Et revoilà la gauche, après la droite, lancée dans de grandes manœuvres. Indécrottables, les politiques aiment à jouer avec les mécanos de l’audiovisuel, comme s’ils n’avaient pas assez légiféré depuis plus de trente ans, avec la volonté de corseter un secteur dont l’émancipation tient du parcours d’obstacles. On dit de François Hollande qu’il est un grand libéral en la matière et que, désireux de déconnecter le politique du monde des médias, il s’emploiera à desserrer l’étreinte. On voudrait le croire, mais l’intéressant entretien que m’a accordée ci-dessous Aurélie Filippetti, (en charge de ces questions dans le cadre de la campagne du PS), laisse à penser que les socialistes ne se borneront pas à détricoter ce qu’a fait Nicolas Sarkozy. Seuils de concentration, plafonds d’audiences, feuille de route pour l’audiovisuel public, réforme du mode de nomination des PDG de ce secteur…L’arsenal en préparation tient déjà du catalogue.
Et je ne suis pas sûr que les intentions louables d’Aurélie Filippetti, qui défend avec conviction un paysage télé débarrassé de l’insupportable et encombrante tutelle du politique, seront entendues par l’ensemble des ténors du PS, (marqués par l’ADN des années Mitterrand, qui vit la gauche souffler le chaud et le froid), où la tentation de jouer aux artificiers reste forte.
Pour le vérifier, il suffira tout simplement d’examiner au plus près la réforme, hautement symbolique, du mode de nomination des PDG de chaînes de l’audiovisuel public. Car il ne suffira pas d’abroger la loi Sarkozy, – qui donne au chef de l’Etat la haute main sur ces nominations-, pour que l’on se dise que le PS a tout compris. Car la question de la procédure de substitution que le PS entend mettre en place reste entière. Deux thèses s’opposent au PS : l’une, défendue notamment par Aurélie Filippetti, donnerait aux Conseils d’administration des chaînes, dont la recomposition serait revue, ce pouvoir de nomination. L’autre, laisserait au CSA, également remanié, cette prérogative.
En vérité, peu importe que ce soit l’un ou l’autre de ces schémas qui l’emporte si le politique, par le biais des nominations d’administrateurs au sein de ces conseils d’administration ou de membres du CSA par le chef de l’Etat et les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, continue de peser, en sous-main, sur ces nominations. Tout le reste ne sera qu’habillage. Aurélie Filippetti, dont la sincérité et la fraicheur en la matière ne peuvent être mises en cause, a raison de défendre des CA débarrassés de leur contingent d’administrateurs parachutés par le pouvoir: Mais sera-t-elle entendue par les vieux routiers d’un PS habitué à jouer avec le monde des médias?
Quant au CSA, il faudrait le débrancher une bonne fois pour toutes de l’exécutif : ses membres devraient être désignés par les Commissions des affaires culturelles du Sénat et de l’Assemblée, avec des parlementaires à parité, de gauche et de droite, auditionnant les candidats, le tout en toute transparence. François Hollande,s’il est élu, rompra-t-il avec 30 années de faux-semblants et de lois postiches? Souhaitons lui, car il en va tout simplement de sa crédibilité.
Faut-il restructurer France Télévisions, à l’image de ce qu’ont fait les Espagnols, avec la TVE et les Anglais avec la BBC, où on a procédé à des plans drastiques?
Aurélie Filippetti: Regardons d’abord à quoi doit ressembler un groupe comme France Télévisions, avant de penser réformes de structures, coupes sombres et plans sociaux. Il y aura certes des réformes à faire, mais à tête reposée : il n’est pas question de déstabiliser à nouveau un groupe que les réformes de Nicolas Sarkozy ont déjà suffisamment perturbé: qu’il s’agisse de l’entreprise unique, à l’origine de nombreux dysfonctionnements internes ou de la suppression de la publicité après 20 heures, facteur de déséquilibres budgétaires. Il est difficile de dessiner un cadre quand l’ensemble du système est bancal. Dessinons d’abord les objectifs, et nous le feront le moment venu, avant de s’attaquer au mécano. L’urgence, c’est d’assurer la survie financière de l’entreprise.
Reviendrez-vous sur la suppression de la pub?
Cela parait difficile et vous remarquerez que Nicolas Sarkozy, en la matière, n’est pas allé au bout de sa réforme, puisque la suppression de la pub, avant 20 heures, cette-fois-ci, est décalée dans le temps. Mais un retour en arrière est impossible. En revanche, il faudra trouver des ressources complémentaires, sans envisager, pour autant, une augmentation de la redevance : frappés par la crise, les français ne l’accepteraient pas.
Nous conserverons donc la publicité avant 20 heures, afin de préserver le difficile équilibre budgétaire de France Télévisions. Pour le reste, il faudra trouver des recettes annexes : élargir l’assiette de la redevance et soumettre, par exemple, les propriétaires de résidences secondaires à cet « impôt télé », tout en regardant à quelle hauteur de recouvrement, voilà une piste parmi d’autres. Mais il faudra aussi encourager France Télévisions à trouver, en son sein, d’autres ressources propres. Et il y en a.
Etes-vous partisante d’une remise à plat du dossier de l’Audiovisuel extérieur, même si cela parait difficile vu l’état d’avancement de la fusion RFI-France 24 ? Nous n’y échapperons pas en raison de la gabegie. C’est une réflexion qu’il faudra avoir : trop d’argent a été dilapidé. C’est aussi une manière de repenser aussi les relations entre l’AEF et France Télévisions. Ce n’est pas un mince dossier et trop d’erreurs ont été commises, là aussi, par la droite.
Etes-vous favorable à une réduction du périmètre de France Télévisions?
Je suis seulement partisante, pour l’heure, de la création d’une chaîne dédiée à la jeunesse et sans publicité, dont France 4, réorientée, serait la chaîne hébergeuse. C’est un domaine, la jeunesse, trop important pour que France Télévisions ne lui consacre pas un large effort.
Vous défendez, à propos de la nomination des PDG de l’audiovisuel public, l’idée d’une désignation par les conseils d’administration des entreprises, quand d’autres au PS plaident pour une nomination par un CSA remanié…
C’est en discussion. L’idée première consisterait à faire figurer, au sein des conseils d’administration des personnalités de tous bords politiques, ainsi que des représentants du personnel, afin de rendre ces procédures définitivement incritiquables. Il faut déconnecter ce processus de nomination du politique et en finir avec les mauvaises pratiques, comme avec ce climat de suspicion qui entoure systématiquement ces nominations. Cela n’a que trop duré et la loi Sarkozy, en la matière, n’est pas digne de notre démocratie.
L’autre piste consisterait à laisser au CSA, dont le mode de désignation des membres devra, lui aussi, être déconnecté du politique, cette prérogative. Pourquoi pas…A vrai dire, tout cela n’est pas encore tranché, même si l’idée reste la même: faire en sorte que le mode de nomination des PDG de chaînes soit, demain, inattaquable.
Au-delà, ce sont les grands équilibres du secteur audiovisuel qu’il va falloir sans doute revoir: Il n’est pas sain que des groupes industriels dépendant, pour partie, des commandes de l’Etat, pèsent d’un poids prédominant. Nous réfléchissons à la mise en place de seuils de concentration.
Une loi, dès lors qu’elle est votée, s’applique : une fois celle Nicolas Sarkozy abrogée, au plus tard à l’automne, si François Hollande est élu, Rémy Pflimlin doit-il quitter ses fonctions?
Ce n’est pas en ces termes là que cela se pose : nous ne sommes pas des coupeurs de têtes. Ce sera au Président de la République et à sa majorité de réfléchir, le moment venu. Il n’y aura pas de chasse aux sorcières.
Vous dites, il faut en finir avec les « vieilles pratiques »… La gauche avec François Mitterrand, n’est pas exempte de reproches en matière d’interventionnisme et de purges dans les rédactions …
C’est oublier qu’elle a, dès 1981, profondément libéralisé le monde des médias. Il y a eu des erreurs, certes, mais combien d’avancées, aussi ! Ainsi de la loi de 1993 de Michel Vauzelle, sur la protection des sources des journalistes, piétinée depuis par la droite. Je suis pour ma part d’une autre génération et je suis convaincu qu’avec François Hollande, c’est une autre page qui s’ouvre.
Vous êtes également favorable à une remise à plat du système d’aide à la presse…
Oui, car elles sont aujourd’hui trop dispersées : un tiers d’entre elles vont à une presse qui n’en a pas vraiment besoin.
Il s’agit de créer un guichet unique avec une politique en la matière, plus ciblée et plus judicieuse, qui contribue au pluralisme de l’information.
janvier 31, 2012
Renaud Revel, décidément….
« Comme s’ils n’avaient pas assez légiférer ». Non: légiféré.
« Depuis plus de 30 ans ». Non: « trente ans » (les durées s’écrivent au long).
« L’intéressant entretien que m’a accordé ». Non: que m’a accordée (c’est une femme).
« Et je ne suis pas sûre ». Non: sûr (cette fois c’est vous, un homme.)
« Les intentions louables de Aurore Filipetti… sera entendue ». Non: seront entendues.
« D’examiner au plus prés ». Non: au plus près.
« Défendre des CA débarrassés de son contingent ». Non: de leur contingent.
« Les vieux routiers d’un PS habitué à jouer ». Non: habitués (le sujet, c’est « les vieux routiers »)
« Une fois pour toute ». Non, une fois pour toutes.
« Du sénat de l’Assemblées » Je suppose: du Sénat et de l’Assemblée.
Etc. Ec.
Tout cela ne sort que du chapô de votre article. J’imagine la suite (mais franchement, je n’en peux plus).
Ce n’est pourtant pas difficile, soit d’apprendre les règles, soit de faire relire et corriger avant publication, non? Et encore ne suis-je pas un pro. Je suppose que j’ai laissé passer maintes erreurs.
Certes, il s’agit de la forme, pas du fond, de votre article. Mais pourquoi la forme, pour un professionnel de l’écriture, serait-elle fautive à ce point, et la forme, pour un professionnel de la réflexion, serait-elle juste? Hein.
Imaginez d’écouter du Mozart (voyez, je flatte) avec une fausse note jouée toutes les trois mesures.