Après Dominique Strauss-Kahn, Jérôme Cahuzac a choisi de recourir à la confession télévisée pour tenter de réhabiliter son image, une communication « à l’américaine » qui laisse des politologues sceptiques.
« Inhabituelle en France, ce type de confession relève aux Etats-Unis d’une culture profondément religieuse », explique à l’AFP l’historien André Kaspi, spécialiste de l’Amérique du Nord, citant l’exemple de la confession de Bill Clinton dans l’affaire Lewinsky.
« Dans les églises protestantes, on se confesse en public alors que chez les catholiques, on le fait dans un confessionnal. On pourrait parler à cet égard d’une protestantisation de la société française », dit-il en exprimant son scepticisme sur l’impact de la confession télévisée de l’ex ministre sur l’opinion.
« On voit très bien ici la patte d’une communication à l’américaine où la flagellation, la demande de pardon servent à reconquérir l’opinion », approuve Marie d’Ouince, consultante en communication, pour qui le fait de « crever l’abcès peut être libératoire ».
« Ce qui a déclenché cela, c’est l’affaire DSK qui a débuté aux USA. En s’exprimant, l’ancien patron du FMI savait qu’il serait écouté dans le monde entier ce qui l’a poussé vers une confession à l’américaine. Et, ce n’est pas un hasard si la jurisprudence DSK est reprise aujourd’hui par Jérôme Cahuzac, les deux hommes ayant les mêmes communicants », constate Arnaud Mercier, professeur en science de l’information. « Mais, ajoute-t-il, je ne pense pas que cela va devenir une habitude, que tous les hommes politiques dans la tourmente réagiront de même ».
« Ces confessions publiques me laissent sceptiques », dit Dominique Wolton, directeur de l’Institut des sciences de la communication au CNRS. « Elles ont deux inconvénients: cela transforme le public en tribunal et les journalistes en justiciers, c’est le voyeurisme qui l’emporte. Ensuite, tous les commentaires dénoncent une opération de comm’. Qu’il ait parlé ou pas, le dénigrement reste le même, comme ce qui s’est passé avec DSK », dit-il en critiquant « la pipolisation de l’information, sous l’effet de la concurrence, du poids de la télévision.
Pour Frédéric Houssay, conseiller en communication, la confession de Jérôme Cahuzac est contreproductive vis-à-vis des cibles qu’il voulait atteindre, « l’opinion publique, les juges et le microcosme politique et médiatique ».
Selon lui, il y a un décalage entre l’objectif de « vérité, de sincérité et d’humilité » affiché par Jérôme Cahuzac et « la nature de son intervention et le choix du média TV ».
« S’il avait annoncé qu’il renonçait à son siège de député sur son blog, c’eut été considéré comme sobre et digne, il aurait ensuite dû laisser passer du temps pour que sa parole reprenne du crédit avant de s’exprimer sur une radio, média plus intime qui l’aurait humanisé », analyse-t-il
« Quand on a une communication aussi calibrée avec un orateur aussi brillant…ou est la crédibilité? », demande-t-il en établissant un parallèle entre la perfection du mea culpa de Jérôme Cahuzac et celle de son message à l’Assemblée lorsqu’il niait détenir un compte en Suisse. C’est un peu le canada dry de la confession, comme dans la télé réalité où tout est trop parfait », lâche-t-il.
Pour Dominique Wolton en revanche, « on n’a pas le droit de disqualifier » Jérôme Cahuzac en réduisant son intervention à « de la comm ». « Oui, il y avait de la sincérité », approuve Marie d’Ouince pour qui l’ancien ministre est plus « dans la confusion » que dans la communication. (AFP)
avril 18, 2013
Le résultat de cette triste affaire est que à simplement penser aux hommes politiques, de gauche comme de droite, me vient une vraie envie de vomir.
La chose qui m’ennuie le plus est de devoir payer mes impots pour engraisser ces pourris !