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Les journalistes, à l’image des militants de l’UMP et d’une large frange de l’opinion, seraient-ils nostalgiques de Nicolas Sarkozy? Et la presse, autrefois à la remorque de celui qui la nourrissait, regretterait-elle déjà l’époque qui voyait le candidat à l’élection, présidentielle, puis le locataire de l’Elysée, alimenter la chronique et faire ses fins de mois ?

En l’espace de quelques semaines, Le Point, L’Express, Le Monde ou encore le Figaro Magazine, ont consacré leurs couvertures à celui qui aura largement usé, toute la durée de son quinquennat, du storytelling : cette mise en scène permanente de l’action politique, replacée dans son écrin médiatique.

Jamais les ventes de la presse, notamment magazine, n’auront atteint de tels pics quand Nicolas Sarkozy alimentait la chronique et ce dès le printemps 2007, date du show Bruni-Sarkozy à Disneyland. Pensé, construit, calibré, scandé, comme un feuilleton quotidien, le cheminement de l’hyper-président aura tenu sans discontinuer les médias en haleine. Vie privée, vie publique: partisan du mélange des genres, Nicolas Sarkozy restera celui qui aura théorisé la transparence, et qui aura instrumentalisé, comme personne avant lui à l’Elysée, son intimité à des fins politiques et médiatiques. Et il aura suffit d’une vague rumeur faisant état d’un très hypothétique retour de Nicolas Sarkozy en politique pour que la machine médiatique s’emballe et que la presse retrouve des couleurs: l’effet Sarko.

Car l’arrivée de François Hollande aux affaires s’est traduite par une douche froide pour la presse. La République a soudainement changé et de ton et de style : vous étiez sur TF1 et devant Secret Story, chaque jour avec un Nicolas Sarkozy placé sous Guronsan? Vous êtes, aujourd’hui avec François Hollande, sur France 3 Auvergne et ses documentaires de fin de soirée ! A présidence « normale », médiatisation à minima: encalminé dans les sondages, le nouveau locataire de l’Elysée (qui avait une côte de sympathie très importante auprès des journalistes, avant et durant la campagne présidentielle), ne fait pas vendre de papier. Sauf quand la presse, inquiète à la lecture de ses chiffres de vente en kiosque, décide de durcir le trait et de radicaliser son discours. Marianne, Le Point, L’Express…Tous ont vu leurs chiffres décoller quand François Hollande a commencé à se faire étriller.

Ironie de l’histoire et confirmation que les français auront sans doute apprécié le « soap opéra » de la présidence Sarkozy: c’est avec les tribulations extrapolitiques de Valérie Trierweiler que la presse a fait son beurre.  Comme si les sautes d’humeur et les déclarations de la Première dame suffisaient pour pimenter de nouveau la vie à l’Elysée. La France, qui s’était habituée au feuilleton Cécilia, puis Carla, Sarkozy, serait-elle en manque ? Et notre beau pays, le théâtre d’un immense sitcom ?