Un PDG sur le fil du rasoir….Concernant celui de France Télévisions, Rémy Pflimlin, l’image, récurrente, n’a rien de très originale. Mais à quelques jours de la signature, avec l’Etat, du Contrat d’Objectifs et de Moyens de France Télés, la feuille de route de cette maison pour les prochaines années, celle-ci prend une saveur toute particulière.
Mercredi dernier, ce patron, courbaturé par un mandat en forme de chemin de croix, s’en est allé à l’Elysée, où il a rencontré son officier traitant, David Kessler. Et ce conseiller de François Hollande a longuement écouté celui qui tente depuis quelques mois de ne pas tomber dans les chausse-trappes d’un pouvoir socialiste qui va le mettre à la diète.
Car ce fameux « Com » sera un « Com » de crise, un « Com » du pauvre! Déjà lourdement déficitaire, -à hauteur de 42 millions d’euros et bientôt 100 millions, compte tenu de la dégradation du marché publicitaire-, France Télévisions ne doit pas s’attendre à ce qu’on lui déroule le tapis rouge. Les incantations d’Aurélie Filippetti, qui implore périodiquement Rémy Pflimlin de faire pousser en grappes, sur ses chaînes, des émissions culturelles aux audiences confidentielles, conjuguées aux pressions des guichetiers de Bercy, qui exigent des économies draconiennes, font peser sur cette entreprise un climat de citadelle assiégée.
Rien ne semble bouger dans les étages de cette bâtisse groggy, dont les barons se marquent à la culotte et où on attend avec perplexité ce document en forme de bible, qui bornera les années futures. Et crucifiera une entreprise condamnée à l’austérité et aux sacrifices.
En attendant le passage du facteur, Rémy Pflimlin semble vouloir gagner du temps. Face à un actionnaire hésitant, qui semble jouer la montre, – ou le pourrissement ?-, sans véritable stratégie d’entreprise pour un groupe laissé en déshérence, le PDG de France Télés pose, ici et là, des rustines. Et il donne quelques gages. Face aux remontrances de l’Elysée et du ministère de la Culture et de la Communication, qui lui reprochent, notamment, une organisation caporaliste, – un PDG sur son Aventin et pas moins de 17 directions et directeurs, alignés en râteau sous ses ordres-, Rémy Pflimlin semble tenté par une réorganisation profonde. Nommera-t-il un numéro 2, comme on lui demande instamment, et à l’image de l’ensemble des chaînes du Paf, où c’est en général le cas? Cela semble d’autant plus inéluctable que diriger seul une telle usine à gaz devient une folie. Des têtes devraient tomber également, sacrifiées pour l’exemple. On évoque ainsi les départs de la papesse des programmes du groupe, Emmanuelle Guilbart, ainsi que de celui d’Yves Rolland, « le » conseiller de Rémy Pflimlin et ancien membre de cabinet d’Alain Juppé, à Matignon.
Mais reste le sujet tabou, jamais évoqué, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, -où l’on fait l’autruche-, et pourtant central: l’imposante masse salariale. Lors du dernier Conseil d’administration de France Télévisions, fin décembre, certains de ses membres avaient pointé du doigt une « masse salariale pas tenue » : un euphémisme pour une maison dotée d’un embonpoint inquiétant, mais pour laquelle aucune véritable cure d’amaigrissement, au sens drastique du terme, n’est prévue. Quand l’Espagne et l’Angleterre n’ont pas eu d’autres choix que de prendre courageusement cette question à bras-le-corps, il y a de cela des années. Qui sait aujourd’hui, par exemple, qu’avec des effectifs en surcharge pondérale, pléthoriques même, et ultra-protégés, pour des raisons essentiellement politiques, les antennes de RFO, Outre-mer, font des audiences plus que médiocres ? Quand ce n’est pas une petite télé locale, grande comme une Superette, qui leur dame le pion !
Rien ne sert d’en rajouter : Indésirable, mais pour l’heure incontournable et indétrônable, Captain Pflimlin a choisit de tenir, vaille que vaille, en son bunker, sans grande visibilité. Avec pour seul cap à l’horizon, une faille budgétaire en forme d’abime…
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janvier 22, 2013
Les antennes Outre-Mer se portent très bien en audience ! Mais qu’est-ce que vous racontez ? Hormis à la Réunion et dans un autre département (je ne sais plus lequel) où le leadership est disputé, toutes les Outre-Mer 1ère sont leaders avec une marge souvent colossale sur leurs challengers.
Quant au reste, Pflimlin est bien plus habitué aux tâches difficiles que vous ne le pensez (France Télé est même moins difficile que Presstalis où il a officié). Il réussira à réformer un groupe dont vous semblez sous-estimer les capacités. France Télévisions bouge bien plus que vous ne le pensez. Votre scénario noir est irraisonné.
« Et cruciefiera… » …Non mais n’importe quoi ! Surveillez aussi votre vocabulaire !
janvier 23, 2013
Beaucoup d’inexactitudes dans cette dernière phrase. Déjà RFO n’existe plus depuis bien longtemps. L’appellation est depuis bientôt 3 ans Outremer 1ere. Les audiences Outre-mer sont très bonnes et Outremer 1ere est leader presque partout. Après il reste la question de France Ô , en métropole donc, et non pas Outremer, qui elle se rétame complètement.
janvier 23, 2013
il manque un élément essentiel à votre analyse de la situation de Pfimlin: l’échec total des négociations sur la nouvelle convention collective (l’ancienne ayant été mise à bas par la loi Sarkozy).
Depuis le 1er janvier les salariés (et la Direction) ne savent plus sous quels statuts ils travaillent, sont payés, ou quel temps de travail leur est imparti.
Un énorme imbroglio juridico-social qui risque de bientôt exploser.
Il est intéressant de noter que les autres société de l’Audio-visuel Public (INA, Radio France) ont signé des accords de prolongation de négociation jusqu’au 30 juin 2013.
Pourquoi FTV (qui devait en plus absorber 5 sociétés différentes) arrive t’elle à une rupture dues négos?
ce n’est pas brillant ni pour la direction, ni pour le gouvernement socialiste.
janvier 23, 2013
Vous aurez identifié les faux nez des 3 réactions qui précèdent.
Dans l’ordre d’apparition à l’écran:
1 / Un proche de Pflimlin
2 / Un ultramarin vieille école de RFO
3/ Un syndicaliste maison
janvier 23, 2013
@mdr : Et « mdr » un proche de Revel ?
Vous tirez les réactions vers le haut à ce que je vois…
janvier 24, 2013
@Hermès : je décrypte pour les non initiés. Et j’essaye de voir les choses avec une forme de recul et d’humour, parce qu’il faut se dépêcher de rire de tout, de peur d’avoir à en pleurer.
Car ce qui se passe à FTV est proprement navrant. Vous qui êtes le messager des dieux, dites leur…
(Et contrairement à vous, je ne roule pour personne)
janvier 24, 2013
@mdr : Analyser les choses avec recul, c’est voir ce qui ne va pas mais aussi souligner ce qui fonctionne. Cela s’appelle l’honnêteté.
Il y a des choses navrantes à France Télévisions mais quand un billet est à ce point à sens unique avec en plus des erreurs (les audiences en outre-mer par exemple), ça donne envie de rééquilibrer les choses quitte à être à sens unique à son tour.
janvier 23, 2013
Excellente analyse mdr ☺très juste
janvier 23, 2013
@Axeljudi : Les trois premières analyses ont le mérite de développer du contenu, ce qui n’est pas le cas des deux autres qui les suivent.