Elle s’est présentée vendredi sur le plateau du Grand Journal, après que Michel Denisot l’ait annoncé à grands roulements de cymbales. On devinait, en tapinois, dans les soubassements de ce plateau de télés une épidémie de rires nerveux. De ses doigts durillonnés, la « twittosphère » s’apprêtait à faire l’exégèse de ses fautes de syntaxe et à exécuter cet animal de fête foraine que l’on nous jetait en pâture.
Nabila débarquait et la partie de ball-trap pouvait démarrer. Notre regard -ou ciseau- découpa la silhouette sculpturale de celle qui descendit l’escalier qui menait à un tabouret, où elle posa son séant. D’une perfection conne, Nabila allait ouvrir enfin la bouche et braver, à n’en point douter, héroïquement, le ridicule. On la trouverait très vite indigne d’être interrogée. On en ferait ensuite du petit bois. Et la messe serait dite.
Mais d’un revers de phrase, la demoiselle balaya tout. Le public, les journalistes présents sur le plateau, les procureurs du net, en carafe face à leurs claviers et la meute, qui mendiait un faux-pas, une glissade, une réflexion, à la hauteur du programme, insigne, de télé dont elle a fait le succès sur NRJ 12, – Les anges de la télé-réalité. Mademoiselle Nabila parlait et racontait sa petite histoire. Et chacun sur le plateau de Denisot, devenu sien, se momifia.
Non seulement, la jeune femme aligna un peu plus que trois syllabes et dans le bon ordre, mais elle se dévoila sous un jour inattendu: aucunement dupe du « buzz » qu’elle avait déclenché en une seule tirade, qui a fait le tour et les joies d’Internet, cette gamine de 20 ans nous a donné une jolie leçon. De celles dont le net est parfois capable, quand il joue les arrosé-arroseur et nous prend à revers ou contre-pied.
Nabila a tout compris. C’est même à se demander si cette jeune femme n’avait pas prémédité son coup, en dégoupillant son « Allo…», dont elle revendique aujourd’hui la paternité, puisque l’ayant déposé à l’Institut nationale de la propriété intellectuelle. Un génie. Elle nous aurait évoqué le prochain livre de Houellebecq qu’on n’en fut pas plus étonné. Après qu’elle ait décliné l’ensemble des marques avec lesquelles elle a signé pour des campagnes de pub à venir.
Sa petite visite effectuée et sa PME sur les rails, elle se retira du plateau sur la pointe des escarpins. Avec dans son sillage, un joli parfum d’entourloupe et de casse réussi.
La veille de son passage sur le plateau de Canal+, j’avais joint son attachée de presse, – car elle en a une-, afin de vérifier le nombre de chaînes de télés et de radio qu’elle avait à son programme. « Une seule, Canal+ », me répondit-on. Et combien d’interviews dans la presse? « Une seule également et réservée au Parisien ». C’est ce qui s’appelle une commutation à minima et maitrisée.
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avril 16, 2013
« après qu’elle a » et non « après qu’elle ait ».
sinon, bravo pour elle et ses trois phrases dans le bon ordre, et bravo à vous de les avoir notées !
mai 12, 2013
@bastien : Merci pour ce rappel sur l’indicatif qui s’impose lors de l’emploi de l’expression « après que ». Le journalisme a un niveau de français bien en deçà de celui du passé.
avril 16, 2013
Cela s’appelle être subjugué… ! Comme c’est mignon ! Pauvre Express et pauvre Grand journal !