Quelle mouche a donc piqué le PDG de TF1, Nonce Paolini, pour tirer à boules rouges sur son homologue de M6, Nicolas de Tavernost, dans les colonnes du Figaro? Accusée de brader ses écrans de pub et de déréguler le marché publicitaire, M6 se voit raboter au rang d’une chaîne de la TNT par un Paolini remonté comme une pendule. Ce coup de grisou du patron de « La Une » a d’autant plus surpris le landernau que ce dernier nous avait plutôt habitué jusqu’ici à des propos ourlés et à une langue trempée dans de l’amidon. Et voilà qu’à l’image de son très abrasif prédécesseur, Patrick Le Lay, le chanoine du Paf passe à la sulfateuse un Tavernost plaqué au mur.
La meilleure défense, c’est l’attaque: C’est ce qu’a sans doute pensé le PDG de TF1, dont les résultats financiers sont en berne. Oubliée la conjoncture économique, qui maltraite l’ensemble du secteur des médias, oubliés, également, les rabais consentis par la régie publicitaire de cette chaîne, – qui a, elle aussi, bradé ses tarifs comme jamais-, oublié, enfin, un début d’année 2012 difficile sur le plan des programmes, avec une érosion de son audience endiguée depuis. Car si TF1 a redressé depuis le torse, la zone de turbulences qu’elle a traversée, conjuguée à une crise conjoncturelle majeure, l’ont durement pénalisé.
M6 fait ainsi un joli bouc-émissaire. Hasard du calendrier, la salve de TF1 tombe le jour où sa concurrente publie ses résultats trimestriels, lesquels sont meilleurs. Puisque aux 12% de chute de recettes de « La Une », M6 oppose un recul de 4% sur la même période. Libre à « La 6 » de pratiquer la politique tarifaire de son choix. Et libre à TF1 de s’aligner ou non sur les tarifs de sa voisine. Incontestable leader de la télévision généraliste en France, la chaîne de Nonce Paolini n’est pas obligée de subir le diktat de sa concurrente. C’est la loi du marché qui décide. Et c’est au leader de fixer le tempo.
En fait, tout cela relève de quelques effets de manche destinés à amuser la galerie et à distraire l’attention du marché. Une culture propre à TF1. Retenez-moi, sinon je vais tout casser! Patrick Le Lay, en son temps, fit de ces sorties de bulldozer, à l’emporte-pièce, un mode de communication récurrent. C’est la culture du rapport de force et de la castagne. Toutes choses qui laissent de marbre Nicolas de Tavernost : installé depuis plus de vingt ans à la tête de M6, ce patron de chaîne en a entendu d’autres…Et pas sure que le marché publicitaire tombe dans ce panneau.
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