Le canular téléphonique de Gérald Dahan, piégeant le leader du mouvement, Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, est devenu la polémique du jour: débarqué, illico, de Rire et chansons, la station qui l’hébergeait, l’imitateur a rejoint la liste des Guillon, Porte et consorts, une galerie d’humoristes sacrifiés au nom de la bienséance. Recroquevillés sur des principes hérités d’une époque que l’on pensait révolue, les médias occidentaux défendent finalement assez mollement cette liberté d’expression si orgueilleusement revendiquée. C’est ainsi que le plus insignifiant franchissement de ligne jaune se traduit par des sanctions immédiates. On n’ose même pas imaginer ce que Pierre Desproges, (dont la mémoire est pourtant statufiée), endurerait aujourd’hui: son célèbre sketch sur les Juifs, qui faisait se gondoler les Français il y a 30 ans, lui vaudrait d’être embastillé.
L’éviction de Gérard Dahan est une honte à plusieurs titres. Elle témoigne d’abord du peu de courage, – le terme est mal choisi, car en fallait-il pour diffuser ce très banal canular? – des responsables d’une station qui ont eu peur de se mettre à dos un CSA très sourcilleux en cette période de campagne électorale. Libération de ce matin évoque, en effet, et à juste titre, les craintes d’une direction en attente de nouvelles fréquences radios, attribuées par cette instance de régulation. La peur du gendarme: c’est là l’argument massue !
L’autre aspect, tout aussi pitoyable, de cette histoire, tient au groupe NRJ, auquel appartient Rire et Chansons. Entrepreneur volontaire et talentueux, son fondateur et dirigeant, Jean-Paul Baudecroux, est un pur produit de la « révolution » de 1981. Lancée au moment où la gauche décrétait la dérégulation du marché des ondes et l’éclosion des radios dites « libres », NRJ a construit son histoire à coup de boutoirs. C’est Jean-Paul Baudecroux qui fait descendre dans la rue, le 8 décembre 1984, des dizaines de milliers de jeunes en raison de la suspension des émissions de sa station, aux émetteurs trop puissants, par la Haute Autorité de l’époque. Liberté d’entreprendre, liberté d’expression, liberté de choix, liberté, liberté ! Ces cris de l’époque auront raison du pouvoir en place, qui finira par plier. 28 ans plus tard, les slogans de 84 ont rejoint les greniers de l’histoire d’un groupe coté en bourse, sans aucun état d’âme. Et dont Gérald Dahan a pu mesurer le pragmatisme.
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février 23, 2012
La liberté consiste à choisir entre deux esclavages : l’égoïsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est l’homme libre.
Victor Hugo.
L’esclave qui justifie ses chaînes ne mérite pas la liberté. Romain Guilleaumes (Amertumes)
Je n ‘ai jamais eu besoin d ‘internet ni de pseudo médias pour défendre ma liberté d’expression, la réalité se lit de près, l’illusion se regarde de loin.
février 23, 2012
Ce qu’a fait Dahan n’était en fait pas drôle.
En revanche, c’était extrêmement intéressant d’avoir l’avis de Dupont-Aignan, candidat mais surtout au fait de certaines informations, sur des personnalités et sur ses envies.
Dans tous les cas, censurer Dahan pour cela est excessif.
février 23, 2012
Le problème c’est quand même que ça concerne un « humoriste » pas drôle. J’aimerais m’indigner si la qualité était en face de moi, mais l’éviction d’un Dahan avec ses farces de potaches à la portée de n’importe qui ne parvient pas à nous scandaliser. C’est peut-être le piège sur l’affaire Dahan, qui permet de limiter la liberté d’expression sans qu’on en fasse grand cas.
février 27, 2012
arrêtons de palabrer quand ces medias ne raisonnent que par la focale de leur régie pub
je ne suis vraiment pas fan de dahan il ne me fait pas rire du tout mais par principe je le défends