiale, c’est un très vieux journaliste qui y était ?
Le plus amusant, c’est sans doute le populisme de votre billet (sociologue ventripotent !) alors que vous vous plaignez du « populisme ambiant »
avril 15, 2011
Qu’il y ait des émissions avec des experts est indéniable. Que certains experts proclamés ou auto-proclamés puissent être des imposteurs, soit aussi. Mais qu’on dise que les journalistes n’aient pas la place pour s’exprimer, pour assumer leurs analyses, pour proposer leurs décryptages, alors, là, je m’insurge.
J’ai l’impression qu’on est vraiment rentré dans une mode de « l’éditorialiste » avec des rentiers de l’éditorial, de Barbier à Duhamel en passant par Ménard et Menes (pour, également, se référer au football), de Aphatie à Domenach en passant par Zemmour, etc.
Non, franchement, les journalistes sont là. Alors, effectivement, ça tend à tourner en boucle, et ce quel que soit le sujet…
avril 15, 2011
peut-être tout simplement les gens ont la vague impression actuellement que les journalistes, s’ils sont toujours présents dans tous les bons coups (même entre deux chars quand ils n’ont rien à y faire), ne prennent guère la peine d’analyser en profondeur les changements de l’histoire, des sciences et de la société.
Quand on voit les questions répétitives des journalistes français à DSK sur sa candidature, alors qu’on sait très bien qu’il ne va pas répondre… Ils se contentent de débattre pendant deux semaines sur l’intonation de sa voix. Et quand sa femme Sinclair dit qu’elle ne voudrait pas qu’il fasse un second mandat, le journaliste en face ne demande même pas pourquoi. Honnêtement, pas de fond sur le programme vide du PS, sur les bilans contrastés des mesures de Sarko, sur les incohérences des idées de Mélenchon/Le Pen, sur le danger financier (dette, europe) qui nous guette, sur les problèmes qu’engendrent certains communautés de nos jours, sur la gestion des régions… pour un peuple qui passe son temps à débattre, ça fait peur. Donc, oui, vivent les experts. Mon père en est un reconnu dans son domaine et on ne lui demande pas souvent son avis pourtant, par rapport aux bêtes médiatiques.
avril 15, 2011
d’accord avec vous M Revel, mais pourquoi ne donnez vous pas quelques exemples?
Par prudence , comme ces journalistes dont vous parlez!
Il est vrai que M Barbier était l’animateur du débat sur la laïcité organisé par JF Coppé si j’en crois les images diffusées.
avril 16, 2011
Bien vu M Revel. En effet, les » ex-pères » se prennent souvent pour des patriarches qui savent tout sur tout. Les journalistes dont vous parlez ne sont pas vraiment des journalistes, ils ont la carte, mais c’est tout, c’est plutôt des animateurs. Le journaliste en réalité n’existe plus ou très peu, car le médias n’a pas besoin de lui, bien au contraire c’est un ennemie intime le journaliste. Le médias recrute de l’animation, de l’animateur. Toute les émissions sont organisé par des animateurs, qui font croire qu’ils sont journalistes c’est tout. Une émission dans le paf, c’est quoi? On invite l’actu, en général le scandale et le show peut commencer, un show qui ne livre rien, le vide. En ce qui concerne l’investigation, elle se fait en dehors par des gens, des journalistes qui vont chercher, gratter là au ça fait mal; Médiapart par exemple.
Le médias est notre ennemie intime et il faut faire avec. Les animateurs qui recrutent des experts pour faire le show, sont aux ordres. Et d’ailleurs , les fameux experts, sont toujours les mêmes, se baladant de plateau en plateau, de maquillage en maquillage. Les experts ont bien réussit a se rendre indispensable et on créer des assos, des observatoires pour l’un des pays arabes, ça fait chic, ça donne de l’importance, d’autre experts en stratégie militaire. Oui, vous avez raison, nous sommes entre les mains des experts qui vendent leur salade a des gogo angoissés; ils ont pigé le truc. Mais a qui la faute?
avril 16, 2011
Heureusement que vous ne citez pas ceux qui font partie des chroniqueurs de FOG le vendredi soir…..Ils sont pénibles, ils croient tout savoir et en plus ils s’écoutent parler….
avril 16, 2011
Fog n’aurait-il pas piquer le concept de « ce soir ou jamais »qui se fait d’ailleurs de plus en plus rare?
avril 16, 2011
Quel plaidoyer pro domo !
Ce n’est pas parce que les soi-disant « experts » sont nuls que les journalistes qui causent dans le poste sont devenus compétents.
Entre l’expert médiatique et le journaliste mondain parisien, il n’y en a pas un pour racheter l’autre !
avril 17, 2011
Vous avez, raison, les pseudo experts donneurs de leçons, ça suffit ! Tenez, j’en connais un qui tient un blog sur le site de l’express, pseudo spécialiste autoproclamé des médias, qui écrit des livres ayant plus à voir avec la presse people que les médias (un sur johnny, un sur claude chirac), il passe son temps à sermonner tout le monde avec des conneries ce mec là !
avril 17, 2011
VIREZ-MOI L’INSUPPORTABLE FERRARI!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!……..
avril 19, 2011
Cher Monsieur Revel,
S’il y a un domaine où les journalistes professionnels devraient être des experts incontestables, c’est l’usage de la langue française, le respect de sa syntaxe et de son orthographe et un minimum de capacité à éviter les images et les métaphores ridicules, dignes du Comte de Champignac. Sur vos dernières chroniques, en quelques minutes de lecture rapide, je relève, en vrac:
« les pores du petit écran »
« cette pratique qui chemine comme du chiendent »
« journaliste, dont la première tache… »
« je lui en suis gré »
« formules ronéotypées »
« arrières pensés »
« ingurgité en un tour de main »
« n’a pas du beaucoup assister »
« élimés jusqu’ à la corne ».
On ne vous apprend pas à vous relire dans les écoles de journalisme?
A moins que ce ne soit volontaire: dans ce cas reconvertissez-vous dans la chronique humoristique et dès lors votre carrière décollera enfin d’un pas sûr vers des espaces nouveaux où la main de l’homme n’a jamais mis le pied.
avril 19, 2011
Je suis effaré ! Chaque ligne de ce billet est d’une bêtise sans nom, d’un anti-intellectualisme et d’une prétention incroyables.
« Cet insupportable défilé de matière grise, souvent frelatée » : Ah ça Renaud Revel quant à lui est connu pour ses livres de philosophie, de sociologie, d’histoire, dont laliste fait deux pages sur Wikipédia !!!!!! Ranger des « philosophes » (Onfray, Virilio) parmi les « experts », c’est à mourir de rire.
Revel intervient chez Morandini comme « expert des médias » mais son expertise consiste à rapporter des ragots des salles de rédaction et des intox des dirigeants. Rien de plus.
Revel confirme un câble de l’ambassadeur des usa au département d’état publié par wikileaks : l’ambassadeur des usa disait en substance que les journalistes français sont très différents des journalistes us parce qu’ils sont moins intéressés par les faits que par les idées, qu’ils se prennent en réalité pour des intellectuels et rêvent donc d’être éditorialistes. On e pouvait mieux décrire R. Revel.