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J’ai découvert ce matin, dimanche, sur mon portable un long SMS d’Anne Sinclair me reprochant vivement d’avoir prononcé le mot de «liste noire », la concernant. Invité de RTL jeudi dernier, à propos d’une biographie enquêtée de l’épouse de Dominique Strauss-Kahn, (*), j’avais en effet évoqué la colère et la tristesse de celle qui a pris le temps de recenser depuis quelques semaines les critiques et les prises de distances venant de celles et ceux, (politiques et familiers), pour qui cette affaire est l’occasion de très nombreux commentaires, souvent acerbes.

Contestant l’existence proprement dite d’une telle liste et plus encore, – une terminologie couramment usitée-, Anne Sinclair en vient même dans ce message à regretter nos rencontres, lors de la préparation de cet ouvrage, alors que ce dernier n’est pas encore en librairie et qu’elle n’en connait pas la teneur. Attendez, chère Anne, avant de tirer les conclusions définitives…La réaction est d’autant plus décalée que depuis les premières heures de cette sombre affaire, il ne s’est pas passé un jour sans que l’on assiste, quotdiennement,  à des revirements étonnants, à des contorsions embarrassées et à des prises de position qui en disent long sur l’isolement d’un DSK, qui aura vu une bonne partie de ses amis politiques oscillés entre un soutien du bout des lèvres et des silences coupables. Jusqu’aux acclamations, toutes aussi outrancières, quand ce dernier « ressucita », avant que dans un dernier mouvement de balancier l’affaire Banon et les derniers épisodes américains ne refroidissent à nouveau le climat et témpèrent de nouveau les enthousiasmes…Ainsi va la vie.     

Sans revenir sur les propos de Laure Adler, ou même, ceux plus récents et prudents, d’Elisabeth Badinter, sur France Inter, nombreux sont les témoignages qui ont pu légitimement heurter l’ancienne journaliste de « 7 sur 7 ». On le serait sans doute à moins et je n‘ai pas dit autre chose après entendu les témoignages directs de ceux qui ont pu approcher le couple ces toutes dernières semaines. Qu’y a-t-il d’insultant à rapporter que le vide abyssal qui se produit autour de vous en pareille circonstances, – quand, dans un surprenant ressac, les amis se réduisent au noyau le plus dur et que les soutiens d’hier s’effilochent au nom d’intérêts politiques bien compris – provoque des réactions de tristesse et de colère mêlées? Qu’y a-t-il de si insupportable à expliquer qu’il est des propos ou des attitudes parfois indignes, que l’orgueil et la rectitude commandent de sanctionner, d’un mot, d’une phase ou d’un geste ? Le signataire de ce blog n’est pas l’Express. Si ce journal, auquel j’appartiens et reste attaché, a décidé de revenir sur l’affaire Tristane Banon, c’est parce que l’avocat de cette dernière a décidé de se retourner vers DSK, au nom de sa cliente. Et que pour cela, il a considéré que l’Express ferait un bon relais. Ne mélangeons pas tout. Cette affaire Banon n’est pas la mienne, et quant à l’Express, il n’a fait que répercuter une information qui n’a pas été arrachée, ni à Tristane Banon, ni à son avocat.

Quart à ce livre à paraitre, le 13 juillet, il n’est pas un appendice ou un bras armé de l’hebdomadaire auquel j’appartiens. Et ni une machine de guerre contre celle dont nous avons dressé, je crois, Catherine Rambert et moi, j’espère le plus juste et le plus équilibré des portraits, conformément aux propos que nous lui tenions lors de nos différentes rencontres. Si le mot «Liste noire» a pu heurter Anne Sinclair, trouvons une autre terminologie qui résume ce qu’elle ne pourra pas démentir: l’étonnement, la tristesse, la colère et la rage même, qui animemt celui ou celle dont on a décidé d’atomiser, d’enterrer vivant, l’être aimé. Tout le reste n’est que vaines polémiques. 

(*) Madame DSK, Un destin brisé. Editions First. 13 juillet.