Cette photo, qui a fait le tour du globe, est à elle seule formidablement symbolique de l’impact du petit écran sur les esprits même les plus sophistiqués. Soigneusement choisie avant d’être diffusée à la presse par la Maison Blanche, cette scène, où chaque posture semble avoir été auscultée, avant que l’équipe d’Obama décide d’en faire un outil de communication politique planétaire, pourrait, beaucoup l’ont déjà dit, figurer dans un épisode d’une série télé à grand spectacle.
Intensité dramatique, densité des personnages, gravité de la situation, fixité des regards: la scène, comme fixée par l’objectif pour donner à cette séquence toute sa portée historique, est d’autant plus inédite et spectaculaire que jamais un président américain n’avait à ce jour entrouvert les coulisses d’un événement aussi puissant, restitué pour le grand public avec tous les ingrédients scéniques contenus dans un épisode de la fameuse série 24 heures chrono ou de A la Maison Blanche, The West Wing.
Car quel autre intérêt de cette photo que celui de frapper les esprits, en donnant à cet événement une intensité esthétique proche des meilleures fictions télés? Quel objectif visé, si ce n’est de donner le sentiment à l’opinion américaine que la réalité de la Maison Blanche et de son locataire n’a rien à envier aux épisodes les plus héroïques dispensés dans des séries portées par des héros en kevlar? Si Washington est géographiquement loin d’Hollywood, les «spin doctors » du président américain semblent avoir choisi de médiatiser l’exécution de Ben Laden, en lui donnant tous les aspects d’un thriller, jusque dans l’intimité de la Maison Blanche. Obama est Jack Bauer, (le héros de « 24 heures chrono ») et la brochette de conseillers qui l’entourent, sur cette photo, pas moins costaude que les durs à cuir qui s’illustrent dans des séries culte, telle est le message. Des séries dont on a assez répété, depuis quelques années, qu’elles rejoignaient, par leur efficacité et leur goût du détail, la réalité dans ce qu’elle de plus crue et de plus fidèle.
Preuve en est, ce copié-collé.
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mai 5, 2011
Ah ben non, Obama, ça peut pas être Jack Bauer ! Pour l’essentiel, Jack Bauer est sur le terrain, il faisait partie du commando ! D’autant que dans 24, POTUS a toujours un rôle majeur, non ?
mai 5, 2011
Monsieur Revel
Bien vu sur le décryptage et je trouve que c’est une des meilleurs analyses que vous avez faites, encore bravo, car pas évident les associations que vous faites.
Pour dire quelque chose, je trouve qu’en effet on se trouve dans l’antichambre de la focale, de l’événement. Les américains ont depuis longtemps, depuis l’existence de Hollywood, mis en place une lecture de l’action de l’image. Pour eux l’image, donc l’action est plus important que les mots. Leur culture se base sur l’instantané, on l’oublie trop souvent. C’est ce que nous voyons dans cette image, figée, cruelle, d’une fiction réaliste; contre sens, mais d’époque où se croise , s’interpénètre, mensonge et vérité; mensonge, car ce n’est pas du cinéma, vérité, car c’est du direct; de la télé réalité. C’est de ça dont il s’agit, de télé réalité sur du news et je comprends que l’on ait du mal a le croire, a le voir même, puisqu’il n’y a plus de filtre. Notre époque ne filtre plus, où en tout les cas, elle distance l’événement afin de mieux le récupérer a son compte. Cette image que vous nous montrez; est-elle objective ou subjective? Bin Laden est mort ou pas mort? Pour ma part, je crois que Bin Laden est mort, ça ne fait aucun doute, mais le mélange de genre où quand l’objectivité télescope la subjectivité, que reste-il? Que donne t’ont a celui qui regarde? Et bien on lui donne a voir, de la confusion, du théâtre sans acteur. D’où a mon avis cette photo, représente la confusion du pouvoir, où le pouvoir se met en scène dans la confusion la plus total, pris par la résolution qu’il attend depuis longtemps, la mort du méchant. C’est une photo, surtout celle d’Hilari Clinton qui découvre peut-être que la vie, la mort, le meurtre, ce n’est pas du cinéma, peut-être. Cette photo pour moi, représente l’irresponsabilité du pouvoir, devant la réalité brut, sans merci. Cette photo va au dela du terrorisme du criminel recherché, elle plante, elle dit, elle fige, la fragilité du pouvoir et de son mensonge.
mai 5, 2011
les Américains sont assurément la caricature d’eux-mêmes.
mai 7, 2011
Ok.
Ce qui frappe aussi c’est la différence avec les war room élaborées par le cinéma Hollywoodien – celui de Michael Bay en particulier – à grands renforts de figurants, d’appareils sophistiqués qui clignotent et diffusent des projections en 3D sur des écrans démultipliés.
On est loin de ces excès, avec une pièce pas plus grande qu’un réduit, limite pour accueillir tout le monde. Et surtout tous on les yeux rivés sur UN écran, là où l’histoire s’écrit.
Peu importe le lieu, les moyens, les gens qui figurent l’image, l’histoire s’écrit.
Hors champ.
C’est ce hors-champ qui est passionnant (que c’est-il passé exactement ? Pourquoi tuer Ben Laden s’il n’était pas armé ? Le moment du cliché est-il celui où on découvre Ben Laden via l’image retransmise ? etc). Je donnerais cher pour avoir le contre-champ. Par son absence, et parce qu’il laisse l’imagination tourner à plein régime, cette photo est effectivement très cinématographique.
Peut-être le Zapruder des années 2010’s 🙂
mai 7, 2011
(Ma réponse s’adressait à R. Revel, et non Christelle)
mai 7, 2011
Zapruder, je ne crois pas non. Et puis vous parlez de hors champ, ce n’est pas ça le sujet le hors champ. Le sujet c’est le voyeurisme du pouvoir, celui qui mate la mort. Le voyeur et la mort de celui est visé, vue, tué et peut importe que cela soit Bin Laden ou un politique d’Amérique du sud.Ils sont tous assis confortablement a regardé la mort; ceux du 11 septembre et celle de celui qui l’a causé. C’est une photo horrible a y regardez de plus prés, une photo de la pantomime.Elle n’est pas cinématographique, car elle est figé, elle ne se déroule a 24 images seconde, mais a la vitesse du numérique, en tout les cas, ce qu’il regarde la mort de Bin Laden c’est du numérique non pas du cinéma, pour la simple raison, que la caméra de cinoche, les troupes d’interventions n’auraient pas pu l’embarqué avec eux, un peu trop compliqué, voyant, même avec du 16, il faut un peu de lumière. Les images de l’assaut étaient en infrarouge je crois, même peut être une technologie bien plus puissante; on voit dans la nuit comme le jour, il n’y a que le n numérique qui peut encaisser ça pas la pellicule, alors ce n’était surement pas du cinoche. Pour Zapruder, c’est de la pellicule Super8 couleur.
Zapruder ne tremble jamais, l’image est stable quand il film; ça , ça ma toujours intrigué? On tue le président quand même? Et bien je crois que si il ne tremble pas, c’est parce qu’il a l’œil rivé dans l’objectif. Si Zapruder avait une caméra numérique, il aurait regardé dans l’écran de la caméra et aurait aussi regardé la situation en live; il aurait surement tremblé.
Pour conclure; avec la pellicule on ne tremble pas, car c’est l’œil qui regarde, avec le numérique, c’est quelqu’un qui voit. Comme la photo, c’est pas l’œil qui voit, c’est tout le monde qui regarde.
mai 7, 2011
Différencier les techniques pellicule ou numérique, le 24 ou 25 images seconde dans le geste cinématographique, ce n’est pas sérieux. La peinture à l’huile ou à l’eau, ça reste de la peinture. Je persiste : ce qui me fascine dans cette photo, c’est moins le terrain moraliste sur notre voyeurisme, que d’en connaître le hors-champ.
mai 8, 2011
Le hors-champ vous le savez déjà et puis votre critique est un peu courte; de l’argument pour être sérieux.
Vous parlez de voyeurisme et votre envie de voir l’assaut; c’est vous le voyeur; vous vous contredisez. Et puis la photo, se veut moraliste, sinon elle n’aurait pas été prise? Je crois que vous n’avez rien compris a cette photo.
mai 7, 2011
Pour finir
Je dirais que l’œil avec la caméra cinématographique, est rarement conscient de ce qu’il voit, car il doit cadrer quelque chose ou quelqu’un avant tout. Avec le numérique, on regarde l’écran, c’est l’écran l’objet du désir, pas ce qu’il a a l’intérieur, donc on est conscient. La photo que l’on regarde est consciente ou inconsciente? Vaste sujet.
mai 8, 2011
La photo est moraliste, car elle met en scène ceux qui ont décidé de l’action; se sont les scénaristes et les metteurs en scène qui regardent. La photo est là, pour faire croire ou ne pas croire, qu’ils sont simplement spectateur, alors que c’est faux. La photo donc est moraliste, elle se veut ainsi, afin de suscité de l’empathie. C’est bien vu, vu l’enjeu.Alors, cette fameuse empathie est hollywoodienne, car un scénariste américain, c’est ce qu’il cherche dés l »élaboration de son récit, car il n’oublie pas qu’un film est adressé a celui qui regarde, en général, une foule de spectateur humains, qui sont des bombes a sentiments. Avec cette photo, c’est le sentiment planétaire que l’on recherche, afin de montrer que les commanditaires ne sont pas des monstres. Donc c’est une photo a plusieurs tiroirs, mais avec un tiroir majeur, celui de la manipulation émotionnel. L’empathie étant le lieu, le lien avec la manipulation. Il n’y a jamais de spectacle sans manipulation , c’est la clé de la mise en scéne, de notre société du spectacle. C’est comme ça, depuis l
mai 8, 2011
Effectivement, d’une part je n’ai rien compris – en partie parce que vous mélangez tout, Histoire et morale, Aristote et composition d’image, vous dissociez et hiérarchisez 24 i/s et 25i/s (comme si l’un était impur, impropre au cinéma) – et d’autre part vous êtes ronflant, vous vous écoutez parler et me refusez ce que vous n’hésitez pas à vous appliquer (votre propre subjectivité).
Vous ne me donnez pas envie d’échanger avec vous. Bon vent.
Arguing on the internet is like winning the special olympics. Even if you win, you’re still retarded.
mai 9, 2011
Jeremy
Je ne vous ai rien demandé et vous n’avez aucun argument.Quand on fait une analyse et que l’on est embêté car on ne voit pas le crime, on est un pervers doublé d’un idiot.
mai 9, 2011
Kill Bin 3 : le trauma d’Obama
Regardez-le bien, il réfléchit…
Et pourtant il a tout fait pour en arriver là !
Mais on dirait qu’il hésite… on dirait qu’il doute…
On dirait qu’il redoute…
Quoi ? Qui ?
Obama a peur de Dieu … et ça crève les yeux…
Il n’a qu’un mot à dire, mais il ne le dira pas avant de réunir ses témoins de Jéhovah…
pour ne pas être le seul à le dire, pour ne pas être le seul… à prononcer la terrible sentence…
Le bourreau pèse soudain plus lourd que ses trois mille victimes.
Mais il sent bien que les faits ne sont pas interchangeables, ni les raisons comparables, ni les hommes semblables…
il veut l’achever parce qu’il a été élu pour assumer ce genre de guerre mais… il va hésiter encore…
un instant, parce que le Nobel de la paix vient de s’apercevoir qu’il n’a pas le droit de se substituer à Dieu !
La justice a un sens… pas la vengeance…
Adieu Oussama… mais si Dieu existe… on peut se dire aussi : adieu Obama !
http://www.lejournaldepersonne.com/2011/05/kill-bin-3/