Face à la complexité des règles d’égalité, inapplicables, entre les temps de parole des candidats à la présidentielle, les dirigeants de neufs télévisions et radios (RTL, France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, Europe 1, RMC, BFM Business et BFM TV) ont donc écrit au Conseil Constitutionnel…Cette initiative, qui constitue une première, est en soi un joli coup de boutoir porté contre une réglementation absurde, maintes fois dénoncée ici. Sommés de respecter cette règle chronométrique, les médias audiovisuels ne savent plus à quels saints se vouer pour satisfaire la loi. Cette obligation est d’autant plus inepte que les sites d’information et plus largement Internet, dont on connait la puissance de feu, y échappent, à l’image de la presse écrite.
Il y aurait donc ainsi un paysage médiatique à deux vitesses et des journalistiques politiques à deux niveaux : les uns contraints d’exercer leur métier, le sablier à la main ; et les autres, délivrés de cette obligation. Mais on voit bien que tout cela est en passe de voler en éclat et que les politiques, comme le CSA, n’auront pas d’autres choix que d’abroger sous peu ces règles. Car vouloir réguler ainsi l’exercice journalistique à l’heure de la globalisation de l’information est tout simplement un non-sens.
Se pose au-delà de cette querelle presque préhistorique l’autre question de l’influence, supposée, de la télévision sur une campagne présidentielle. C’est non sans ironie que l’on constate que ce sont les trois candidats les plus critiques à l’égard des médias audiovisuels, – François Bayrou, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon-, qui engrangent, semaine après semaine, dans les sondages. Comme si la progression de chacun dans l’opinion était inversement proportionnelle à leur présence sur les tréteaux : sous-exposés médiatiquement, Le Pen et ses deux poursuivants capitalisent rondement, sans que le petit écran ne déroule de tapis rouge et n’y soit pour quelque chose.
Car on le sait : La télévision n’a jamais fait un président de la République et nombre de carambolages médiatico-politiques, -comme celui d’Edouard Balladur, longtemps favori des sondages en 1995-, en témoignent. Marine Le Pen n’a pas besoin de la télé pour conquérir une large partie de l’opinion. Et François Bayrou a ressuscité politiquement, en dehors du champ télévisuel. Et si Eva Joly sombre, c’est moins en raison de sa faible exposition médiatique, qu’à cause de l’inlassable travail de sape dont elle fait l’objet au sein de son propre camp. Encalminé dans les sondages et bien qu’omniprésent à la télévision, le «candidat présumé » Nicolas Sarkozy patine. Et Dame cathode n’a pas fait de miracles. Quant à François Hollande, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il fait, sur le plan médiatique, une campagne en demi-teinte, sa côte de popularité reste solide et inchangée.
Laissons donc aux seuls journalistes la liberté de choix. Et cessons de croire que la télévision serait le veau d’or de la politique.
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