Cette semaine, le directeur de France Inter et ancien patron de Charlie Hebdo, Philippe Val, disait son besoin vital et son envie pressante de retourner à sa première passion: l’écriture. Comme si l’instantanéité du média radio n’avait rien de comparable à l’adrénaline que procure le bonheur de remplir la page blanche. Le même Philippe Val disait également sa méfiance à l’égard des médias sociaux : cette dictature de l’instant qui voit une cohorte, prise de tachycardie, succomber aux diktats de Tweeter ou de Facebook et à la tyrannie d’un journalisme minimaliste, réduit à sa plus simple expression.
Et voici que dans la foulée du patron d’Inter, une autre figure du Paf, Michel Denisot, cède à son tour aux sirènes de l’écrit et décide de se lancer, la soixantaine passée, dans une ambitieuse aventure de presse: le lancement à l’horizon 2013 d’une version française de Vanity Fair, cet écrin et mausolée de la presse américaine. Et l’animateur du Grand Journal d’expliquer qu’il promet de «l’investigation anti-Tweeter»: du journalisme à l’antienne, au long cours, dense, touffu, ciselé et roboratif.
Il y a quelque chose d’insolite et de jouissif à voir ces deux hommes, immergés dans des médias chauds, (la radio et la télévision), où tout n’est que zapping, revendiquer une sorte de retour aux sources. Comme si à force d’endurer une information en abrégée, délivrée à jets continus sur les médias sociaux par des légions de journalistes, ou supposés, ils aspiraient aujourd’hui à renouer avec l’ADN de ce métier.
Car si Internet a transformé le monde, abolit les frontières et contribué à la libération ou à l’émancipation de bien des peuples, il a plongé l’information, essorée et compactée à l’extrême, dans une course effrénée. Certains ironiseront et qualifieront de pure posture esthétique ce challenge qui consiste à vouloir prendre le contre-pied de son époque : une version française de Vanity Fair, quelle ironie! Et pourquoi pas une version papier de France Culture vendue en kiosque! Mais elle existe, mesdames, messieurs! Et elle mérite même d’être âprement défendue. Au risque d’apparaitre comme un diplodocus.
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septembre 18, 2012
un article sur le net qui parle de Val sans taper dessus !
incroyable !
bravo !
septembre 19, 2012
ancienne
c’est mieux