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La publication par Paris Match cette semaine d’une longue interview pour le moins flagorneuse de Carla Bruni a déclenché une salve de critiques. Inscrit dans le cadre d’une opération de promotion et de communication pilotée par l’Elysée, destinée à arrondir, au figuré, l’image un peu altière de la première dame de France, cet entretien n’aborde nulle part, en effet, la question qui taraude depuis quelques semaines le microcosme  politico médiatique : à savoir, la supposée grossesse de Carla B.

C’est ainsi que Match se voit aujourd’hui reprocher de s’être autocensuré, en n’interrogeant pas l’intéressée sur cette question, au mépris des règles les plus élémentaires du métier.  D’avoir volontairement occulté une question, devenue tabou et sacrilège, en raison de l’identité et du statut de l’intéressée, le tout il est vrai au fil d’un entretien saupoudré de bons sentiments, d’une inconsistance abyssale.

Je trouve cette critique formidablement perverse, sévère et quelque part totalement injustifiée. Car la presse en matière de vie privée des hommes ou femmes politiques a pris depuis quelques années la fâcheuse habitude d’opérer à géométrie variable. Selon que vous êtes forts ou puissants, fragiles et en capilotade, vous serez traités….

Un mot sur le cas qui nous intéresse. Au nom du respect de la vie privée de tout un chacun, on pourrait d’abord estimer que Carla B souhaite, pour des raisons qui lui appartiennent, ne pas évoquer, pour l’heure, cet heureux évènement, s’il venait à se confirmer.

Après tout, la naissance d’un enfant n’est pas chose anodine et le ressenti d’une mère, par rapport à un tel évènement, est quelque chose qui mérite sans doute distance, pudeur et retenue.

Et pourquoi faudrait-il imposer la transparence et contraindre la presse à tisonner Carla B en raison de l’identité de son époux ? N’y a-t-il pas là une énième façon d’aller une nouvelle fois faire le siège de Nicolas Sarkozy, quitte pour cela à le sommer de faire toute la lumière sur les derniers évènements de sa vie privée ?

Et n’y a-t-il quelques chose d’insupportable à imaginer, comme certains le font aujourd’hui, que cette grossesse – si grossesse, il y a – serait le dernier artifice, la dernière carte, -et pourquoi pas, le dernier pis aller – d’un président de la République à la popularité en berne, qu’un tel évènement requinquerait politiquement! C’est assez odieux et ce n’est pas  verser dans de la « sarkophilie » que de fustiger un discours que l’on entend sur certains plateaux de télés, depuis quelques jours.   

Accusée Carla B, avouez ! Voilà donc Match étrillé et la presse sommée de ne pas lâcher celle dont l’intimité serait désormais l’affaire de tous. Inquisitrice, la démarche me dérange d’autant plus que la presse s’est montrée bien plus taiseuse, bien plus prudente, dans d’autres et nombreuses occasions, laissant les hebdomadaires people «faire le boulot».

Ainsi, par exemple, de la nouvelle compagne de François Hollande, dont la presse a longtemps tu l’existence, (était-ce parce que l’intéressée est une journaliste politique connue?),  jusqu’à que Closer dégoupille.

Ainsi et en ce moment même, sous vos yeux, de la vie privée saccagée d’un ancien Premier ministre, -et pas des moindres- dont le tout Paris de la politique connaît depuis plusieurs jours les déboires et se rengorge. Un épisode croustillant qu’aucun organe de presse, qu’aucun site Internet, n’a osé ou ne veut évoquer, par peur de déclencher les foudres de l’intéressé. Et chacun dans le cas de cette dernière affaire qui fait les gorges chaudes du Tout-Paris, de se retrancher derrière la nécessaire protection de la vie privée de cette figure de la classe politique française. 

Allez comprendre.