On l’a dit : depuis le 20 mars, c’est-à-dire cinq semaines avant le scrutin du premier tour de la présidentielle, radios et télévisions sont soumises à la stricte égalité des temps de parole. Or, «une trop longue période d’égalité, expliquait hier, dans Le Monde, le président du CSA, Michel Boyon, est un risque d’appauvrissement du débat politique, ne serait-ce que par la difficulté d’organiser des débats avec dix candidats. Il serait préférable que cette période corresponde à la campagne officielle, qui a une durée de quinze jours. Nous sommes intervenus sans succès auprès du Conseil constitutionnel pour changer les règles. S’il faut en passer par là, modifions la loi« , ajoute t-il.
Tout le monde en convient, journalistes et politiques : le système actuel est à la fois ubuesque et burlesque. Mais le président du Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré, n’en démord pas : que tout le monde se débrouille, pas question de revoir les règles, confie t-il depuis des semaines, en privé. C’est donc dans ce beau climat de confusion et de non-sens absolu que les chaînes vont tenter de « couvrir » la dernière séquence médiatique qui nous sépare du 1er tour de l’élection présidentielle. Et il y aura donc un ou deux débats, organisés sur France 2 et peut-être, sur TF1, qui devraient opposer la totalité les 10 candidats en lice.
Cette contrainte signifie que si un débat entre les candidats est organisé sur une chaîne de télévision, il devrait en principe rassembler l’ensemble des candidats. Mais cette idée se heurte à un dilemme: comment trouver une formule qui soit à la fois démocratique et intelligible. On a beau tourner le problème sous tous les angles, si l’on veut être juste et réaliste, il n’y a qu’une seule solution: un plateau à dix, au cours duquel chaque candidat répondrait successivement aux mêmes questions posées par des journalistes. C’est la formule qui a été à plusieurs reprises utilisée aux Etats-Unis, lors des primaires Démocrates ou Républicaines.
Mais les Etats-Unis ne sont pas la France et Jacques Cheminade ou Philippe Poutou ne sont pas Georges Bush ou Barak Obama ! Sans faire injure à Poutou et Cheminade, on voit mal l’intérêt d’un débat, pour le moins exotique, les opposant à François Hollande ou Nicolas Sarkozy. Lesquels d’ailleurs s’y refuseraient. C’est ainsi que l’idée de scinder l’exercice en deux émissions distinctes, qui verraient 5 premiers candidats, tirés au sort, débattre le 1er jour et les 5 autres, le second jour, fait son chemin. Ce n’est pas la première fois que ce système est utilisé: Il l’avait été lors de la campagne en 2007. Et l’ancienne dirigeante de France 2, Michèle Cotta, n’en garde pas un mauvais souvenir: « Tout le monde avait pu s’exprimer, dit-elle, c’est la démocratie ».
L’argument démocratique est imparable, mais il s’accommode mal d’une réalité politique qui veut que les français attendent de ce scrutin autre chose qu’un tel Barnum médiatique.
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mars 30, 2012
J’adore lire Renaud Revel, c’est un concentré de démagogie, de corporatisme, et son blog recèle quelques pépites tant elles plaident pour l’entre-soi microcosmique et parisianiste.
L’égalité ? Quelle horreur ! Considérer avec respect un candidat qui a recueilli 500 signatures ? Vous n’y pensez pas !
Le summum est atteint avec la conclusion, un modèle du genre décliné dans toutes les rédactions, la prescription d’opinion : « les français attendent… ».
Pas de doute, on est en présence d’un éditocrate pur jus. Si le scrutin est un Barnum médiatique, vous en êtes les clowns, à ceci près que vous ne faites rire personne.
avril 3, 2012
+1
L’égalité, quelle horreur.
Les médias font vomir….
mars 31, 2012
Cet article n’est pas fondé sur des faits exacts. Aux États-Unis ne peut être comparable, notamment pour les débats TV lors des primaires (à droite comme à gauche) où les candidats sont multiples et très « variés ». Mais ce qui remplace les débats repose sur de très coûteuses campagnes publicitaires (en milliards de dollars). Il n’existe aucune règle d’ « équité » médiatique. Seuls les plus riches sont assurés d’avoir accès à la TV et à la radio.
Dans la constitution française, un droit d’égalité (même s’il est discutable) permet à tous les partis et mouvements politiques de se présenter.
mars 31, 2012
« le système actuel est à la fois ubuesque et burlesque »> la faute à qui M Revel, si ce n’est à vous même et de votre corporation, qui refusez le jeu démocratique. S’il y avait un tant soi peu de morale dans cette horde cynique, le CSA ne devrait même pas avoir à intervenir.
On peut se gausser des républiques bananières, nous n’en somme malheureusement pas loin du tout. Voir des chaines passer en boucle la nuit les discours des partis dit « petits », pour conserver à Sarko et Hollande le monopole médiatique. Qui croyez-vous encore berner ? Le peuple n’est plus dupe des petites magouilles du système. Mais ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’une question de temps pour que cela change.
avril 2, 2012
NUL cette façon de détourner le problème!! Plus jamais d’umps!! VIVE MELENCHON !! On attend tous les débats ENTRE candidats, ENTRE opposants. De pire en pire cette dictature télévisuelle imposée aux Français ! Vivement que l’on se réapproprie nos médias et d’urgence ! Mélenchon ou dupont-Aignant vite au secours !!