Qu’est-ce-qui pêche dans la communication présidentielle? Et comment endiguer cette baisse dans les sondages, que rien ne semble vouloir stopper? Il faudrait à François Hollande bien plus qu’une épuisette pour rattraper au vol ces indices de confiance qui s’évident sous ses yeux, emportés par les flots d’une impopularité jamais vue sous la Cinquième République.
C’est sans doute pour se faire une opinion plus précise sur la question que le chef de l’Etat a reçu samedi à l’Elysée une cinquantaine de blogueurs, homologués par son cabinet, qui ont accompagné sa campagne au printemps 2007.
Face à un auditoire attentif, mais sans concessions, François Hollande a tenté d’expliquer toute la difficulté de sa tache dans un environnement économique éminemment complexe. Comment redresser dès lors la barre et faire en sorte que le message passe mieux chez des français rivés aux indicateurs du chômage et d’une croissance en berne? Hollande, qui s’était largement appuyé sur les médias sociaux, afin de capter l’adhésion d’une partie de l’électorat en 2007, s’aperçoit, semaine après semaine, et sondages en berne à l’appui, que l’expression classique ne suffit plus: son récent passage sur le plateau de David Pujadas, sur France 2, a eu, non seulement, aucun effet sur l’opinion, mais il a précipité sa cote de popularité dans le ravin.
Le chef de l’Etat, qui n’ose plus s’aventurer en Province, par crainte d’essuyer la colère d’ouvriers en détresse ou les insultes de militants, enragés, opposés au « Mariage pour tous », vit reclus dans son bureau entouré d’une poignée de «spin doctors» à la fidélité canine, mais désarmés.
La solution à cette crise de confiance passe-t-elle par le Net et les écrits d’une poignée d’éditorialistes numériques? On peut toujours rêver. Et gadgétiser la politique à l’infini, en s’inspirant d’un Barak Obama. Même si ce dernier, contrairement à une idée reçue, n’a jamais gagné ses deux mandats grâce aux médias sociaux, mais en déversant une pluie hallucinante, diluvienne, de dollars sur les principaux networks américains.
La France «d’en bas» se contrefiche de Twitter et de la « blogosphère» et celle « d’en haut » s’est faite une opinion définitive sur le locataire de l’Elysée. J’entendais ce matin, sur Europe 1, l’excellent Guy Birenbaum considérer que la société de l’information avait fait un grand pas avec cette initiative élyséenne. Et qu’une interview du chef de l’Etat par quelques blogueurs dûment patentés serait une innovation. J’ai souri dans ma salle de bain: comme si la question du chômage pouvait s’articuler différemment, selon qu’on est Guy Birenbaum, sur Twitter, ou Alain Duhamel, sur RTL. Comme si les réponses à cette crise, qui secoue et déchire notre société toute entière, se trouvait dans les questions d’une brochette d’internautes planqués derrière leurs claviers. Comme si changer de vecteur, – passer de la FM et de la cathode au numérique- suffisait à faire basculer un discours et une politique.
Soyons franc : il est finalement assez pathétique de voir un Président de la République en capilotade réduit à consulter la « twittosphère » pour savoir de quoi l’avenir sera fait.
En son temps, me direz-vous, François Mitterrand fréquenta la voyante Elisabeth Tessier à qui il présenta les lignes de sa main avant de s’en aller, -dit-on-, visiter les lignes de son corps. En son temps, le même Mitterrand, à qui le Dalaï Lama venait de remettre une étole sacrée, chuchota à l’oreille d’Hubert Védrine, qui l’accompagnait: «Pourvu que ça marche !».
Aujourd’hui c’est dans le marc de café d’Internet que notre chef à tous s’en va guetter l’avenir. Et ça fout la trouille.
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