« Complaisante »: c’est le verdict du CSA, après que le supposé proxénète Dodo La Saumure avait été interviewé sur le plateau de ce Soir ou jamais le 11 décembre dernier. Celui qui vient d’être condamné à 5 ans de prison avec sursis en Belgique pour « direction d’organisation criminelle » était alors l’invité du journaliste de France 2, Frédérique Taddeï, à la surprise et à l’agacement des membres du CSA, lequel a adressé une lettre au président de France Télévisions, Rémy Pflimlin. Taddeï n’aurait donc pas fait son job et tisonné comme il le faut le compagnon de chambrée de DSK. En lieu et place du présentateur de cette émission, le collège présidé par Olivier Schrameck, où ne siègent pas moins de quatre journalistes, a estimé que le ton n’était pas le bon et la garde à vue de Dodo la Saumure un peu laxiste. Bref, que Taddeï aurait fait preuve, ce jour-là, d’une complaisance coupable à l’égard d’un homme qui aurait du mérité un tout autre traitement.
Ce n’est pas la première fois que cette institution s’immisce là où elle n’a pas vocation à intervenir. Et ce n’est pas la première fois que nous le regrettons.
Par le reflexe mécanique et devenu seconde nature, d’intervenir à tout bout de champ, ce collège prend une pente glissante. On imagine la scène d’ici: l’un de ces membres du CSA est affalé sur son canapé. Tombe vers 22 heures l’émission de Taddéï. Et avec elle, sur le plateau, le prestataire lillois de DSK. Démarre l’interview et notre conseiller de trépigner face à son téléviseur. Le lendemain, il rameute ses collègues. Visionnage général. Puis tombe la sentence : Taddéï était absent,en lévitation, marabouté, KO debout face à Dodo…Qui a en vu d’autres. Qui traine depuis un quart de siècle dans les casinos du mauvais goût. Qui n’hésite pas à aller chercher des jetons sous la table pour embourber le premier journaleux venu. Et qui, à force de se faire décaver, a appris à nous refourguer les cartes les plus biseautées de son jeu pour nous enfumer.
Un gamin, donc, le Taddeï! Pas au niveau. Pour un peu, on lui mettrait une oreillette, directement relié au CSA, et on lui serinerait quelques questions, des vraies. En dévotion confite, la marionnette ferait alors le perroquet et s’en trouverait immédiatement plus intelligent à l’antenne.
Et Dodo marinerait aujourd’hui dans sa Saumure.
Il y a de quoi se marrer. A quand une lettre à Pujadas ou Delahousse, après qu’ils aient interviewé telle ou telle personnalité? Quid de l’indépendance et de la liberté de choix, de conduite et de pensée, des animateurs et des journalistes de France Télévisions ou d’ailleurs? Il n’est pas dans les prérogatives du CSA d’intervenir sur la manière dont sont conduits les entretiens. Tout comme, il n’est pas dans les attributions de cette instance, qui n’est pas un Conseil de l’Ordre de la profession, d’interférer dans ce qui relève de la seule responsabilité journalistique.
L’inverse relève tout simplement d’un interventionnisme tatillon, anachronique et inacceptable.
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avril 18, 2013
Concordance des temps: « après que le supposé proxénète Dodo La Saumure avait été interviewé ». C’est au programmed de la classe de CM2.
avril 18, 2013
Il semblerait que ce brave Taddéi paie tardivement sa récente insoumission à la « Liste noire » du bon docteur Cohen, concernant les invités qu’il aurait du étouffer médiatiquement « ..au lieu de leur accorder une tribune médiatique.. », c’est à dire l’autorisation de s’exprimer quelque soit leur point de vu… Au passage, s’il s’agissait réellement du motif invoqué, effectivement Pujadas, delahouse et quelques dizaines d’autres « journalistes et assimilés » risqueraient de devoir se reconvertir au plus vite.. Un article honnête, pertinent et plein de sens sur l’évolution actuelle du paysage médiatique français..