La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a annoncé une réforme avant début 2013 de la désignation des membres du Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA), qui sera à nouveau chargé de nommer les présidents de l’audiovisuel public.
« On a travaillé à une nouvelle manière de désigner les membres de la future autorité de régulation audiovisuelle, donc d’un nouveau CSA », a-t-elle déclaré sur France Inter.
« Ses membres seront désignés par l’Assemblée nationale et le Sénat, les commissions culturelles » du Parlement, « cela permettra une plus grande indépendance du CSA vis-à-vis du pouvoir exécutif, pour l’intitulé on verra, ce sera un nouveau CSA », a précisé la ministre.
Elle a précisé que cette nouvelle autorité sera chargée de nommer les patrons des entreprises de l’audiovisuel public comme France Télévisions et Radio France, mettant ainsi un terme à leur désignation par le président de la République instaurée par Nicolas Sarkozy.
« Nos concitoyens sont attachés à des procédures transparentes, démocratiques et il y aura donc une réforme très rapide de ce mode de nomination pour que les prochains présidents, ou présidentes d’ailleurs, de l’audiovisuel public puissent être nommés par le CSA », a dit Mme Filippetti. « Le président du CSA voit son mandat s’achever début 2013, comme d’autres membres, tout devra être prêt au moins d’ici là », a-t-elle assuré.
Depuis sa création en 1989, le CSA est composé de neuf membres, nommés pour six ans par décret. Trois, dont le président, sont choisis par le président de la République, trois par celui du Sénat et trois par celui de l’Assemblée nationale.
Voilà pour les propos du ministre, tels que relatés par l’AFP. On détricote donc ce que Nicolas Sarkozy avait institué : à savoir la désignation des patrons de l’audiovisuel public par le chef de l’Etat. L’initiative est à saluer, tant le processus instauré par Nicolas Sarkozy nous renvoyait à une époque giscardo-gaulliste que l’on pensait révolue.
Et c’est donc un CSA new-look, dont les membres auront été désignés par les Commissions des affaires culturelles de deux assemblées, qui aura la charge de nommer les successeurs de Rémy Pflimlin et de Jean-Luc Hees, à la tête de France Télévisions et de Radio-France. Aurélie Filippetti voit dans ce processus de nomination un grand progrès et une marque d’indépendance accrue à l’égard de l’exécutif. Car si jusqu’ici, c’était aux président du Sénat, de l’Assemblée nationale et de la République de désigner les membres de cette instance de régulation, ce sera demain aux députés et sénateurs, membres de ces dites Commissions des Affaires culturelles, que reviendra cette tache.
Permettez-moi d’être dubitatif. Les élections législatives approchant, il y a fort à parier que le Parti Socialiste disposera au Palais Bourbon d’une solide majorité. Déjà omnipotent au Sénat, le PS aura ainsi la haute main sur les deux assemblées. Or confier à ces Commissions, qui sont historiquement tenues et contrôlées par la majorité en place, le soin de désigner des membres d’une instance, même new-look, appelée ensuite à nommer les futurs PDG de France Télévisions et de Radio-France, pose un vrai problème. Car où est le progrès? Quelles sont les garanties d’indépendance vis-à-vis du pouvoir? Et pourquoi confier à des parlementaires, qui auront naturellement une lecture politique du rôle qui leur ait confié, le soin de composer une instance dont les membres devront leurs mandats à une poignée de députés et de sénateurs majoritairement de gauche ?
On en revient inlassablement à la question jamais réglée : celle de l’impossible déconnection des médias audiovisuels du monde politique. La Haute-Autorité de François Mitterrand fut remplacée par la CNCL de Jacques Chirac, laquelle succomba pour se voir substituer par le CSA. Et demain, quoi?
Aurélie Filippetti a beau dire, ces tripatouillages témoignent d’une obsession jamais guérie: permettre au politique de conserver un tant soit peu la main sur un secteur placé sous tutelle. Certes, la méthode est moins brutale, moins grossière, que celle instituée par Nicolas Sarkozy, mais elle est tout aussi maladroite. Il y avait pourtant une solution bien plus simple et qui aurait eu le mérite d’en finir avec ces parties de billards à trois bandes, qui voient les membres de ces instances de régulation, souvent tenus bride courte par les hommes qui les ont nommés, manœuvrer en fonction de ressorts parfois professionnels et souvent plus politiques.
Il suffisait pour cela de confier aux Conseils d’administration des chaînes, où l’Etat serait minoritaire et où les professionnels et la société civile seraient majoritaires, le soin de désigner les PDG en question. Que l’on sache, l’Ordre des avocats comme l’Ordre des médecins ne sont pas l’affaire des politiques! Cela fait plus de 30 ans que l’on se gargarise, à gauche surtout, sur le thème de l’indispensable rupture de ce lien ombilical incestueux qui relie médias et politiques. François Hollande innoverait en réformant profondément ces mœurs. Au lieu de cela, ce sont des commissions Théodule, composées de parlementaires qui n’ont jamais fréquenté une rédaction, jamais visité un plateau de tournage et jamais su ce qu’est une part de marché publicitaire ou ce que veut dire un « point audimat », qui vont avoir la charge de faire le casting d’une nouvelle instance destinée à remplacer celle que la nouvelle ministre de la Culture vient tout juste d’enterrer. Il n’y a pas de quoi se réjouir.
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mai 21, 2012
AH cette gauche bien pensant prenant la FRANCE en otage avec leur pouvoir absolu!!
FAUX CUL et elle nous prend des neu neu!!
l ‘assemblée et le senat à gauche majoritairement et les socialistes vont choisir le nouveau…………CSA
je ris
mai 21, 2012
Un commentaire très juste ! Je crains pour la liberté de la presse . Il y a trop peu de journalistes neutres.
mai 21, 2012
On va laisser voter les français pour les législatives et on jugera après s’il vous plait. Car une fois de plus, vous vous précipitez à commenter une décision qui n’est même pas encore prise dans un projet de loi encore inconnu.
D’autre part, il est faux de dire que la gauche est omnipotente au Sénat.
mai 28, 2012
Indépendance ?? des membres nommés par le Sénat et L’Assemblée si par malheur le PS gagne les législatives ???Elle veut rire non ?? Le PS se contente de défaire tout ce que la droite a fait ??C’est çà leur programme ????..